Simone Gbagbo a créé son parti ce samedi 20 août 2022. Cela vous a-t-il surpris ?
Ce n'est vraiment pas une surprise. Madame Gbagbo est une figure majeure de la vie politique nationale. Elle ne s'épanouit que dans l'arène politique. En sus, elle veut désormais jouer les premiers rôles que son statut d'épouse de Laurent Gbagbo ne lui permettait pas.
Quel avenir peut-elle avoir dans l’arène politique ? Peut-elle vraiment réussir ?
La politique n'est pas une science exacte. Tout dépendra des circonstances et de la conjoncture politique. Sociologiquement, elle a une base électorale réduite. Elle partage au niveau national, le même électorat que Gbagbo et Affi.
Mais attention, Simone Gbagbo est un animal politique et elle pourrait incarner l'alternative politique qu'attendent les Ivoiriens. Son offre politique orientée au centre gauche, montre sa volonté de ratisser large dans les classes populaires.
Plusieurs observateurs évoquent une fragilisation de la gauche en Côte d’Ivoire, après la création du PPA-CI, et maintenant du MGC, tous sortis du FPI de Laurent Gbagbo. Est-ce votre avis ?
En Côte d'Ivoire, il n'existe pas de clivages entre la gauche et la droite. Les partis politiques ivoiriens n’ont pas d’idéologies. Les Ivoiriens ne suivent pas des idées. Ils suivent des hommes et des femmes. Simone Gbagbo doit donc soigner son image. Elle doit se détacher radicalement de son statut d'épouse de Laurent Gbagbo. En sus, elle doit montrer qu'elle n'est pas la femme radicale que la rhétorique médiatique laisse croire.
Peut-on espérer qu’un jour, ces têtes fortes, notamment Laurent Gbagbo et le PPA-CI, Simone Gbagbo et son MGC, puis Affi N’Guessan à la tête du FPI, se retrouvent ?
C'est une hypothèse à ne pas écarter, surtout à la présidentielle de 2025. En cas de second tour, une alliance sera faite entre les anciens frontistes. Pour l'instant, les divergences sont profondes sur fond de ressentiment et d'égo.
Certains analystes estiment que c’est le parti au pouvoir, le RHDP, qui est le grand bénéficiaire de cet éclatement de la galaxie Gbagbo. Est-ce votre avis ?
Objectivement oui. Ces divergences fragilisent l'opposition et donnent un boulevard au RHDP. Je pense que si l'opposition ne se réveille pas, les chances du RHDP de conserver le pouvoir en 2025, sont grandes. Bien avant, les municipales et régionales en 2023, seront des tests grandeur nature pour juger les rapports de force politique.
Faut-il craindre un tel schéma d’implosion pour le RHDP à l’avenir ?
Pour l'instant, le RHDP est bien tenu par Alassane Ouattara. Ce qu'il faut craindre, c'est l'après Ouattara.