Le président de L’Assemblée nationale a accordé ce mercredi, une interview sur le média français, France 24. L’Avenir vous en propose l’intégralité.
Le 07 juin, vous avez été élu à la tête de l’Assemblée nationale de façon presqu’inhabituelle, avec le soutien de l’opposition. On sait, c’est rare dans la politique ivoirienne, que s’est-il réellement passé ?
Merci, je voudrais profiter de l’opportunité que vous m’offrez pour exprimer ma gratitude au président Alassane Ouattara qui m’a d’abord désigné comme candidat du RHDP et qui m’a donc permis d’être le candidat à l’élection du président de l’Assemblée nationale. Je voudrais prolonger ces remerciements au président Henri Konan Bédié, au président Laurent Gbagbo, qui ont été donc les mandants des différents groupes parlementaires PDCI et PPA-CI et aussi au président Mabri Toikeusse. Ce que je voudrais dire, ce qui est arrivé, c’est d’abord le contexte, nous sommes dans un contexte apaisé, nous sortons d’un dialogue politique ou les différents partis ont su poser les fondamentaux de la convergence qui doit nous ramener à la paix, au renforcement de la cohésion sociale. Mais il faut aussi ajouter que pendant un an d’intérim, nous avons su créer la famille parlementaire, nous avons su développer des relations qui avaient pour objectif de pouvoir aller au-delà de la chapelle politique, de revenir à un esprit fraternel, de maintenir le débat contradictoire, mais que cela se fasse dans un climat apaisé, dans un environnement apaisé, et c’est ce que nous avons fait. C’est vrai que je me suis présenté comme le candidat du consensus. Mais il faut ajouter que je suis certainement la conséquence des différentes tractations qui ont eu lieu depuis quelques mois, des différentes postures et positions qui ont évolué depuis quelques mois. Et d’ailleurs, on le voit, tout dernièrement, Charles Blé Goudé a reçu son passeport pour son retour. On peut noter que depuis son retour, le Président Gbagbo circule librement à travers la Côte d’Ivoire. Il voyage et il revient, le président Bédié entretient de bonnes relations avec le président Alassane Ouattara.
Je considère que c’est tout un ensemble d’éléments qui ont permis à toute l’opposition d’être rassurée et de pouvoir aisément opter pour mon élection à la présidence de l’assemblée.
Donc, ce que vous voulez dire, c’est que ce n’est pas un hasard, ce n’est pas un accident, c’est le fruit de tractations on imagine au plus haut niveau entre Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Ce sont eux qui ont donné le feu vert à cette unanimité !
Je veux dire qu’il y a eu deux composantes. Il y a ce que les représentants de ces mandants à l’Assemblée nationale ont su créer à travers nos relations. Mais ce qu’il faut noter, c’est que les mandants tels que le président Alassane Ouattara, le président Henri Konan Bédié, le président Laurent Gbagbo, sans qu’il y ait des tractations ciblées, entretiennent une relation apaisée. Ils ont aussi favorisé les relations que nous avons entretenues entre nous. Je voudrais noter que notre Assemblée Nationale regorge l’ensemble de tous les acteurs politiques clés de ce pays et ceci est important parce que le secrétaire exécutif du PDCI, en la personne de Maurice Guikahué, est député. Moi-même, secrétaire exécutif du RHDP, je siège à l’Assemblée, le président exécutif du PPA-CI, Oulai Hubert, est à l’Assemblée, Mabri Toikeusse est à l’Assemblée, Affi N’guessan est à l’Assemblée. Mais ce sont ces acteurs qui ont décidé ensemble de dire, nous avons tout connu en Côte d’ivoire, la rébellion, les violences, les marches mais à la fin, nous avons terminé par le dialogue.
Dorénavant, pourquoi ne pas commencer par le dialogue pour aboutir au renforcement de la cohésion sociale dans le but de renforcer la construction de notre nation.
Alors, cela pose la question. On parle depuis quelques semaines d’une possible rencontre justement à trois (3) entre Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Est-ce que ça va se faire ? Si oui, quand ?
