Revenant sur le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2021, dont les premiers résultats ont été déjà rendus publics, le parti d’Henri Konan Bédié s’est fendu d’une diatribe qui cache mal, son intention manipulatoire. En effet, par la voix de son porte-parole, le parti sexagénaire a battu en brèche, le taux de croissance de la population annoncé à l’issue de ce recensement 2021, lequel fait état de 2,9%. « En référence aux précédents RGPH, le gouvernement annonce un taux de croissance de la population qui passe de 3.8% en 1988, à 3.3% en 1998 et 2.9 % en 2021. Ces données, telles que publiées par le Gouvernement, cachent des incohérences suspicieuses. En réalité, en appliquant la formule démographique de calcul de la croissance, on obtient une croissance de 3. 77 % entre 2014 et 2021 », dénonce le PDCI. Qui estime que « ce taux est en rupture avec la dynamique de notre population dont la tendance est à un taux de croissance dégressif depuis 1988 ». Pour étayer son assertion, le parti de Bédié avance qu’en 1988, ce taux était de 3,8%.
Il est alors passé depuis à 3,3% en 1998 et à 2,6% en 2014. À en croire donc le PDCI, c’est cette tendance baissière qui a été cassée avec une hausse de ce taux de croissance de la population, que ce parti situe à 3,77% en 2021. Et l’ancien parti au pouvoir d’en déduire, sans rire : « Il est clair qu’aucun facteur objectif ne peut expliquer cette croissance exceptionnelle entre 2014 et 2021 ». Pour finalement lâcher : « La Côte d’Ivoire est en transition démographique, donc cet accroissement exceptionnel ne s’explique que par un gonflement volontaire de la population ».
Sortie hasardeuse du porte-parole du PDCI
Pour conforter sa position, le PDCI met également en avant, une autre donnée du RGPH 2021 : la proportion d’hommes et de femmes au sein de la population globale. « Le taux de masculinité continue de s’accroître. Il était de 104 hommes pour 100 femmes en 2014 et atteint 109 pour 100 femmes en 2021 », soutient le parti de Bédié. Qui laisse, par la suite, sous-entendre que cette croissance du nombre d’hommes par rapport aux femmes, s’explique par le taux d’immigration élevé. « Ce taux de masculinité est indicateur d’un pays d’immigration. Il est élevé dans les zones d’émigration (entre 100 et 101) et atteint dans certaines grandes villes et zones frontalières (zone immigration), des chiffres au-dessus de la moyenne, allant jusqu’à 117 », analyse le PDCI, avec une insidieuse intention de faire croire qu’il y a une forte immigration dans les zones frontalières et que ce sont ces immigrés qui ont gonflé la population et faussé ainsi, les chiffres normalement attendus. Il est déplorable, voire condamnable, que le parti de Bédié surfe à nouveau aussi facilement sur la rhétorique migratoire comme pour réveiller les vieux démons charriés autrefois par l’odieux concept de l’ivoirité.
Cette interprétation des données du dernier RGPH, on l’aura compris, cache mal des intentions inavouées, que le parti à l’emblème d’éléphant, ne tardera pas à dévoiler. « Quel est donc le motif de ces données ? Cela se retrouve dans la volonté des autorités de faire un basculement du RGPH à la liste électorale », soutient le PDCI. Et de se faire menaçant : « Le PDCI-RDA s’oppose et s’opposera vigoureusement à ce basculement qui dissimule des intentions de fraude sur la liste électorale ». Nous y voilà ! Pour le parti de Bédié, les données du RGPH vont être coulées dans la liste électorale et donc, faire le lit de futures élections frauduleuses. En criant ainsi au loup, le PDCI donne à dessein dans la manipulation. En perte de vitesse depuis qu’il est passé dans l’opposition, il est animé de l’insidieuse intention de prêcher le faux aux fins d’espérer doper ses militants. Sinon, comment est-il imaginable que l’on puisse déverser des populations recensées, sans distinction de nationalité ni d’âge, sur une liste électorale sur laquelle sont censés ne figurer que les Ivoiriens en âge de voter ? Il y a visiblement chez Soumaïla Bredoumy et le PDCI,
une volonté de manipulation de la population à des fins de propagande.
Par ailleurs, le PDCI relève que « les conditions de vie des Ivoiriens sont devenus intenables ». Cette fois, le parti de Bédié s’est gardé d’étayer son affirmation par des arguments probants. Il s’est borné à balancer un diagnostic laconique qui tient davantage de la rhétorique populiste et démagogique à laquelle certains acteurs et partis politiques ont habitué les populations. Confondu par les actions de développement posées par le pouvoir, le PDCI aurait été sage de se taire, faute d’applaudir ces résultats flatteurs, glanés par Alassane Ouattara.
