Contre vents et marrées, le douzième congrès de la FESCI s'est tenu au Forum de l'université Félix Houphouët-Boigny de Cocody sous le thème : " La FESCI face aux défis de sa mue et de l'adéquation formation-emploi". Prévu pour démarrer dans la matinée du vendredi 29 décembre pour la première journée marquée par la cérémonie officielle et la journée scientifique avec l'animation de plusieurs conférences conformément au programme établi, c'est à 16h que le congrès a été ouvert. Tirant les leçons de la résistance de Makélélé qui visait un troisième mandat, une première dans l'histoire de cette organisation, les congressistes sont allés au laboratoire pour le toilettage des textes et arrêtés de nouvelles dispositions.
Un congrès sous haute sécurité
L'une des spécificités de la tenue de ce congrès a été sans conteste la sécurité. L'équipe en charge de l'organisation piloté par Kouamé François dit national Lacry, a mis un point d'honneur à garantir la sécurité des congressistes et par-delà, la quiétude à l'université. Une démarche qui se justifie selon un membre du comité d'organisation par le refus du SG sortant de reconnaître la légitimité du comité d'organisation dudit congrès. De part et d'autres, l'on notait la présence de plusieurs détachements de la police nationale et de la gendarmerie nationale, surtout aux alentours du forum. En plus de ces forces régulières, le comité d'organisation avait sa sécurité parallèle. Tous des étudiants à en croire le comité d'organisation, ces derniers qui étaient vêtus de teeshirt noir pour la plupart avec le visage encagoulé et un brassard rouge ou jaune estampillé sécurité, par petits groupes courraient parfois au sein de l’Université, en scandant des cris de guerre propres à l'organisation. Les congressistes étaient soumis à des fouilles minutieuses par les éléments de la sécurité de la FESCI avant d'accéder au forum. Onze candidats étaient en lice pour succéder au secrétaire général sortant. Certains d'entre eux avaient établis leur QG de campagne sur le campus. Vers 14 h, peu avant le début des travaux, deux des onze candidats s'étaient désistés au profit du candidat Kambou Sié . "C'est plié, c'est lui" sont quelques bribes de phrases que prononçaient avant le début des travaux des groupements d'étudiants acquis à la cause du candidat Kambou Sié.
Le rôle joué par Ahipaud Martial et plusieurs anciens secrétaires généraux
Étaient présents à ce congrès, plusieurs anciens leaders de ce mouvement syndical y compris les membres fondateurs. Au nombre de ceux-ci, Ahipaud Martial, le tout premier secrétaire général de la FESCI accompagné de Eugène Djué et Mian Augustin. Ces ex leaders syndicaux et bien d'autres figures de proue de cette organisation ont marqué leur présence à ce congrès. Ils y étaient pour apporter leur caution morale à la tenue du congrès décidé quelques jours avant lors de l'Assemblée générale à laquelle s'était fortement opposé Alla Saint Clair. Ces leaders ont dénoncé la posture défiante du Secrétaire Général sortant par son opposition aux propositions du collège des anciens. Interrogé, ces derniers ont déploré le refus de la main tendue pour une sortie heureuse de crise du national Makélélé au collège des anciens.
"On espère que le camarade secrétaire général sortant nous rejoindra au collège des anciens pour continuer l'encadrement des jeunes, parce qu'on se rend compte qu'il y a un passage de génération à une autre. Ceux qui sont en train de prendre les rênes du pouvoir sont d'une autre génération. Les textes sont clairs. Son mandat est fini le 19 décembre. Toute tentative de refaire les choses d'une autre manière ne marchera pas. Nous sommes nés dans la démocratie et nous ne pouvons pas être les fossoyeurs de la démocratie, surtout en interne" a fustigé Ahipaud Martial, parlant de Makélélé. Il a surtout déploré l'attitude peu catholique de Alla Saint Clair à l'égard du commandant supérieur de la gendarmerie, le général de Corps d'armée Alexandre Apalo Touré qui avait proposé sa médiation.
Malgré la médiation du Commandant supérieur de la gendarmerie...
"Depuis le mois de septembre 2023, nous avons eu plus de quatre rencontres avec lui (Ndlr Alla Saint Clair). Nous avions demandé aux anciens d'Abobo dont il est issu comme section de discuter avec lui. Nous avions tout fait pour que ses opposants qui étaient fondamentalement opposés à lui se calment. Le lundi 19 décembre, nous l'avons rencontré une dernière fois et c'est à cette rencontre qu'il nous a dit catégoriquement qu'il n''organisera pas le congrès. Blé Guirao lui a même demandé de faire une proposition par rapport à mars 2024, le temps pour nous de voir ses opposants et leur demander qu'ils se calment pour lui donner le temps d'organiser le congrès en mars. Mais il nous a dit qu'il n’organisera pas le congrès sous notre pression, et que mieux, les textes lui donnent la possibilité d'aller jusqu'en 2030. Nous avions été obligés d'attendre jusqu'à quatre jours pour rendre officiel l'échec de notre médiation parce que le Commandant supérieur de la gendarmerie nous a commis à l'école de gendarmerie d'Abidjan de 19h jusqu'à 4 h du matin. Nous nous sommes mis d'accord pour nous retrouver le lendemain matin à 11h, mais tous ces portables étaient fermés. C'est avec peine au cœur que nous avons été obligés de soutenir les autres jusqu'à ce qu'ils arrivent jusqu'au bout de leur procédure" a révélé un des membres fondateurs de la FESCI.
Tout comme lui, Eugène Djué, également membre fondateur a indiqué que leur présence et leur médiation valaient la chandelle en ce sens qu'ils ont un devoir moral. Il a révélé leur rôle pour la prise du pouvoir de Makélélé à la tête de la FESCI "le collège a pour rôle d'encadrer les anciens. Makélélé lui-même, à son avènement, ils étaient cinq candidats. Nous avions discuté avec les autres candidats pour qu’il soit l’unique candidat. Tout cela pour éviter qu'il y ait des troubles. Nous, en tant qu'anciens secrétaires généraux, nous sommes préoccupés par la paix et la cohésion au sein de ce mouvement de sorte que chaque fois qu'il y a ces problèmes, nous intervenons. Pour tous les mandats jusque-là, nous avons pris langue avec les jeunes pour les emmener à ne pas aller à la violence. Nous avons été surpris que lui Makélé, que nous avons contribué à installer à la tête du mouvement soit celui-là même qui nous pose problème", a regretté Eugène Djué.
Ernest Famin