Annoncé comme une rencontre chaude, le bureau politique a accouché, finalement, d'une souris. Le président du vieux parti ivoirien, Henri Konan Bédié, a verrouillé la rencontre. Le secrétaire exécutif du Pdci, Maurice Kakou Guikahué, très attendu, n'a pu exprimer son ressenti. En vieux renard, Konan Bédié a expédié la rencontre, ne laissant à aucun cadre de son parti, la possibilité de s'exprimer. Informé de la bataille des clans, l'ex-chef d'Etat n'a pas voulu prendre de risque. L'interview de son ex-Directrice de la communication, Djenebou Zongo, dans le quotidien proche du Pdci, le week-end dernier, n'a fait que renforcer sa conviction de ce que le feu couve sous la cendre. Ouvrir le débat aurait pu dégénérer. En effet au Pdci, selon des sources d'information bien introduites, plusieurs clans se livrent, en sourdine, une bataille sans merci. D'un côté, il y a le groupe amené par Pr Maurice Kakou Guikahué et de l'autre, celui dirigé par le Directeur de Cabinet de Bédié, Ehouman Bernard, soutenu par Georges Ezaley, Vehi Bernard et Pepoint.
Guikahué optait pour Abidjan, Ehouman, lui, voulait Daoukro
À côté de ces deux groupes, se trouvent les clans de la député Yasmina Ouégnin, du banquier Tidjane Thiam et de l'homme d'affaire Jean-Louis Billon. Des personnalités qui n'arrivent toujours pas à s'affirmer. "Tous ceux là ne peuvent rien faire. Au Pdci, ils ne sont pas assez courageux pour tenir tête à Bédié. Ils finiront tous par se ranger", analyse un observateur de l'actualité politique. Pour la tenue de ce bureau politique, il fallait déterminer le lieu. "Guikahué optait pour Abidjan. Ehouman, lui, voulait Daoukro", soutient un haut cadre du Pdci. Convaincu par son directeur de cabinet, Bédié a finalement opté pour Daoukro. Le budget, estimé à plusieurs dizaines de millions de Fcfa, a finalement été revu à la baisse. Bédié a gardé la main sur les finances, pour mieux tenir ses hommes. Prétextant la multiplicité des sujets, il a contrôlé la parole et produit un communiqué qu'il a fait avaler à ses hommes. Pour contenter les membres du bureau politique, il a annoncé une autre rencontre, le 15 décembre à Abidjan, avec en ligne de mire, l'organisation du XIIIème congrès à l'issue duquel il espère rempiler pour une énième fois comme président de son parti. À près de 90 ans, le "Bouddha de Daoukro" garde la main sur le Pdci, qui perd progressivement du terrain depuis deux décennies. La perte d'un bastion de ce parti dans la région du Gbèkè en est une illustration parfaite. En dépit de ces pertes, le leader du vieux parti continue de croire que le Pdci va mieux. Pour un cadre du Pdci, son parti ne fait que différer l'implosion. "Elle aura lieu tôt ou tard", soutient-il.
Yacouba DOUMBIA