Je voudrais dire que déjà, lors du dialogue politique, nous l’avons souhaité. Les mêmes acteurs qui sont au dialogue politique sont les mêmes qui sont à l’Assemblée. Nous l’avons souhaité et nous pensons avoir eu des échos favorables. Donc, nous attendons de voir, et d’ailleurs, c’est une volonté affichée par le Président de la République. Je me souviens qu’au mois de juillet dernier en 2021, lorsqu’il recevait le président Laurent Gbagbo, il avait donc évoqué la possibilité de la rencontre avec le président Bédié et le président Laurent Gbagbo.
Ça fait quasiment un (1) an !
Oui ! Mais ceci étant, il n’y a pas eu de rupture, ils se parlent. Je donne pour exemple, nous étions à Daoukro la semaine dernière pour présenter nos condoléances au président Henri Konan Bédié et il nous a été indiqué de transmettre au président Alassane Ouattara, tous les remerciements et gratitudes pour son apport et sa présence continue aux côtés du président Henri Konan Bédié lors du décès de son frère. C’est dire qu’il y a une relation qui est entretenue entre les différents chefs. Maintenant, le calendrier politique relève de leur différent agenda. Ceci étant, nous restons convaincus que le président Alassane Ouattara affiche sa volonté de rassembler les Ivoiriens autour de l’idéal de paix pour une stabilité d’une Côte d’Ivoire forte. Naturellement, il respectera ce qu’il a indiqué en 2021, lorsqu’il recevait le président Laurent Gbagbo. C’est une question d’agenda.
Il y a un projet de loi à l’Assemblée nationale qui pourrait peut-être les diviser. Ce projet porté par un député indépendant Antoine Assalé Tiémoko depuis le mois d’avril, propose de rétablir la limite d’âge pour se présenter à l’élection présidentielle à 75 ans. Ce qui, de facto, éliminerait les 3 géants de la politique ivoirienne. On sait qu’Alassane Ouattara est plutôt favorable, Laurent Gbagbo est totalement contre, où en est ce projet de loi ?
D’abord, ce n’est pas un projet de loi. Il a introduit, il a initié, c’est une proposition qui émane d’un député. Nous n’avons pas encore établi la recevabilité de cette demande, donc on ne peut pas parler de projet de loi. Ceci étant, de mon point de vue, je considère que la démocratie doit pouvoir s’exprimer sans qu’on ne soit obligé d’élaborer une constitution personnalisée. Nous avons une constitution qui permet à tout Ivoirien de 35 ans sans limite d’âge, de pouvoir être candidat. Si les partis politiques considèrent que les présidents de leurs partis, nonobstant l’âge qu’ils ont, sont capables de se présenter comme candidats, je considère que si notre constitution le permet, il faut donc s’en tenir à la constitution.
Vous êtes donc défavorable à la limite d’âge !
Non, je vous dis, restons collés à la constitution. Pour l’heure, il n’y a pas eu de loi parlant de limite d’âge. Donc, moi, je reste collé à la constitution et c’est la constitution qui régit, permet donc au code électoral d’établir la possibilité des candidatures.
Vous le connaissez bien, est-ce que vous n’avez pas le sentiment qu’il aimerait bien réussir sa sortie ?
Qu’est-ce que vous voulez appeler le succès de sa sortie ?
Ce qu’il avait voulu faire la dernière fois, voilà en disant « je ne me représente pas et je laisse la place aux jeunes ».
Est-ce que la qualité de diriger est liée à l’âge ou à la compétence, ou à la vision ?
Pour ma part, je considère que le président Alassane Ouattara, lorsque nous échangeons avec lui, on note que l’âge n’a pas impacté sa vision pour la Côte d’Ivoire. On note que l’âge n’a pas entamé sa volonté d’offrir le bonheur aux peuples de Côte d’Ivoire. Donc, je ne veux pas inscrire l’âge comme étant un handicap à la capacité du président Alassane Ouattara à continuer de donner le bonheur aux Ivoiriens.
Source : France 24