Charles Blé Goudé a accordé une interview exclusive à la chaine de télévision NCI. L’Avenir vous en propose de larges extraits.
Craignez-vous des représailles ?
« Quelqu’un qu’on veut mettre en prison, on ne lui envoie pas un chef de cabinet. On lui envoie un juge ou une commission rogatoire. Le Président Ouattara m’a envoyé son chef de cabinet pour qu’on parle de tout cela. Je ne crois pas qu’on soit dans cette logique de remuer un couteau dans une plaie à peine cicatrisée. Donc, je fais confiance à cette démarche que je salue d’ailleurs. Cela fera partie des discussions que nous allons avoir. Le Président Gbagbo est condamné à 20 ans. Il est en Côte d’Ivoire. Koné Katina est condamné à 20 ans. Il est en Côte d’Ivoire, il a même été réintégré dans sa fonction au sein de la Fonction publique. Akossi Bendjo a été condamné à 20 ans, je peux en citer autant. Cela veut dire que le chef de l’État est dans un esprit de rapprocher les Ivoiriens davantage et de tourner la page. Et je pense qu’on ne tourne pas une page de guerre à moitié. Nous avons tous quitté la Côte d’Ivoire pour la même raison. »
« Je suis la personne légitime pour bénéficier du nom de Gbagbo »
« Je suis dans cette posture parce que mon père m’a éduqué. Le Président Laurent Gbagbo m’a pris en amitié. Pour certains, ce n’est que leur leader. Moi, en plus de cela, il m’a pris en amitié. Il parle de tout et de rien avec moi. Nous avons vécu des situations très douloureuses ensemble. Parmi les milliers de collaborateurs qu’il avait, le sort a voulu qu’on soit là. Je respecte la douleur qu’on a vécu ensemble. Je n’ai pas à m’exhiber sur les réseaux pour exprimer quoi que ce soit. Surtout que le canal n’est pas du tout rompu. La politique, c’est autre chose. Je ne suis pas membre de son parti. Je suis président d’un parti politique. Deuxièmement, je n’aime pas du tout utiliser le nom du Président Laurent Gbagbo pour que je bénéficie de son estime. J’en ai droit. Hormis ses enfants biologiques qu’on connaît tous, la personne légitime pour bénéficier du nom du Président Laurent Gbagbo, c’est moi. Parce qu’il n’y avait quelqu’un pour être dans la douleur avec le Président Laurent Gbagbo. Oui, je bénéficierai du nom du Président Laurent Gbagbo. J’utiliserai quand je veux et comme je veux. Ce tribunal-là, je suis prêt à y participer. »
« Simone Gbagbo est ma mère, je suis avec elle »
« D’abord, l’amour, ce n’est pas un référendum où on a besoin de supporteurs ici et supporteurs là. Je respecte le Président Laurent Gbagbo. Un enfant n’a pas le droit de regarder dans le lit ou le drap de son père. En ce qui concerne la relation conjugale entre le Président Laurent Gbagbo et son épouse. Le reste, moi, je suis un villageois dans l’âme. J’ai fait Guibéroua, mais j’ai grandi chez les Koulango. Ta mère, même si ton papa se sépare d’avec elle, elle reste ta mère. Parce que moi je suis orphelin. Quand ta mère a quitté la maison conjugale, là où elle est, le soir, tu rases les murs pour aller manger avec elle. Et tu rentres après. Simone Gbagbo est ma mère. Je la suis. Je suis avec elle. Pas avec l’épouse de mon père. Mais la femme que moi j’ai vue sur les médias et la femme dont je connais le parcours politique, je n’accepte pas. Pourquoi ? Parce que le Président Laurent Gbagbo est en brouille avec une personne, tout le monde doit être en brouille avec cette personne ? Aide-moi à détester, pourquoi ? On peut servir de pont, non ? On peut servir de rapprochement, non ? Pourquoi on doit se dresser contre l’autre ? J’ai beaucoup de respect pour cette femme. Pour autant, je n’ai pas de brouille avec le Président Laurent Gbagbo. »
Propos retranscrits par Olivier Yéo
