La seconde partirait alors des années 1990 à nos jours. Chacune des étapes couvre environ une trentaine d’années, ce qui correspondrait à une génération. Sur ces deux générations, les pays concernés, ont traversé maintes situations à partir desquelles il est possible d’esquisser quelques conclusions, comme un fil conducteur, de l’exemple historique. Dans l’exemple historique, il s’agit de prendre en considération, toute référence à des faits, à des événements ou à des personnages historiques capables d’acquérir le statut d’argument ou de preuve pouvant soutenir un point de vue. L’argumentation par l’exemple, se fonde sur la ressemblance d’un premier cas singulier bien connu avec un autre cas singulier par rapport auquel on essaie de faire admettre une propriété générale par voie d’analogie. La base de la réflexion est bien, le fait que l’avenir ressemble au passé. C’est à cet exercice qu’une série de chroniques sera consacrée avec un accent particulier sur le cas de la Côte d’Ivoire.
Trente ans de parti unique
L’expérience du parti unique a produit ses résultats. Une stabilité parfois de façade, des progrès économiques cités en exemple aujourd’hui, le recours aux coups d’État comme moyen d’accession au pouvoir, de violences politiques, la restriction de certaines libertés, et, pour terminer, la foire des conférences nationales qui, dans certains cas, viendront à bout de régimes vermoulus conformément aux attentes des populations. Le Bénin vivra ainsi le renouveau démocratique qui a marqué la conscience politiques de tous les Béninois. C’est encore la référence du champ politique de ce pays de l’Afrique de l’Ouest qui a connu, à ce jour, plusieurs alternances sans heurts importants. Les mouvements politiques des années 1990 n’ont pas connu le même succès dans d’autres pays.
Trente ans de multipartisme et toujours des incertitudes
Les mouvements et revendications politiques ont engendré une forme de démocratisation, mais ils ont aussi généré des violences politiques accrues. Entre autres éléments, il faut signaler le principe de l’élection comme modalité principale d’accession au pouvoir, la tenue d’élections locales, l’existence d’un débat démocratique certain et une opinion publique de plus en plus présente et active. Le vote de constitutions instaurant certains principes tels que celui de la limitation des mandats. Cette disposition, par exemple, est au centre de multiples controverses. Elle a généré des violences et des morts au Burundi, en Côte d’Ivoire. Au Sénégal, en 2012, elle a démontré qu’il fallait plutôt faire confiance au peuple qui a su mettre Abdoulaye Wade à la retraite. Et, il convient de le noter, la question de la limitation des mandats, en lien avec les révisions constitutionnelles, n’a pas fini de faire des vagues dans le champ politique africain. Cette deuxième étape de la vie politique n’est pas exempte de violence politique, liée directement ou non, à la tenue d’élections ou comme moyen de conquête du pouvoir. Le Libéria, la Sierra Leone, pour la guerre, la Côte d’Ivoire et le Kenya pour les violences électorales.
Les militaires ont aussi refait surface. Au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, les militaires sont au pouvoir. L’on a toujours des tentatives en Gambie et Guinée-Bissau.
Cette situation globale suscite bien des interrogations qui constitueront les bases des réflexions à venir.
Nanourougo COULIBALY
Professeur, Auteur