Éditos

Le PDCI-RDA à l'épreuve de ses propres turpitudes

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Il y a un principe général du droit qui dit que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. En d'autres termes, nul ne peut réclamer justice ou se rendre victime si le dommage qu'il subit est le produit de ses actions menées illicitement ou illégalement ou de sa négligence. C'est en ces termes que l'on peut résumer ce qui se passe au sein du doyen des partis politiques en Côte d'Ivoire, depuis l'avènement de Tidjane Thiam à la tête de cette formation.

Aujourd'hui, l'on peut déduire sans aucun risque de se tromper, que le parti fondé par Félix Houphouët-Boigny est devenu un parti quelconque où la violation des textes et autres comportements ringards se conjuguent à tous les temps et à toutes les personnes. Ce week-end, l'opinion a été abasourdie par un combat de chiffonniers entre deux hauts cadres de cette formation. En effet, un député et un candidat malheureux aux dernières élections municipales, se sont battus comme des badauds dans une cour de récréation lors d'une réunion de préparatifs des obsèques de feu Henri Konan Bédié. Là où l'on dit qu'on ne se bat pas au chevet d'une mère malade, ces deux cadres n'ont pas pu maîtriser leurs nerfs et se sont battus au chevet de la dépouille de leur père. Comme on le dit de façon très triviale en Côte d'Ivoire, on peut affirmer qu'aujourd'hui, au PDC- RDA, depuis l'avènement de Tidjane Thiam à la tête de ce parti, « le temps qui était le temps n'est plus le temps qui est le temps ». En d'autres termes, ce parti, autrefois caractérisé par la paix et le dialogue, a perdu ses repères et ses valeurs. Comment deux hauts cadres peuvent se boxer comme de vulgaires chiffonniers devant des militants pour qui ils sont censés être des modèles ? D'aucuns peuvent soutenir que la rixe d'Abengourou est un incident isolé, mais il faut avoir le courage des mots. Le PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny et le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié sont loin d'être celui de Tidjane Thiam qui se livre en spectacle depuis quelques temps. Il y a de cela quelques jours, c'est le président du parti lui-même qui se livrait en spectacle en plein Ramadan. Devant les caméras du monde entier, Tidjane Thiam n'a pas sourcillé pour débiter des contrevérités sur la construction de la mosquée du Plateau. Le mensonge était aussi gros comme le nez en plein visage, au point où les services de communication du PDCI-RDA et le cabinet de Tidjane Thiam n'ont pu apporter la moindre contradiction. Alors que l'opinion n'a pas encore fini de digérer le canular du Ramadan, ce sont deux hauts cadres qui se livrent en spectacle. Mais pour qui suit l'actualité au PDCI-RDA ne peut pas être étonné de la tournure des évènements. Le patron de cette formation est lui-même parvenu à la tête du parti à la suite d'arrangements au cours desquels les textes du PDCI-RDA ont été piétinés pour l’introniser. À la suite de ce que Jean Louis Billon et Thierry Tanoh avaient qualifié de "forfaiture", de nombreux barons ont pris leurs distances et observent les choses de loin. Même dans la formation de la nouvelle direction du parti, comme un apprenti politicien qui n'a aucune maîtrise des réalités de son parti, Tidjane Thiam avait nommé des morts et des cadres du RHDP dans son équipe. Devant la clameur populaire et la stupéfaction générale, l'ancien patron du Crédit suisse a dû faire un rétropédalage pour corriger sa bourde. Après tous ces faits et méfaits, l'on ne doit pas s'étonner de ce que deux hauts cadres du plus vieux parti de la Côte d'Ivoire se prennent au collet et en viennent aux mains en pleine réunion. À la vérité, depuis le grand schisme du RHDP où la quasi-totalité des cadres de référence ont rejoint le parti des Houphouëtistes, le PDCI-RDA n'est plus que l'ombre de lui-même.

Ce qui s'est passé la semaine dernière à Abengourou entre un député et le candidat malheureux aux municipales dans cette ville, est symptomatique de ce qui se passe au sein de la Direction du parti. Sans toutefois les dédouaner, l'on peut dire que la rixe entre Bredou Athanase et Guillaume Adom est la résultante des combines et micmacs internes. Et comme le dit l'adage, quand on crache en l'air, l'on doit s'apprêter à recueillir de la salive en plein visage. Au PDCI-RDA, une certaine nomenklatura a froissé les textes du parti pour imposer Tidjane Thiam. Des clans se sont formés et chacun se bat désormais pour ses propres intérêts et ceux de ses protégés. À l'analyse des faits, tous les couacs que l'on enregistre depuis quelques temps au PDCI-RDA, sont la résultante d'un management politique qui laisse à désirer. Et comme le dit l'adage, celui qui sème le vent récolte la tempête, le PDCI-RDA ne peut pas se prévaloir de ses propres turpitudes. C'est aussi simple que cela.

 

Kra Bernard

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