Dans le cadre de sa visite de travail aux États-Unis, le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, s’est adressé, hier mardi 14 mars 2022 au conseil d’administration du groupe de la Banque mondiale.
Devant un conseil d’administration de la Banque mondiale, réuni au grand complet, Patrick Achi a exposé le modèle de développement économique de son pays. La Côte d’Ivoire, on le sait, est la première puissance économie de la sous-région UEMOA. Elle compte parmi les meilleurs élèves en matière de gestion des finances publiques et est championne de l’orthodoxie financière depuis l’accession au pouvoir du Président Alassane Ouattara. Grâce à ses relations de confiance avec la communauté financière internationale, la Côte d’Ivoire a bénéficié des appuis financiers de la Banque mondiale. Ces appuis sont passés de 600 millions de dollars à environ 2700 millions de dollars pour l’IDA19. Ils devraient encore largement progresser en ce qui concerne l’IDA 20, au regard de l’ambitieux programme de développement dénommé « Côte d’Ivoire 2030 ».
« Au regard des enjeux majeurs d’accélération de notre développement pour permettre à notre Nation de faire face aux 3 défis démographiques, climatiques et de stabilité sous-régionale que nous devrons affronter, nous ne doutons pas que la dynamique d’augmentation des ressources allouées à notre pays se poursuivra dans le cadre de l’IDA 20 », a soutenu Patrick Achi dans son allocution devant le conseil d’administration du groupe de la banque mondiale.
Pour préparer la Côte d’Ivoire aux nouveaux défis en matière développement, le président ivoirien avait instruit, dès 2018, le Comité national de politiques économiques (CNPE) de dresser un diagnostic sans concession de la politique économique et sociale de son pays. Cela, pour établir une cartographie objective, réaliste et pragmatique, afin de proposer au pays, les actions stratégiques à mener pour les 10 prochaines années. Selon Patrick Achi, il ressort de ce constat d’énormes acquis sociaux, économiques et humains, palpables et visibles. Cependant, le Premier ministre ivoirien note que cela a permis d’anticiper sur les principaux défis majeurs auxquels la Côte d’Ivoire aura à faire face. Ces défis se résument en deux points : les limites du modèle de développement et le rôle de l’État-Administration et la soutenabilité à long terme d’une politique d’investissement public, dans le contexte de maintien de la stabilité macro-économique et des grands équilibres.
Donner la priorité au secteur privé
« Nous sommes parvenus à une conclusion simple, majeure, évidente pour beaucoup en Amérique, mais encore trop rare sur notre continent : nous devons faire du développement du secteur privé, notre priorité absolue et le principal vecteur de convergence pour intégrer les deux défis que je viens de mentionner », a indiqué M. Achi. « C’est grâce à son accélération, et seulement grâce à elle, que nous pourrons répondre à nos ambitions de la vision 2030 en termes de progrès économiques, sociaux et humains », a-t-il ajouté. Le Premier ministre, Patrick Achi, à travers cet exposé, a réussi à influencer, à changer la perception des administrateurs du groupe de la banque mondiale, sur la capacité de la Côte d’ivoire à travailler efficacement pour faire du secteur privé, le poumon et le cœur de sa nouvelle politique de développement. Insistant sur ce changement de paradigme, il a expliqué les réformes en cours en Côte d’Ivoire pour moderniser l’administration, lutter contre la corruption, promouvoir la bonne gouvernance et surtout pour faciliter l’accès des entreprises aux sources de financement.
Changer de paradigme
Patrick Achi a également invité les partenaires financiers, les bailleurs de fonds dont le groupe de la Banque mondiale, à opérer aussi un changement de paradigme, à faire évoluer leurs modèles, ainsi que leur vision, afin de contribuer plus efficacement au développement des économies locales, africaines comme la Côte d’Ivoire. « Un tel changement de paradigme doit aussi se traduire, nous le pensons, par un changement d’approche de nos partenaires. Nous n’allons pas réussir une telle transformation structurelle à travers des projets de développement, même bien conçus et efficaces, s’ils n’entrent pas dans une vision globale conçue autour de l’émergence d’un secteur privé dynamique », a-t-il affirmé.
« La vision 2030 implique des réformes importantes que nous sommes appelés à mettre en œuvre dans le cadre de sa déclinaison dans le PND 2021-2025. Ce plan porte sur un coût de 59 000 milliards de FCFA, soit près de 100 milliards de USD, dont les ¾ devront provenir du secteur privé », a-t-il ajouté. En définitive, le Premier ministre ivoirien a partagé avec les administrateurs du groupe de la Banque mondiale, le souhait du président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, de nouer et d’établir de nouvelles relations de coopération, basées sur l’appui et l’aide au secteur privé local afin d’en faire le maillon fort des prochaines croissances économiques de nos États. Le chef du gouvernement ivoirien a invité ses hôtes à instaurer une ingénieuse complémentarité entre les institutions financières internationales dans la mise en œuvre de projets intégrés, à apporter un appui financier stratégique à la Côte d’Ivoire dans le cadre de la lutte contre la fragilité, et à procéder à un investissement massif dans la modernisation de l’agriculture, y compris l’accès aux intrants, le développement de l’aquaculture, la production et la transformation de produits vivriers. « Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara souhaiterait ainsi que puisse être étudiée pour l’avenir, la possibilité d’établir une nouvelle phase de relation, autour du développement du secteur privé. Dans cette nouvelle orientation, la Côte d’Ivoire peut jouer le rôle de pilote, de sorte à étendre l’expérience à toute la sous- région », a conclu M. Achi.
Ténin Bè Ousmane