Ouedraogo Wirmi Amadé, plus connu sous le nom d’Amadé Oueremi passera le reste de sa vie derrière les barreaux. Ainsi en a décidé la justice ivoirienne au terme d’un procès de six jours qui a permis de mettre en lumière sa responsabilité dans le massacre de plusieurs centaines de personnes pendant la crise post-électorale à Duékoué. Il a été reconnu coupable de « crimes contre les populations », « pillages », « séquestrations », « coups et blessures volontaires » et « destructions de biens ». Pour ce procès historique, ce sont au total 82 victimes qui se sont portées partie civile pour 24 chefs d’accusation retenues contre le désormais ancien ‘‘seigneur’’ du mont Péko. Quand la sentence est tombée, il y a eu diverses réactions pour lesquelles Amadé devrait certes être condamné pour les graves crimes qu’il a commis, mais pas seul. Pour son avocate ainsi que pour plusieurs organisations socio-politiques, Amadé a cité des noms qui sont des gens notoirement connus et qui devaient venir à la barre pour témoigner. Ainsi, contre mauvaise fortune bon cœur, les tenants de cette thèse se sont vus obligés d’accepter ce verdict. Au-delà de ces spéculations, ce procès mérite que l’on s’y arrête dans la mesure où celui qui a été condamné fait partie des grands criminels de la crise post-électorale et sur qui il y a eu beaucoup de supputations. Pour la petite histoire, Amadé Oueremi est un ressortissant burkinabé qui s’était sanctuarisé dans le mont Peko où il faisait la pluie et le beau temps dans cette forêt classée de l’Ouest ivoirien. Il y a régné comme le chef d’un état dans un état et les crimes qui lui ont été imputé ne se comptent plus. Né en 1964, l’homme s’est installé dans la petite localité de Bagohouo en 1985 pour cultiver la terre après s’être essayé à la mécanique rudimentaire, notamment dans la réparation de vélos. Quand éclate la rébellion de 2002 où les burkinabé sont la cible d’opportunistes qui cherchaient à déposséder allochtones et allogènes, Amadé s’organise et crée une bande armée pour protéger ses plantations. Il y régna en maître absolu avec ses six femmes et 17 enfants. Quand survint la crise post-électorale en 2011 avec l’offensive des FRCI, l’homme trouve là une occasion pour prendre sa revanche sur l’histoire. Lui et ses hommes commettent des crimes atroces et insoutenables. Quand le président Ouattara a eu l’effectivité du pouvoir, une sommation lui été faite de quitter dans les meilleurs délais la forêt classée du mont Péko. Mais ayant agrandi sa milice et sa force de frappe, l’homme a voulu tenir tête à l’Etat jusqu’à ce que l’Armée donne l’assaut en mai 2013 pour le débusquer de cette forêt et y déguerpir tous les squatters. Mis aux arrêts, il a été détenu dans des prisons de haute sécurité jusqu’à sa condamnation à perpétuité la semaine dernière. Sur le fond du dossier, tous sont d’accord que Amadé Oueremi mérite de passer le reste de ses jours en prison pour les crimes qu’il a commis. Si la justice a fait son travail et a prononcé un verdict qui n’a pas été contesté, même par l’avocate du mis en cause, il faut se garder de trouver forcement des co-auteurs ou des gens qui doivent forcement accompagner Amadé en prison. Quand il a été pris en 2013, beaucoup d’observateurs avaient même avancé que c’était une mise en scène du pouvoir pour le relâcher après. La suite du film est connue de tous. Il a écopé de la peine la plus lourde qui existe dans le code pénal. Aucun crime ne doit rester impuni. Cela revient à dire que la justice peut à tout moment interpeller et juger un individu dont la responsabilité est prouvée dans la commission d’un crime quelconque. Pour le moment, Amadé Oueremi, l’un des plus grands criminels de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire a été jugé et condamné et le verdict ne souffre d’aucune contestation. Il faut se féliciter de l’action de la justice et plaider pour que les auteurs des crimes similaires à Abobo, Yopougon, Bouaké etc puissent également être un jour jugés et condamnés.