Consommé par une très grande majorité de la population et toutes les classes sociales, le pain est devenu, après l’attiéké, la nourriture quotidienne des Ivoiriens.
Aliment complet, le pain est riche en glucides, en vitamine B et un coupe-faim présent dans tous les repas en raison de son coût plus ou moins accessible et de sa disponibilité.
Le secteur de la Boulangerie, pourvoyeur d’emplois pour les jeunes en particulier connait depuis la crise sanitaire et le conflit russo-ukrainien des difficultés auxquelles, les professionnels et le gouvernement s’emploient à trouver des réponses.
Dans ce dossier, nous présentons les grandes initiatives du gouvernement de ces deux dernières années pour éviter une implosion du prix de la baguette et ses incidences sur le secteur de la boulangerie ainsi qu’au niveau des populations.
Les difficultés et défis du secteur de la Boulangerie
Le secteur de la Boulangerie reste confronté à certains défis de taille dont ceux portant sur le cadre réglementaire, notamment le non-respect de la mesure de distanciation de 500 mètres entre deux boulangeries, le peu de qualification des acteurs, le manque de sécurité sociale de nombreux travailleurs ; La présence de boulangeries clandestines, la pression fiscale, l’insalubrité des locaux et la présence de revendeurs informels, le tout en violation des dispositions réglementaires en vigueur.
En plus des éléments de dysfonctionnement suscités, le secteur de la Boulangerie reste confronté ces dernières années, à la hausse des coûts des principaux facteurs de production. En effet, le blé, qui est la matière première de base dans la fabrication du pain, subit de fortes fluctuations des cours. Cette situation a été exacerbée par la covid-19 et la crise en Ukraine.
Le secteur de la boulangerie a subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire avec l’effondrement des ventes suite à la mise en place des mesures de confinement.
Depuis la pandémie du Covid-19 et la survenue de la guerre en Ukraine, le secteur est en difficulté et les boulangers sont régulièrement accusés de ne pas respecter les règles, notamment le poids réglementaire de la baguette.
Le potentiel du secteur
Le secteur de la Boulangerie contribue significativement à la résolution de la problématique de l’emploi des jeunes. En Côte d’Ivoire, on dénombre plus de 2 000 boulangeries qui opèrent sur l'étendue du territoire dont plus de la moitié à Abidjan, la capitale économique. Ce chiffre est en constante progression.
Le marché de la baguette de pain à lui seul pèse plus de 100 milliards de FCFA en Côte d’Ivoire. La filière de la boulangerie-pâtisserie est en pleine croissance et ce boom dans le domaine représente donc une réelle opportunité de création de nombreux emplois décents.
Les initiatives du Gouvernement pour éviter « la grève du pain »
- Soutien économique au secteur face à la Covid-19
Dès l’apparition de la crise sanitaire de la Covid-19, le gouvernement ivoirien a lancé un plan de riposte qui s’est traduit sur le plan économique, à un soutien aux principales filières de l’Economie nationale. Le tout, pour un montant de 650 milliards de FCFA. Cela a permis la préservation de l’outil de production et de l’emploi. Le secteur de la boulangerie a donc pu bénéficier du soutien de l’État aux PME. A cela s’est ajoutée la décision prise par le gouvernement de différer, pour une période de trois mois, le paiement des impôts, taxes et versements assimilés dus à l’État ainsi que des charges sociales, en raison des difficultés de trésorerie des entreprises.
De fait, les mesures arrêtées par le gouvernement pour résoudre les difficultés du secteur de la Boulangerie ont permis d’éviter une grève le 5 juillet 2021. A la suite de concertations avec le gouvernement, de nouveaux grammages et prix du pain ont été fixés. En ce qui concerne le poids réglementaire de la baguette de pain et son prix, le gouvernement dans le but de préserver le pouvoir d'achat des populations et en réponse à la cherté de la vie, a plafonné le prix de la baguette standard de pain de 174g à 150 FCFA et celle de 232g à 200 FCFA.
- Les mesures additionnelles arrêtées dans le cadre du comité d’assainissement du secteur
Pour une viabilité du secteur, le gouvernement a pris des mesures additionnelles, notamment la subvention mensuelle de 6,6 milliards apportée au secteur et l’exonération des droits de douane sur l’importation de blé en vue d’un appui au secteur de la farine-blé pour assurer un approvisionnement régulier du marché ivoirien.
