C’est un président de la CEI visiblement à son aise qui s’est prêté aux questions de ses interlocuteurs, dont certains ont rapporté les préoccupations aussi bien des acteurs politiques que de simples citoyens. Le confrère Alafé Wakili a par exemple interpellé le président de la CEI sur les critiques portées par Tidjane Thiam relativement au faible taux d’inscrit sur la liste électorale. Pour rappel, le président du PDCI-RDA a déploré qu’il n’y ait que 8 millions d’inscrits sur la liste électorale alors que, selon lui, les stands internationaux recommandent que soit inscrite 40% de la population ivoirienne, qui d’environ 30 millions, soit autour de 12 millions de personnes.
A propos des critiques du président du PDCI-RDA
Invité à se prononcer sur cette critique de Tidjane Thiam, Coulibaly-Kuibiert a commencé par dire que l’analyse ne doit pas se faire sur la base des 30 millions d’habitants, car tous ne sont pas Ivoiriens encore moins électeurs. « Je réponds que le référentiel ne doit pas être 30 millions de personnes. En le faisant, ce n’est pas juste. Le dernier recensement établit que nous sommes autour de 29 millions. Il s’agit de 29 millions d’habitants. Tous les habitants ne sont pas des Ivoiriens et tous les Ivoiriens ne sont pas électeurs. Donc il faut sortir de ces 29 millions, des nationaux et ensuite les potentiels électeurs », a d’entrée souligné le président de la CEI. Et Coulibaly-Kuibiert de poursuivre : « Selon le dernier recensement, il y a 22 millions 500 mille Ivoiriens et sur les 22 millions 500 mille, il y a 12 millions 600 mille électeurs potentiels. Sur les 12 millions 600 mille, il y 8 millions qui sont sur la liste électorale. L’analyse doit se faire à partir des 12 millions et non des 30 millions. Et donc, à l’heure actuelle, nous sommes à 64% d’inscrits sur la liste électorale. On a dépassé le standard international. C’est déjà pas mal même s’il y a des efforts encore à faire ». A travers ces explications, le président de la CEI montre que l’ingénieur Tidjane Thiam s’est manifeste[1]ment mépris sur les chiffres et partant son analyse est fausse, en conséquence sa critique contre la population électorale est infondée. Au-delà de la population électorale, c’est la crédibilité de la CEI elle-même qui était au cœur du débat. Se faisant l’écho des préoccupations d’une frange de la population, les interlocuteurs du président de la CEI l’ont interpellé sur cette suspicion qui lui colle à cet organe électoral. Un brin agacé par cette suspicion qu’entretient une certaine opinion quant à la crédibilité de l’organe électoral, Coulibaly Kuibiert s’est employé à montrer que les textes et le fonctionnement même de la CEI constituent des garde-fous qui en assurent la crédibilité.
A propos de la crédibilité de la CEI
« Quand vous rentrez à la commission électorale, vous êtes régi par le code électoral. Vous ne faites pas les choses comme bon vous semble. Vous croyez que tous ceux qui sont entrés à la commission électorale ont pu être circonvenus par mes soins ? », a-t-il d’abord souligné. Et de renchérir : « A la CEI, les décisions sont prises par un collège de commissaires. Nous sommes 18. Je suis commissaire avant d’être président. Pourquoi voulez-vous que ce soit moi qui prenne seul la décision ? Ça ne se fera pas ». Se voulant pédagogue, il s’est montré plus explicite en ajoutant : « Nous faisons tout pour conférer à la commission électorale toute sa crédibilité dans l’exécution de sa tâche. Voilà pourquoi un membre de la commission électorale prête serment ; bénéficie du principe d’inamovibilité c’est-à-dire qu’on ne peut suspendre sa participation jusqu’à la fin de son mandat ; il bénéficie de l’irresponsabilité c’est-à-dire qu’on ne peut pas le poursuivre pour ses opinions pendant qu’il est en fonction. On ne peut pas le poursuivre même pour des faits qu’il a commis avant, pendant qu’il est encore membre de la commission électorale. Tout cela pour garantir la transparence ». Il a, par ailleurs, indiqué que les décisions prises par la CEI sont susceptibles de recours devant les juridictions compétentes, pour bien souligner qu’elle ne peut faire ce qu’elle veut au mépris de toutes ces dispositions encadrant son fonctionnement. « Généralement, on dit des choses qui ne sont pas vraies et quand on arrive à la commission électorale, on les découvre et on se rend compte que la commission électorale est encadrée par des dispositions légales et ce faisant, on baisse pavillon. C’est ce qui laisse croire qu’ils (les représentants des partis politiques, NDLR) sont circonvenus par nos soins », a conclu sur le sujet le président de la CEI, visiblement dans son élément
Assane Niada