Les victimes de la crise post-électorale préparent, pour ce lundi 10 mai 2021, un « sit-in devant le Palais de justice au Plateau ». L’annonce a été faite hier, par Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (Cvci), au cours d’une conférence de presse qu’il a animée à la Bibliothèque nationale au Plateau.
Malgré l’acquittement total de l’ancien président Laurent Gbagbo et de son poulain Charles Blé Goudé, les victimes ne veulent pas lâcher du lest. Pour le président du collectif des victimes, les décisions qui ont été prises aussi bien à La Haye et qu’en Côte d’Ivoire ne sont pas de nature à éviter la commission d’autres crimes. « Nous sommes aujourd’hui face à la Nation pour réaffirmer notre engage- ment aux côtés des victimes dans leur quête de justice et de vérité et pour lancer nos activités de lutte contre l’impunité et la promotion des auteurs de crimes. Nous voulons également dénoncer les répétitions des lois d’amnistie et de grâces présidentielles qui ne sont pas de nature à éviter la répé- tions de la commission des crimes et des regains de violence dans le pays », a indiqué d’entrée Issiaka Diaby et de poursuivre : « Il y a eu des décisions d’acquittement de l’ancien président, Laurent Gbagbo, et de Charles Blé Goudé par la justice internationale. Nous prenons acte de ces décisions. En revanche, nous réclamons l’application des décisions de la justice ivoirienne à l’encontre de ces deux personnes. Nous savons tous qu’elles ont été condamnées ici à 20 ans de prison », a ajouté Issiaka Diaby. Pour le conférencier, le retour de Laurent Gbagbo qui se prépare avec faste par ses partisans est une caution tacite à l’impunité. « Aujourd’hui les victimes sont là et nous voyons nos bourreaux en train d’être reçus par des autorités de notre pays. Il a été publiquement annoncé que Laurent Gbagbo, dès son retour, va bénéficier de tous les privilèges liés à son statut d’ancien chef d’Etat. Nous ne sommes pas contre ce fait. Mais dans cette affaire, toutes les promesses faites aux victimes n’ont jamais été tenues. Jusque-là les victimes n’ont pas obtenu la justice, elles n’ont pas obtenu la vérité sur la commission des crimes, il n’y a jamais eu de repentance de la part de ceux qui ont commis ces crimes, ni dans le cadre de la CDVR, du PNCS, de la CONARIV encore moins devant la justice pénale internationale », a-t-il déploré.
« Toutes les victimes seront à l’aéroport pour accueillir Gbagbo »
Pour le président du Cvci, ces déci- sions doivent être donc appliquées, d’où le sit-in de ce lundi devant le Palais de justice pour faire entendre la voix des victimes. « On rend une décision de justice pour le peuple. Nous, victimes, avons beaucoup perdu dans cette crise. L’argent du braquage de la Bceao a servi justement à entretenir l’économie de guerre qui a fait des dizaines de milliers de victimes. Blé Goudé s’est rendu coupable d’actes de tortures, d’homicides volontaires et de viol. D’ailleurs, la justice l’a sommé de nous dédommager. Nous exigeons l’application des décisions de justice », a martelé Issiaka Diaby. Il annonce une rencontre avec le Procureur de la République, Adou Richard, pour l’application desdites décisions. A côté de ce sit-in, les victimes comptent également mettre en place un comité d’accueil pour l’aéroport, le jour du retour de l’ex-chef d’Etat et Charles Blé Goudé. « Nous serons à l’aéroport pour les accueillir et pour nous assurer que les décisions de justice sont bel et bien appliquées. Toutes les victimes de Côte d’Ivoire y seront. Nous nous organisons à cet effet », a annoncé le président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire. Notons que Laurent Gbagbo a été condamné, début novembre 2019, à 20 ans de prison pour le « braquage de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) » pendant la crise post-élec- torale de 2010-2011. Quant à Charles Blé Goudé, il a été condamné par contumace à 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de Fcfa de dommages et intérêts à verser aux victimes. Blé Goudé est accusé par la justice ivoi- rienne « d’actes de torture, homicides volontaires et viol », lors de l’ouverture de son procès, le 18 décembre 2019 »