A court terme, le gouvernement prévoyait de créer une ligne de garantie dédiée au secteur de la boulangerie-pâtisserie au sein du Fonds de soutien aux petites et moyennes entreprises et apporter une subvention à travers le Fonds d’appui au secteur informel en vue de l’émergence de champions nationaux.
Une étude sur la mise en place d’une fiscalité adaptée au secteur de la boulangerie au regard de la spécificité de ce secteur, ainsi qu’un projet lié essentiellement au caractère social du pain ont été lancés.
L’échéance en 2023 de toutes ces mesures prises en mars 2022 ainsi que la crise russo-ukrainienne ont entrainé une hausse du coût du sac de farine qui a débouché sur une nouvelle annonce de grève. Aussi, la revalorisation du SMIG s’est présentée comme un nouvel enjeu pour les professionnels du secteur qui peinent à assumer leurs charges.
- Discussions autour de la hausse du prix de la farine de blé
Le samedi 4 février 2023, le Haut Patronat de la boulangerie et de la pâtisserie de Côte d'Ivoire (HPBP-CI) a annoncé un « arrêt de travail » des boulangers du 06 au 07 février 2023 pour interpeller le gouvernement sur la hausse continue du prix du sac de farine.
En effet, le prix du sac de farine de 50 Kg a augmenté, passant de 21.750 Fcfa le prix usine à 25.500 F CFA, soit une hausse de 3.750 Fcfa. Le sac de farine de 50 Kg est cédé par les revendeurs et les distributeurs à 26.500 à Abidjan et jusqu'à 27.000 Fcfa à l'intérieur du pays. Le gouvernement, une nouvelle fois a réussi par la discussion à éviter une autre « grève du pain ».
- Discussions autour d’un Projet de réforme visant à accompagner la modernisation du secteur
Le lundi 6 février 2023 à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre, des membres du gouvernement et les deux autres associations du secteur de la boulangerie et de la pâtisserie à la Primature à Abidjan-Plateau, le Haut patronat du secteur de la boulangerie et de la pâtisserie de Côte d'Ivoire (HPBCI) suspendait son mot d’ordre d’arrêt de travail de 48 heures afin de permettre la poursuite des discussions avec le gouvernement.
Avant d’aboutir à cet accord, des représentants de ministères techniques et les acteurs du secteur de la Boulangerie se sont retrouvés en atelier du 20 au 22 février 2023, à Yamoussoukro, autour d’un projet de réforme de ce secteur important de l’Economie nationale.
Ce projet de réforme devrait aboutir à la mise sur pied d’une fiscalité adaptée à ce secteur avec à la clé, l’instauration d’un fonds de garantie pour aider à la modernisation des boulangeries.
Les travaux de Yamoussoukro participent à l’opérationnalisation des mesures à court terme proposées par le Comité Technique de suivi de la filière blé/farine-boulangerie et adoptées par le Conseil des ministres en sa séance du 30 mars 2022. Ils visent à assainir le secteur de la Boulangerie. A ce jour, toutes les mesures immédiates ont été réalisées.
- Un fonds de garantie doté d’une enveloppe de deux (02) milliards de Fcfa pour le secteur
Face aux revendications exprimées ces dernières semaines par les différentes faîtières du secteur de la Boulangerie, le gouvernement a décidé d’agir. De fait, un fonds de garantie a été décaissé avec, à la clé, une enveloppe de deux milliards de Fcfa. L’annonce a été faite le 22 février 2023 à l’issue de l’atelier initié par le gouvernement à Yamoussoukro.
Le gouvernement, pour le moins qu’on puisse dire, est résolument engagé à faire de la transformation structurelle de la filière blé-farine-pain, l’une de ses priorités afin de trouver des réponses durables aux maux qui minent le secteur.
Bien que les défis du secteur soient importants, le gouvernement selon les orientations du Président de la République, Son Excellence, monsieur Alassane Ouattara accompagne les professionnels du secteur dans le développement de ce secteur économique important.
Toutes les initiatives entreprises par l’État en faveur du secteur ont le mérite de se prémunir de grèves dans le secteur de la Boulangerie. Reste aux acteurs de la filière à faire preuve de résilience et d’innovation en incorporant par exemple, des produits locaux dans la fabrication du pain pour éviter la trop grande dépendance de l’extérieur.
DIRCOM_MICEN