Les ministres des Armées, Sébastien Lecornu, et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, au Niger ces derniers jours ; le président Macron dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne à la fin du mois : la France engage sa nouvelle stratégie au Sahel.
« Un coup d’accélération, relève Le Point Afrique. Emmanuel Macron ouvre la porte à une transformation de l’offre militaire française en Afrique, vers un dispositif plus discret, qui imposera de fait de revoir l’ensemble des dispositifs français sur le continent. Ce changement de cap intervient alors que l’armée française est en passe de quitter le Mali à la fin de l’été et qu’elle a des milliers de militaires impliqués dans la lutte anti-djihadiste au Sahel. »
Et le partenaire central de Paris sera le Niger, pointe Le Monde Afrique, « où elle va maintenir plus d’un millier d’hommes et des capacités aériennes pour fournir un appui feu et du renseignement aux armées nigériennes dans le cadre d’un 'partenariat de combat'. » Et désormais, « plus question pour les soldats d’agir seuls, mais seulement en deuxième ligne, en appui des forces locales et en fonction de leurs demandes. »
Discret pour être plus efficace ?
En effet, note Mourya La Voix du Niger, « la grande particularité, qui pourrait être en même temps la force, de la présence militaire française repensée sera sa discrétion. Toute chose qui évitera à la France, marquée comme au fer du péché originel de pays colonisateur, d’être taxée de force d’occupation étrangère. Le Niger (…) accueillera Barkhane, tout comme il renforce sa coopération avec tous ses voisins et ses partenaires européens, américains, indiens et chinois. Car le président Mohamed Bazoum ne rejette aucun soutien, lui qui (…) demeure persuadé que le combat contre le terrorisme ne peut se mener seul, et a fortiori se gagner seul. »
« Terrorisme en Afrique : depuis le Niger, Macron veut faire beaucoup avec moins » : c’est du moins ce que constate WakatSéra au Burkina Faso. « La nouvelle marche envisagée dans le cadre de la coopération française, si elle est rigoureusement appliquée est porteuse d’espoir, estime le site burkinabé, non seulement pour la France, mais également pour les peuples africains. En effet, le tout militaire fera place au duo sécurité et développement, l’un n’allant, d’ailleurs, pas sans l’autre. (…) En clair, les militaires et les agents de développement français marcheront la main dans la main. Le nouveau schéma de la coopération militaire française, surréaliste jusque-là, placera les Forces de défense et de sécurité nationales au-devant des choses. Les troupes françaises serviront de soutien aux armées africaines qui devront conduire elles-mêmes les opérations de terrain. »
Attention toutefois, prévient WakatSéra, « la France, compte tenu de l’échec de son ancienne politique, n’a plus le droit de jouer avec la confiance de ses partenaires africains, qui sont désormais dotés d’une opinion. Sinon gare à l’effet boomerang ! »
Appui militaire + aide au développement
Alors la participation militaire française au Sahel sera réduite certes, mais l’aide au développement sera donc accrue… C’est ce que relève Le Pays, toujours au Burkina : « en effet, Paris a signé avec Niamey un prêt de 50 millions d’euros pour le renforcement du réseau électrique et fait un don de 20 millions d’euros. La France va également augmenter de 66% son aide alimentaire au du Niger cette année, à 8 millions d’euros. Visiblement, pointe Le Pays, cette option de l’Hexagone d’associer le développement et la lutte contre le terrorisme a été bien appréciée par la partie nigérienne. Le chef de la diplomatie du Niger l’a traduit en ces termes : 'si nous ne gagnons pas la guerre du développement, nous perdrons à terme la guerre contre le terrorisme'. »
Enfin, on revient au Point Afrique qui note qu’« au-delà d’aider à contenir les violences djihadistes qui menacent de s’étendre jusqu’au golfe de Guinée, l’enjeu pour Paris du maintien d’une présence militaire française est d’éviter un déclassement stratégique, à l’heure d’une compétition accrue sur la scène internationale. En Afrique de l’Ouest, les Russes mènent une stratégie agressive d’influence à coups de campagnes massives de désinformation antifrançaise. 'Les attaques menées par Wagner sur les réseaux sociaux dépassent largement le Mali et se répandent en Afrique', avertit le renseignement militaire de Barkhane. 'On a redécouvert ce danger, mais c’est un des ressorts de la guerre'. »
Rfi