Au cinquième jour des combats, les échanges de tirs et les détonations n’ont pas cessé. Toute la nuit, la ville a tremblé. Ce mercredi 19 avril 2023, des bombardements aériens des forces armées ont visé l'aéroport international détenu par les Forces de soutien rapide. Les frappes ont incendié les réservoirs de fuel, projetant un épais nuage noir sur la ville.
À 18 heures mardi soir, l’heure convenue pour le début de la trêve, les affrontements avaient encore lieu aux quatre coins de la capitale. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir violé le cessez-le-feu. Ni al-Burhan, ni Hemedti ne semblent respecter les engagements qu’ils prennent vis-à-vis des chancelleries internationales, qui n’ont de cesse d’appeler à la désescalade. Ce mercredi matin, d’importantes frappes ont lieu dans le centre-ville, autour du palais présidentiel et du commandement des forces armées. Un immense panache de fumée obscurcit Khartoum. Une situation hors de contrôle
Les civils, eux, n’ont pas trouvé le sommeil. L’objectif de la trêve, qui n’a pas eu lieu, était de leur permettre d’évacuer les zones de guerre, faire des provisions, transporter les blessés dans les hôpitaux ou enterrer dignement leurs morts, car des cadavres jonchent les rues de la ville.
Des petits groupes de civils ce matin se sont dirigés vers le sud de Khartoum avec quelques affaires emportées à la hâte dans des sacs plastiques. Ces derniers slalomaient entre des cadavres et des carcasses de véhicules militaires. Un exode a commencé, des files de voitures ont pris la route de Wad Madani au sud-est de la capitale où aucun combat n'a été recensé. Pour ceux qui restent, c'est toujours l'incertitude et les réserves s'amenuisent.
Contrairement aux dires de l’armée ces derniers jours, ce sont plutôt les Forces de soutien rapide (FSR) restées loyales au général Hemedti qui occupent et contrôlent de larges pans de la capitale. Dans les quartiers résidentiels, les miliciens ont procédé à des arrestations, des pillages et des exactions contre les civils. Un cas de viol a été recensé impliquant une expatriée japonaise. Le gouvernement japonais est d'ailleurs le premier à avoir annoncé préparer l'évacuation de ses ressortissants. Une opération qui devrait être délicate, alors que les tirs et bombardements sont constants et que l'aéroport de Khartoum, cible des combats, est hors service.
Bema Bakayoko avec RFI.fr