On l’a dit et répété. Absent du pays pendant près de 25 ans pendant lesquels les paradigmes de la politique ivoirienne ont évolué, Tidjane Thiam aura des difficultés à imprimer sa marque au sein du plus vieux parti de Côte d’Ivoire comme l’a fait le Sphinx de Daoukro. L’on dira peut-être que c’est une équipe qui gère le parti et non un individu, mais l’approche monarchique est inscrite dans l’ADN du PDCI RDA au point où à qui échoit la présidence du parti est considéré comme un souverain. C’est comme ça Houphouët Boigny l’a été ensuite Henri Konan Bédié. Ceci est la conséquence de l’encrage sociologique de ce parti.
Or Thiam est trop occidentalisé pour porter cette couronne de chef à qui l’on doit annoncer toutes les funérailles, proches ou lointaines, et qui à son tour doit délier la bourse. Il est vrai qu’il est petit fils de Félix Houphouët Boigny et ceci pour certains, pourraient jouer dans l’adhésion naturelle des Akan, surtout du peuple Baoulé, base militante du PDCI RDA. Mais il ne faut pas se méprendre. Ils ont certes des affinités familiales, mais Tidjane Thiam est très loin d’être Félix Houphouët Boigny au point de susciter l’adhésion naturelle des Baoulé à la cause du PDCI RDA. Même pour Henri Konan Bédié qui a été le légataire testamentaire de Houphouët Boigny, ça n’a pas été une sinécure encore moins pour l’ancien patron du Crédit suisse. Plus grave, Tidjane Thiam prend la tête du PDCI RDA dans une période où tous les baroudeurs qui ont été les bras séculiers de Bédié sont aujourd’hui au RHDP.
De fait tous les anciens bastions naturels du PDCI RDA ont aujourd’hui une autre coloration politique. Jeannot Ahoussou Kouadio, Amédé Kouakou, Assahoré Konan Jacques sont désormais incontournables dans le Grand centre. Dans le Sud, Aka Aouélé a bétonné sa zone. A l’Est, Achi Patrick et Kobenan Adjoumani ont érigé un rempart atour du RHDP. Or depuis plus de deux décennies, le PDCI est inexistant au Nord et réduit à sa plus simple expression à l’Ouest. Dans une telle configuration, quelle sera la marge de manœuvre pour Tidjane Thiam pour imprimer sa marque au parti ? Autant dire que l’héritage laissé par Henri Konan Bédié est trop lourd pour les frêles épaules politiques de l’ancien Directeur général du BNETD
Kra Bernard
