Politique

Contribution / Le patrimoine à l'épreuve de l'affaire des 49 soldats arrêtés au Mali

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L’actualité de la semaine aura été marquée par deux évènements qui méritent l’attention de tout observateur de la vie nationale. Le premier élément est bien entendu l’arrestation/la prise en otage, à Bamako, de 49 soldats de l’armée ivoirienne arrivés dans le cadre de la mission de paix au Mali, sous l’autorité des Nations Unies. Le second est la rencontre entre les ténors du champ politique ivoirien : Ouattara, Bédié et Gbagbo.

Je m’intéresserai tout particulièrement au traitement de l’affaire des soldats arrêtés à Bamako et traités de mercenaires par la junte malienne. Selon le Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, dans un communiqué pondu le 11 juillet 2022, « grâce au professionnalisme des Forces de Défense et de sécurité maliennes, il a été établi que les quarante-neuf militaires ivoiriens se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali (...) en possession d'armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation(...). Le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que le retour à l'ordre constitutionnel ».

Il n’est point besoin de dire que ce communiqué reflète l’état des relations entre ces deux États de la région ouest africaine. Depuis les deux coups d'État militaires en août 2020 et en mai 2021, la fermeté des autorités ivoiriennes, opposées à toute violation constitutionnelle au Mali, a fortement contrarié les plans des militaires maliens, irritant de fait, ces derniers qui ont donc pris la résolution de surfer sur le sentiment national pour espérer obtenir le soutien populaire.

La première des choses est qu’il faut requalifier les faits. Il s’agit, non pas de soldats arrêtés, mais plutôt d’une prise d’otages. Nos soldats sont pris en otage par la junte et non par le Mali et les Maliens. Cette requalification faite, il y a alors lieu de signaler la constance de la position des autorités ivoiriennes à travers les deux déclarations produites à cet effet. La déclaration de l’Etat-major des armées et celle de la session du Conseil National de Sécurité abordent la question sous le même angle. J’avoue avoir recherché dans les deux textes, les éléments de confusion qui permettraient de fragiliser la posture des autorités : c’est le même son de cloche. Ajoutons à cela, la tempérance dans les déclarations. Ce qui n’est plus ni moins qu’une insulte à notre État et qui aurait pu susciter une grosse colère, a été traité comme un petit incident. En réalité, les autorités ont refusé de se mettre au même niveau d’une junte en mal de publicité. Il faut saluer cela.

L’autre chose qu’il faut absolument noter, c’est le traitement sans passion et précipitation par les acteurs sociaux ivoiriens. Aucun sentiment de haine à l’égard des Maliens. De manière générale, les réactions ont analysé les dires des autorités maliennes en les passant au crible de la simple raison pour tirer les conclusions de l’inanité des déclarations faites. Cela, uniquement sur la base de la cohérence entre les faits et les accusations. Cette affaire au même titre que l’affaire de la Coupe d’Afrique au Cameroun, ont eu le mérite de faire surgir le sentiment national ivoirien sans passion ni haine, sans fondement. Un sentiment national respectueux des autres, mais qui attend que la Nation soit respectée.

C’est là toute ma fierté.

Il est des jours où l’on est amené à douter de l’existence d’une véritable nation ivoirienne, tant nos contradictions internes, nos turpitudes nationales, prennent le pas sur notre appartenance commune, notre destin commun. Il est aussi des situations qui nous amènent à reconsidérer nos à priori sur notre pays. Notre attachement à cet espace qui nous a vu naître ou qui nous a adoptés ou que nous avons adopté. Ces situations ne sont pas nécessairement nombreuses, mais elles ont le mérite d’être fortement symboliques. Le traitement de l’affaire des soldats ivoiriens otages de la junte malienne constitue l’une de ces situations.

Gardons ce cap. Les otages seront bientôt libres. Les autorités y travaillent et elles ne se mettront pas au même niveau que ces preneurs d’otages.

Fiers ivoiriens, notre pays nous appelle !  Répondons-lui avec ferveur et patriotisme !

 

 

Dr. Nanourougo Coulibaly

Université Félix H. Boigny

 

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