La présidentielle ivoirienne est dans 15 mois. Alors, Mamadou Touré, comment se prépare le parti au pouvoir, le RHDP ?
Sans ambiguïté, notre candidat s'appelle Alassane Ouattara. Nous sommes en train d'achever la restructuration du parti et le parti est en ordre de bataille pour remporter cette élection présidentielle dans 15 mois, dès le premier tour, fort du bilan positif que nous avons, fort des actions positives qui ont été menées en faveur des populations et puis fort des résultats obtenus il y a un an lors des élections locales qui, pour nous, étaient des élections intermédiaires – où le RHDP a raflé la majorité des sièges et surtout la majorité des voix.
Mais êtes-vous certain qu’Alassane Ouattara va accepter la proposition que vous allez lui faire ?
Le Président n'a pas encore répondu à notre demande, mais ce qui est clair, sans ambiguïté, c'est que le RHDP, toutes les instances du parti, les cadres du parti et les militants du parti, estiment qu’Alassane Ouattara a encore beaucoup à apporter à ce pays. Et, dans un contexte national, sous-régional, mondial, aussi difficile, il a le leadership nécessaire pour conduire encore ce pays vers des lendemains meilleurs.
Le président Ouattara n'est plus tout jeune. Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent que le RHDP devrait rajeunir ses cadres et investir un candidat plus jeune ?
Mais le RHDP a rajeuni ses cadres. Regardez, en comparaison à tous les autres partis politiques, les cadres ont été rajeunis au sein du RHDP de par la volonté politique du président Ouattara. Le rajeunissement des cadres dans un parti politique diffère du choix du candidat à l'élection présidentielle. Le choix du candidat à l’élection présidentielle, c'est avoir le meilleur poulain qui permet de rassembler le parti, le mettre en ordre de bataille, gagner l'élection présidentielle. Et cela, ce n'est pas une question d'âge, sinon, le président américain [Joe Biden], à 82 ans, ne serait pas candidat à sa propre succession, c'est une question de leadership et de capacité à rassembler sa famille politique et à fédérer les Ivoiriens pour gagner l’élection présidentielle. Et nous assumons qu'aujourd'hui, la meilleure personne qui remplit toutes ces conditions, c’est le président Alassane Ouattara. Et puis, aujourd'hui, l'enjeu pour notre pays, c’est un enjeu de stabilité. Vous savez, il ne faut pas regarder les choses simplement intra-Côte d'Ivoire, la Côte d’Ivoire doit être dans un ensemble sous-régional. On sait tous ce qui se passe aujourd'hui, on a besoin d'un chef qui peut garantir sa stabilité.
Alors dans l'opposition, du côté du PPA-CI, c'est Laurent Gbagbo qui vient d'être investi. Le problème, c'est que l'ancien président ivoirien n'est pas amnistié et reste donc inéligible. Est-ce que son amnistie est envisageable ?
Sur la question de l'amnistie, il est quand même curieux que – puisque l'amnistie est une loi qui passe au Parlement – le PPA-CI, qui a des députés à l'Assemblée nationale, n'ait jamais pris l'initiative d'une loi d’amnistie pour son propre candidat. C'est curieux. Donc le président Ouattara n'a aucun moyen aujourd'hui d'amnistier Laurent Gbagbo. Et le PPA-CI pourrait aussi initier un projet de loi à soumettre à l'Assemblée nationale.
Le PPA-CI demande à être reçu par le Premier ministre, est-ce que cette audience serait possible ?
Nous avons des institutions qui fonctionnent normalement. Le dialogue n'a jamais été rompu. Mais après, la question est de savoir : est-ce que, pour cette préoccupation du PPA-CI par rapport à une candidature de Laurent Gbagbo, la Primature est l'institution la plus indiquée ? Je pense que le PPA-CI sait qu'il y a des questions de justice, il y a des questions liées au processus électoral, et nous avons des institutions en charge de régler ces questions.
Autre adversaire du président Ouattara, son ancien Premier ministre, Guillaume Soro, qui vit en exil depuis 5 ans. Les deux personnalités, Alassane Ouattara et Guillaume Soro, ont échangé deux coups de téléphone fin mars, est-ce le signe de la réconciliation ?
Guillaume Soro a pris l'initiative d'appeler le président Alassane Ouattara pour lui présenter ses excuses pour les torts qu'il a pu lui causer et, en même temps, lui dire merci pour la libération de certains détenus proches de lui. Certains ont vu en cela un acte allant dans le sens d'un apaisement. Mais encore faut-il que les autres actes, en dehors de ce coup de fil, aillent dans ce sens. Ce que nous recherchons, c'est la sincérité dans les actes posés. Le président Ouattara a montré sa disposition à faire avancer ce pays et à consolider la paix. D'ailleurs, à la faveur de la CAN de janvier 2024, beaucoup de détenus militaires ou proches de l'opposition ont été libérés. Maintenant, il faut que chacun soit sincère dans les actes posés.
Vous doutez de la sincérité de Guillaume Soro. Cela veut-il dire que vous n'avez pas confiance en lui ?
Ce n’est pas mon opinion qui compte. Mais beaucoup d'observateurs considèrent qu'on ne peut pas la nuit demander pardon et la journée se mettre dans des activités subversives, ou avoir des propos à travers ses collaborateurs pour salir la réputation du président, etc. Et donc les actes posés par les plus proches collaborateurs ne sont pas en adéquation avec le coup de fil qui a été passé. Et cela amène à s'interroger.
JD avec RFI
NB : Le titre et le chapo sont de la rédaction