Politique

Adressage des boulevards et avenues: Alassane Ouattara redonne aux rues d’Abidjan une identité ivoirienne

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Alassane Ouattara a posé un acte fort en honorant ces illustres filles et fils de la Côte d’Ivoire
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63 ans après son indépendance, la Côte d’Ivoire s’apprête à débaptiser certains des célèbres boulevards de sa capitale économique, Abidjan en  leur attribuant des noms du terroir. Une opération d’adressage des rues voulue par Alassane Ouattara, pour que les rues d’Abidjan reflètent désormais une identité ivoirienne.

C’est assurément une petite révolution qu’engagent le président de la République, Alassane Ouattara et son gouvernement en effaçant les noms de ces boulevards à l’appellation pourtant bien ancrée dans la mémoire collective. D’ici quelque temps, en effet, on n’entendra plus parler du boulevard Valérie Giscard D’Estaing (VGE), du boulevard Mitterrand, du boulevard de France, du boulevard de Marseille. Ces noms de boulevard ne seront plus qu’un lointain souvenir. Ainsi en a décidé l’Etat de Côte d’Ivoire, dans le cadre de projet d’adressage du District d’Abidjan. En décidant d’effacer ces noms, qui évoquent un lien paternaliste avec la France, les gouvernants traduisent une volonté d’affirmation de l’identité culturelle ivoirienne à laquelle ces noms sont étrangers. Il s’agit pour Alassane Ouattara de faire en sorte que ces célèbres boulevards reflètent davantage l’âme de ce pays. Aussi a-t-il gommé ces noms qui tendent à faire penser qu’Abidjan est une réplique des villes françaises.

Adieu le VGE, les boulevard Mitterrand, de France, de Marseille !

Pour rendre à ces boulevards leur identité ivoirienne, le gouvernement a décidé de leur attribuer les noms de personnalités de premier plan. Ainsi le Boulevard VGE portera désormais le nom du père fondateur de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny ; le boulevard Mitterrand est rebaptisé du nom de l’ancien Grand Chancelier et figure emblématique des années Houphouët-Boigny, Germain Koffi Gadeau et de l’actuelle Première dame, Dominique Ouattara, pour son tronçon allant d’Akouédo à Bingerville. Quant au boulevard de France, il portera désormais le nom de la toute première Première dame de Côte d’Ivoire, Marie Thérèse Houphouët-Boigny. Le boulevard de Marseille, lui, sera renommé du nom de l’ancien président de l’Assemblée nationale sous Houphouët, Philippe Grégoire Yacé.

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Justifiant le fait d’avoir débaptisé par exemple le VGE, le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Koné, dont le département porte le projet, a fait savoir que cela répond à une réelle aspiration des Ivoiriens. « Ce boulevard est l’un des plus importants de notre pays. Il est quotidiennement emprunté par tous les nouveaux arrivants dans notre pays, c’est souvent le premier contact avec notre pays et les Ivoiriens, de façon presque unanime, ont souhaité ce changement qui, je le précise à nouveau, n’a pas de relents politiques », a-t-il expliqué dans une interview parue dans Fraternité-Matin d’hier, lundi 24 juillet 2023. Quoique Bruno Koné tente de rassurer que le gommage de ces noms évocateurs de l’hexagone et partant de son empreinte culturelle, n’a rien de politique, il reste que l’acte revêt une haute portée politique en ce qu’il fendille le miroir qui nous renvoyait jusque-là ces personnages de l’histoire politique française. Et c’est peu dire.

Pourquoi ces personnalités 

Tout comme d’ailleurs le choix des personnalités sélectionnées parmi tant d’autres fils et filles de ce pays pour être immortalisées de façon officielle à travers cet adressage du District d’Abidjan. « Nous avons décidé, de commun accord avec l’ensemble des experts, d’attribuer aux boulevards les noms des personnalités qui ont marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire... », a encore soutenu le ministre. Et de renchérir : « Nous avons privilégiés les marqueurs de l’histoire de notre pays, des noms de personnes (…) qui parlent à l’Ivoirien moyen ». Voilà qui explique que des figures ayant marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire ou la vie politique contemporaine ou encore le monde sportif, culturel et le milieu scientifique, soient immortalisées par l’attribution de leurs noms soit à des boulevards autres que ceux évoqués plus haut, soit à des avenues.

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Des acteurs majeurs de notre histoire comme Ernest Boka, Jean Baptiste Mockey, Charles Bauza Donwahi, Auguste Denise ont désormais leurs noms gravés sur un boulevard. La route d’Alépé, depuis le carrefour Samaké sera désormais appelée boulevard Ernest Boka du nom du premier président de la Cour suprême ; la voie menant à Bassam, depuis le carrefour Akwaba au rond-point d’Anani, portera le nom de boulevard Jean-Baptiste Mockey, ancien vice-Premier ministre, chargé du ministère de l’Intérieur sous Houphouët ; le prolongement du Latrille allant de Petro Ivoire au CHU d’Angré portera le nom de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Charles Bauza Donwahi ; la descente du pont De Gaulle jusqu’au boulevard de Marseille sera rebaptisée du nom d’Auguste Denise, ancien ministre d’Etat d’Houphouët.

Le 4e pont pour Laurent Gbagbo

Outre ces acteurs politiques de l’ère Houphouët, des hommes politiques contemporains comme l’actuel Président de la République, Alassane Ouattara, ses prédécesseurs Henri Konan Bédié, Robert Guéi et Laurent Gbagbo sont également honorés en attribuant leurs noms à des boulevards. Désormais, le bouvard Reboul ( depuis Nangui Abrogoua) sera appelé boulevard Alassane Ouattara ; le boulevard du 4e pont portera le nom de l’ancien Président Laurent Gbagbo. Les acteurs du monde scientifique comme l’agrégée de néphrologie pédiatrique, Pr Laurence Adonis Koffi, décédée tragiquement suite à un accident de la circulation est elle aussi honorée, tout comme les éminents mathématiciens Saliou Touré et Joséphine Guidy Wandja ; des hommes de culture comme Georges Niangoran Bouah et Barnard Zadi Zaourou ; des sportifs et artistes ayant marqué leur temps comme l’ex-international Didier Drogba et le roi du coupé-décalé Dj Arafat ; d’illustres guide religieux comme l’ex-évêque du diocèse d’Abidjan, Bernad Yago ; les imams Idriss Koudous Boikary Fofana, ex-figures emblématiques de la communauté musulmane. Autant de noms qui parlent aux Ivoiriens pour avoir été, comme dit le ministre Koné Bruno, des marqueurs de l’histoire de ce pays. En décidant de les immortaliser, Alassane Ouattara pose là, assurément un acte historique.

Assane Niada

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