Politique

Adoption du budget de l'État/Après les députés : Comment les sénateurs du PDCI ont voulu torpiller le vote

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Et rebelotte ! Après le camouflet de l’Assemblée nationale où les députés du PDCI-RDA ont décidé de sanctionner systématiquement tous les projets de lois présentés par les ministres du RHDP, issus de leur formation politique, les sénateurs du vieux parti ont décidé d’en faire autant. 

La fin de la rancœur qui anime le quarteron de cadres du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, suite à l’adhésion de ses principaux animateurs au RHDP, n’est pas demain la veille. Animés par un dépit politique non encore digéré, ceux-ci ne ratent aucune occasion pour procéder à des règlements de comptes à ceux qu’ils considèrent comme des « traitres » dont le départ a vidé le PDCI-RDA de toute sa substance. Ainsi, après l’échec du plan commun des députés de ce parti qui ont systématiquement voté contre les projets de lois soumis par tous les ministres transfuges du PDCI-RDA, les sénateurs ont pris le relais. Cette fois-ci, la scène se passe à Yamoussoukro, au siège du Sénat et au pied de la Basilique. Comme ils s’étaient passé le mot, c’est le même mode opératoire qui a été utilisé qu’à l’Assemblée nationale. À savoir, critiquer sévèrement les projets de lois soumis par les ministres ex-cadres du PDCI et voter contre eux lors de l’adoption. À la seule différence de l’Assemblée nationale, ici, ce n’est pas tous les ministres transfuges du PDCI-RDA qui ont été ‘‘cuisinés’’ par leurs anciens camarades. Certains ont été subitement ménagés, tandis d’autres ont été cloués au pilori. Que s’est-il passé après l’épisode de l’Assemblée nationale pour que les vénérables du PDCI mettent un peu d’eau dans leur vin ? Seuls les hommes de Bédié au Sénat ont la réponse à cette question. Mais, en tout état de cause, comme ils l’ont fait à l’Assemblée nationale, les élus du plus vieux parti ont poursuivi leur plan commun dans la Chambre haute du Parlement. De tous les ministres ex-cadres du PDCI qui sont passés devant les vénérables, beaucoup ont certes, été cuisinés, mais la tête d’un parmi eux était mise à prix : il s’agit du ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani. Comme il fallait s’y attendre, après l’exposé des motifs, c’est avec le couteau entre les dents que les sénateurs issus de l’ancien parti unique ont tenté de démonter pièce par pièce, le budget d’Adjoumani. Personne n’aurait crié au scandale si et seulement si ces critiques avaient été faites dans les règles de l’art, comme le réclament d’ailleurs, les Ivoiriens qui ne souhaitent plus que leur Parlement soit une chambre d’enregistrement. Mais les sénateurs du PDCI-RDA ont préféré pratiquer la politique politicienne, plutôt que de faire des critiques objectives pour l’amélioration des projets de lois qui leurs sont soumis. 

Du ‘‘Goumin politique aux vulnérables sénateurs’’

 

Et sur la question, l’ancien ministre Moïse Koumoué Koffi, président de la Commission des affaires économiques et financières du Sénat, figure de proue du parti de Bédié, ne l’a pas caché. Au vu et au su de tout le monde, quand le ministre Adjoumani a cherché à comprendre l’attitude de ses anciens camarades du PDCI-RDA, la réponse de Koumoué Koffi se passe de commentaires : « Le débat est technique, mais le vote est politique ». Comme on peut le voir, cette petite phrase exprime en elle seule, le plan commun des élus du PDCI qui a commencé à l’Assemblée nationale pour se poursuivre au Sénat. Malgré cette torpille au pied de la Basilique, sous le regard très réprobateur du père de la Nation, Félix Houphouët-Boigny, l’Éléphant du Gontougo ne s’est pas laissé faire. Ayant compris le stratagème des sénateurs de son ancien parti, Kobenan Kouassi Adjoumani a décidé aussi de crever l’abcès, en dénonçant cette posture qui contrarie avec les valeurs républicaines que prétend pourtant, défendre cette formation. Comme il l’a fait à l’Assemblée nationale en dénonçant le ‘‘Goumin politique’’ de ses anciens amis, Adjoumani a littéralement fracassé les élus du PDCI au Sénat, en les traitant de « vulnérables » sénateurs. « Je suis particulièrement heureux de savoir que les sénateurs issus du RHDP ont voté à l’unanimité mon budget et que les autres ont décidé de s’abstenir. Ça aussi, c’est leur droit, parce que nous sommes en politique. Je suis heureux aussi, parce que ça veut dire que je ne triche pas. Je suis engagé auprès de mes chefs, je suis RHDP, je ne triche pas. Aujourd’hui, le budget qu’on a voté n’est pas mon budget, c’est le budget d’un ministère, même si je suis le premier responsable qui incarne ce ministère. Je n’ai rien à me reprocher, surtout que tous les intervenants ont apprécié la pertinence de notre déclaration et la teneur des réponses affectées à chaque question. Le paradoxe, c’est qu’il y a quand même eu des gens qui se sont abstenus. Mais, ce n’est pas grave, car en venant ici je m’attendais plus ou moins à ça. Je n’ai plus rien d’autre à dire, sauf à dire merci aux vénérables sénateurs qui ont voté le budget du ministère de l’Agriculture et aux ‘‘vulnérables’’ sénateurs qui n’ont pas voté le budget du ministère de l’Agriculture », a indiqué en substance, le ministre Adjoumani. Ce qu’il convient de dire, c’est qu’au terme de cette présentation de la loi de finances 2022 devant les deux chambres du Parlement, les élus du PDCI-RDA, au lieu de faire des critiques objectives et constructives, ont plutôt opté pour la politique politicienne avec une forte senteur de dépit amoureux politique. Ainsi va la politique sous nos tropiques avec certains partis politiques, même vieux de 75 ans.

Kra Bernard

 

 

 

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