De quoi s’agit-il ? En tournée dans la région du Haut Sassandra le week-end du samedi 21 janvier 2023, une délégation du PPA-CI y a eu des rencontres avec les populations et tenu un meeting. C’est à l’occasion de l’un de ces rassemblements à Saïoua, que l’un des collaborateurs de Stéphane Kipré, en l’occurrence son chargé de communication, Steve Beko, s’est laissé aller à des propos désobligeants. « Ceux qui ont refusé de dégeler les comptes des enfants de Saïoua pour qu’ils puissent se soigner, ceux qui ont regardé les enfants de Saïoua avec une balle dans la bouche et qui ont refusé de le conduire à l’hôpital, ne doivent avoir aucun poste ici à Saïoua », a-t-il proféré. Des propos dangereux qui tendent à inciter à la haine des adversaires politiques du PPA-CI, lesquels sont présentés comme étant le bourreau de ces populations.
Cette idée est d’ailleurs, clairement semée dans les esprits par cet autre passage de l’intervention du porte-voix de Stéphane Kipré : « Ceux qui ont fait du mal aux enfants de Saïoua, ceux qui ont regardé les enfants de Saïoua mourir, ceux qui ont tué les enfants de Saïoua ne doivent avoir aucun poste ici à Saïoua ». On est là, en pleine dérive visant à diaboliser l’adversaire politique à des fins électoralistes. Avec cette phrase, on est passé à un autre stade de la violence verbale, dont l’objectif est clairement de semer dans les cœurs, la haine pour les adversaires du PPA-CI dans la région. Ce discours est à la fois régionaliste, tribaliste et haineux. Et comme s’il n’en avait pas assez déblatéré, ce collaborateur de Stéphane Kipré a poursuivi sa logorrhée haineuse en assénant encore : « Ils disent que vous n’avez pas de dignité. Qu’ils peuvent tuer vos enfants, ils peuvent maltraiter vos enfants et après, venir vous offrir quelques billets, un peu de peinture, un peu de bitume et vous allez oublier. Est-ce que vous avez oublié ? Est-ce que les populations de Saïoua ont oublié ? Rendez-vous en 2023 pour la demi-finale. Et rendez-vous en 2025 pour la finale ».
La rhétorique reste constante dans son intention de braquer les populations contre les adversaires politiques du PPA-CI, à dessein, peints en noir. En témoigne cet autre propos qui peut tenir lieu de conclusion à ce discours qui transpire la haine : « Si après avoir fait ça à vos enfants, ils ont un poste à Saïoua, ça veut dire que les populations de Saïoua n’ont pas de mémoire ». Il ne faut pas s’étonner qu’après qu’un tel venin eut été inoculé dans les esprits des populations, l’on assiste demain à des élections heurtées dans cette partie du pays.
Voilà qui montre clairement que le PPA-CI est encore loin de s’être inscrit dans la dynamique d’apaisement du climat sociopolitique dans laquelle s’est engagé le chef de l’État, Alassane Ouattara. Tout porte à croire que ce parti, fondé par Laurent Gbagbo dès son retour au pays, ne semble pas avoir tiré les leçons de l’épisode sanglant de la guerre postélectorale de 2011, dont nombre d’exactions étaient la conséquence de propos haineux.
Assane Niada