Tout y passe. De gestion des ressources naturelles (pillage des ressources) à l’accession au pouvoir (démocratie, coups d’État, élections) en passant par les questions monétaires (F CFA, Eco), la France est partout et dans tout. Pour des rapports saints, la France doit revoir ses pratiques. Nous aussi. La présentation de drapeaux russes lors des manifestations publiques constitue un signe posant la nécessité d’une reconsidération des relations avec l’extérieur. Je vous donne ma lecture.
Le passif historique et les hésitations diplomatiques de la France
La présence française en Afrique remonte à bien longtemps. Pour l’essentiel, l’on retient les conquêtes coloniales, l’exploitation coloniale, le combat pour les indépendances et surtout, le contexte postindépendance et ce que l’opinion appelle, la néo-colonisation. Incontestablement, la France a une forte responsabilité dans le vécu des pays africains. C’est factuel. Ce n’est pas une question d’opinion. Ce passif historique pèse et continuera à peser dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. Qu’on le veuille ou pas, la levée de boucliers contre l’Occident, dans son ensemble, demande un réexamen de part et d’autre. En ajoutant à cela, les longues hésitations et les positions parfois ambiguës de la France dans les zones de conflit.
Ainsi, la France a bloqué la progression des djihadistes en 2012 au Mali. Et après, n’avait-on pas l’occasion de traiter clairement et définitivement la question ? Si les uns et les autres appellent la Russie, c’est certainement pour son engagement total qui a permis, par exemple, à la Syrie d’inverser le rapport de force. C’est cela une puissance militaire. Les atermoiements français sont certainement l’une des raisons du sentiment qu’on nomme anti-français. C’est parfois, à se demander s’il y a une convergence d’intérêts. Il s’agit donc d’attentes non satisfaites qui génèrent ce sentiment. C’est, en partie, ce qui fait qu’aujourd’hui, les Africains aspirent à moins de présence des Occidentaux, la France en tête. La France a donc intérêt à revoir sa copie, si elle veut rester la puissance qu’elle a été par le passé.
Un dépit amoureux ?
Les Africains attendent beaucoup de la France. Ils estiment, à raison parfois, avoir fait beaucoup pour elle. Les Maliens, les Burkinabè veulent que la France chasse les djihadistes au regard des liens historiques. Les Ivoiriens veulent que la France facilite le développement de la Côte d’Ivoire. Les Africains attendent de la France qu’elle vienne bâtir leur pays, les opposants attendent que la France mette la pression sur les régimes en place pour obtenir des élections transparentes. En 2020, en Côte d’Ivoire, toute l’opposition regardait Macron. Lors de la crise des années 2010, l’opposition d’alors, attendait la réaction de Sarkozy quand Laurent Gbagbo s’accrochait au pouvoir. Le sentiment qu’on nomme anti-français n’est-il pas, au regard de ces attentes insatisfaites, l’expression d’un dépit amoureux ?
Le renouveau des relations viendra de notre prise de responsabilité
Il faut admettre que les attentes sont nombreuses. À la limite, les Africains même favorisent l’ingérence occidentale dans leurs affaires. Cela frise une sorte de non-prise de responsabilité. Lorsque nos dirigeants n’iront pas valider leur élection en France, on commencera à être indépendants. Lorsque nos opposants ne chercheront pas à se faire adouber par Macron, avant les élections, on commencera à être libres. Lorsque nos compléments budgétaires seront fondés sur notre capacité économique intrinsèque, on sera libre.
Mais, il faut le dire clairement, on sera plus asservi si on quitte le giron d’un impérialiste pour un autre. Suivez mon regard ! À ce jour, la posture panafricaniste relève, très souvent, d’un pur opportunisme pour des politiques en difficulté interne, incapables de rassembler sur la base d’un projet. Il faut quitter cet état des choses, adopter une gouvernance simple, en un mot, il faut devenir responsable. Si l’Occident a une forte responsabilité dans ce que vivent les États africains et surtout francophones, il faut admettre que nous avons notre part de responsabilité. Commençons d’abord à faire notre part.
Nanourougo COULIBALY Professeur, auteur Chroniqueur indépendant