Politique

Face à la presse hier/Blé Goudé proclame son indépendance et assène ses vérités

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Charles Blé Goudé semblait à son aise lors de sa conférence de presse. (Photo : DR)
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Pour sa première conférence de presse depuis son retour au pays, Charles Blé Goudé a semblé afficher une volonté de s’affranchir de l’apparentement à son mentor et donc, revendiquer une indépendance de pensée et d’action. Au passage, il a décoché quelques piques à ses compagnons de l’ancien régime Gbagbo. C’était à l’occasion d’une conférence de presse tenue hier, mercredi 11 janvier 2023, à la Maison de la presse au Plateau.

Visiblement à son aise durant les 2h27 mn qu’a duré son grand oral, Blé Goudé a saisi cette tribune pour solder de vieux comptes avec ses camarades de la décennie Gbagbo. L’exercice n’aura pas été pourtant facile, puisqu’il s’est employé à manier à la fois, le bâton et la carotte en donnant le sentiment de préserver ses liens avec l’ex-chef de l’État Laurent Gbagbo, tout en lançant des piques à l’entourage de celui-ci. En égrenant ses répliques, il a laissé clairement entendre qu’il entendait ainsi répondre aux rumeurs que l’on fait courir sur son compte ou aux accusations portées contre lui. « J’entends souvent dire… », répétait-il. « J’entends les gens dire que les vrais enfants de Gbagbo sont au PPA-CI. Quel analphabétisme politique ! », a-t-il asséné, s’adressant visiblement aux Gbagbo ou Rien (GOR).

« Je connais Gbagbo mieux que quiconque »

Blé Goudé est, par ailleurs, revenant sur sa « petite phrase », qui a fait tant jaser : « Si le président Gbagbo dit qu’Alassane Ouattara est son frère, c’est qu’Alassane Ouattara est mon oncle ». Il a estimé que ceux qui, se fondant là-dessus, ont estimé qu’il a trahi la cause qu’il a défendue hier, n’ont pas su interpréter les signaux lancés par l’ex-chef de l’État quand il a été reçu en audience par son aîné, le Président Ouattara. « Le jour où le Président Gbagbo est allé rendre visite au Président Ouattara, il s’est mis au garde à vous. Ce geste qu’il a posé, c’était pour dire qu’il est temps de tourner la page de la crise que le pays a connue. C’est pour l’accompagner que j’ai prononcé cette phrase », a expliqué le président du COJEP. Et de lancer insidieusement à l’intention de ceux qui prétendent aimer l’ex-chef de l’État plus que lui : « Je connais le Président Gbagbo mieux que ses enfants, mieux que quiconque ! ».

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Par ailleurs, l’ex-leader des jeunes patriotes a lâché des propos qui laissent penser qu’il répondait à ceux qui lui font un procès en infidélité à l’égard de l’ex-chef de l’État ou qui racontent qu’il s’est détourné de lui, après l’épisode de leur incarcération à la Cour pénale internationale. « A La Haye, je n’ai pas servi de couteau de sacrifice contre le Président Gbagbo (…) A La Haye, j’ai fait ce que j’avais à faire. A La Haye, j’ai servi mon « père » : j’ai été tour à tour cireur, coiffeur, cuisinier…Je n’ai jamais rien fait pour heurter le Président Gbagbo (…) Je n’ai plus de preuve de fidélité à apporter », a asséné Blé Goudé. Puis, il a enfoncé le clou en ajoutant : « Ne me mettez pas en conflit avec le Président Gbagbo pour vos petites ambitions ! »

Il réclame sa liberté de pensée et d’action

Cela dit, il a souligné qu’il ne lui revenait pas de parler de son « père » Gbagbo en public. Mais la récurrence de certains propos laissait clairement voir que ce qui semble l’opposer à celui-ci et à ses partisans, c’est sa volonté de s’affranchir de la tutelle de Gbagbo pour écrire désormais, sa propre histoire. « Je trouve qu’au retour de La Haye, j’ai eu mon diplôme politique. Maintenant, je veux m’assumer. C’est ce que je veux dire quand je dis qu’il est l’heure », a lâché le président du COJEP. Et Blé Goudé de répéter sa ferme intention de se désapparenter désormais, de tout maître à penser : « Ma formation est terminée ! J’ai servi derrière, j’ai servi au milieu, maintenant j’ai décidé de servir devant ! ». Pour ceux qui n’auraient pas bien compris, il s’est voulu plus clair : « Quand je dis que je veux diriger la Côte d’Ivoire demain, je ne plaisante pas. Et je n’aurai pas besoin de l’accord de qui que ce soit pour me jeter dans la bataille présidentielle un jour, si j’estime que je suis prêt (…) J’ai 51 ans…Il ne faut pas priver l’Afrique de son atout. Tous les observateurs disent que l’atout de l’Afrique, c’est la vitalité de sa jeunesse (…) Ce n’est pas à 70 ans qu’on va nous demander de venir faire acte de candidature ! », a encore martelé l’ex-leader des jeunes patriotes.

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Pour le reste, le président du COJEP s’est prononcé sur les alliances ou plutôt les mésalliances des partis politiques en Côte d’Ivoire. « Une alliance n’est pas une fin en soi. On ne crée pas un parti politique pour faire des alliances. Je me méfie de toutes les alliances politiques en Côte d’Ivoire », a-t-il fait remarquer. Puis de citer, entre autres exemples, le cas de l’alliance en gestation entre le PDCI et le PPA-CI de Gbagbo. « Un parti de gauche en alliance avec un parti de droite. C’est quoi le fondement ? (…) C’est pourquoi, ça ne peut pas survivre », a-t-il commenté. Blé Goudé a par ailleurs, exprimé ses regrets pour la crise postélectorale de 2010-2011. « Oui, j’ai des regrets. Je regrette que la Côte d’Ivoire ait connu une guerre pour des élections. Je regrette que, pour des élections, j’aie été en conflit avec mes frères et sœurs. Et je souhaite que cela n’arrive plus jamais », a-t-il déclaré, avant de demander pardon à toutes les victimes de la guerre postélectorale.

Assane Niada

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