La mission confiée par Alassane Ouattara à Patrick Achi, de ramener le Pdci au Rhdp s’annonce pour le moins délicate. Et c’est peu dire. Du moins, à en juger par la réaction de la presse proche du Pdci après la main tendue par le chef de l’Etat à son aîné.
L’appel lancé par Ouattara au Pdci suscite déjà des réactions dans le parti de Bédié. La presse proche du parti septuagénaire n’a, en effet, pas mis beaucoup de temps à réagir. « Non Ouattara, le Pdci ne reviendra plus jamais au Rhdp ! », tonne un quotidien. « En difficulté, Ouattara appelle Bédié au secours », raille un autre, quand un autre y va plus fort en lançant : « Et si Ouattara avait peur de l’alliance Pdci-Fpi ? ». Voilà qui donne une idée de l’écho que l’appel de Ouattara à Bédié a eu dans la cour de la « maison du parti » à Cocody. Des réactions qui viennent en rajouter à la pression que doit avoir exercé sur le Premier ministre, Patrick Achi, la mission que lui a confiée le chef de l’Etat et président du Rhdp, depuis le jeudi 29 avril 2021. Recevant les populations du Grand Sud et de l’Est, Ouattara avait exhorté le Pdci à reprendre sa place au sein du Rhdp. « Dans ma vision de la Côte d’Ivoire, le Pdci doit être au Rhdp », avait déclaré le chef de l’Etat. Dans la foulée, il a instruit le Premier ministre Patrick Achi d’œuvrer à relever le défi de ramener Bédié et le Pdci au sein du Rhdp, dont ils sont partis du temps où le Rhdp n’était encore qu’un groupement politique. A en juger par ces premières réactions de désapprobation, on peut dire que la mission s’annonce délicate. D’autant qu’au-delà du rejet de la main tendue, dont se fait l’écho la presse proche du Pdci, le porteparole du parti, Jean-Louis Billon, a lui aussi embouché la même trompette. « HouphouëtBoigny n’a connu qu’un parti, le Pdci-Rda», a -t-il craché, avant d’asséner. « C’est plutôt le Rhdp qui a sa place au Pdci». S’agit-il là d’une réaction officielle du Pdci ? On pourrait le penser, a priori. Pour hostiles qu’elles soient, ces premières réactions ne devraient cependant pas doucher la détermination de Patrick Achi à mener à bien cette mission qui lui a été confiée. Même si le lourd contentieux qui a opposé le président du Pdci à son cadet de président, et qui a été à l’origine de leur « divorce », pourrait décourager un médiateur timoré. Patrick Achi n’est pas de cette trempe, comme en témoignent tous les grands dossiers qu’il a eu à gérer, notamment quand il était au ministère des Infrastructures économiques. Nul doute qu’il saura miser sur sa bonne connaissance du Pdci et de la sociologie de son « peuple » pour gagner son pari. Il pourrait, par ailleurs tirer parti des solides relations que son vécu au sein du parti septuagénaire, lui ont permis de tisser pour mener à bien la mission. Autant d’atouts qui devraient lui permettre de s’acquitter de ce devoir, en dépit de réels écueils qui ne manqueront pas de se dresser sur son chemin.
Assane NIADA