Politique

23 ans après sa perte du pouvoir: Sur les ruines des réalisations pharaoniques de Bédié

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Dès son accession au pouvoir, Henri Konan Bédié entreprend des travaux pharaoniques sur ses terres natales, qu’il rêvait de transformer en une réplique de Yamoussoukro de Félix Houphouët-Boigny. Mais, ces projets titanesques vont s’arrêter net, avec sa perte du pouvoir en 1999. Depuis bientôt 23 ans, le palais d’empereur qu’il était en train de se bâtir, est abandonné dans la broussaille. L’avenir est allé sur les ruines des rêves brisés de Bédié.

 

 

Quand nous arrivons à Daoukro ce matin de ce mois de juin, nous parvenons, non sans peine, à trouver un fixeur pour nous conduire sur l’un de ces chantiers à l’abandon que l’ex-chef de l’État avait engagé du temps où il était au pouvoir. Évoquant le gigantisme des constructions de l’Égypte ancienne, ce palais est situé dans le village de Pépressou, à 8km de la commune de Daoukro. Pour nous y rendre, nous empruntons une moto. Après une trentaine de minutes, nous y voilà. Ce qui frappe, de prime abord, c’est le site sur lequel est niché l’édifice aux allures de citadelle : il trône dans la broussaille.

Bien qu’inachevé, il est impressionnant par sa « sature » de forteresse inexpugnable. Sa muraille de bloc béton de couleur ocre, est haut d’environ trois mètres et s’étend à l’infini. Abandonnée aux intempéries depuis bientôt 23 ans, elle se dresse fièrement comme pour témoigner de sa robustesse et partant, des ressources financières colossales qu’a englouties sa construction. Défraîchie et même noircie sur une bonne partie de sa surface, l’imposante muraille présente, par endroits, des ouvertures. Sur certaines parties, sont taillées des figures géométriques : triangles et rectangles. La clôture aux muscles de béton est, par endroits, caressée par des feuillages d’arbres mitoyens.

Sur un pan de la citadelle, se dresse une allée débouchant sur un tunnel d’une centaine de mètres, qui donne sur la broussaille. Les flancs du tunnel autant que la dalle, sont également en béton. Contrairement au mur extérieur, le béton est verdi par la moisissure. Le sol est partiellement jonché de détritus. Il se dégage des lieux, une forte humidité. On se croirait dans une grotte. Le visiteur qui s’y infiltre, est, en effet, frappé par l’aspect austère des lieux et le silence glacial qui y prévaut. Silence déchiré, à notre passage, par le vrombissement des abeilles qui y ont établi leur quartier.

La cour s’étend à perte de vue. Elle est restée à l’état de terre rouge, tapissée par endroits d’herbes verdoyantes, faisant penser aux couleurs d’un club de football national. 23 ans bientôt que ces grands travaux, démarrés sous l’ère Bédié, sont à l’abandon. 23 ans bientôt qu’ils gisent dans la broussaille. Depuis la chute du président du PDCI, qui avait succédé à Houphouët-Boigny, à la mort de celui-ci en 1993, il n’a plus jamais poursuivi cette réalisation titanesque. Pourquoi ? Est-ce parce qu’il n’a plus accès aux deniers publics qui servaient au financement de ce projet démesuré ? Pour notre fixeur, c’est sans doute-là, ce qui explique le rêve que nourrit le président du PDCI de revenir un jour au pouvoir, en vue de mener à leurs termes, ces chantiers éléphantesques.  

 

 

Assane Niada

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