« Terre. Vie. Héritage : de la rareté à la prospérité ». C’est autour de ce thème que s’ouvre ce matin, à Abidjan, et ce, jusqu’au 20 mai 2022, la 15e conférence des États parties de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification (COP 15). Il est vrai que la Côte d’Ivoire a pour habitude d’abriter des cérémonies d’envergure internationale, mais l’histoire retiendra que la COP 15 est la plus grosse activité des Nations Unies, jamais organisée en terre ivoirienne. Pour ce grand rendez-vous lié aux problématiques environnementales, ce sont au total, 196 pays et de nombreux chefs d’État et souverains qui sont attendus sur les bords de la lagune Ébrié, à partir de ce lundi 9 mai 2022. Il est vrai que d’ordinaire, les Africains, en général, ne s’intéressent pas beaucoup aux questions qui touchent leur cadre de vie, mais l’organisation de la COP 15 en terre ivoirienne, permettra de faire savoir aux populations qu’il y a péril en la demeure et que le désert frappe à leur porte. Pendant longtemps, les Ivoiriens ont cru que les images des enfants faméliques et les zones où l’on parachute des céréales par avion se situaient à des années-lumière d’eux. Mais avec le temps, ils ont commencé à comprendre et à se rendre compte qu’ils ne sont pas à l’abri de ces situations. Avec l’apparition de phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations, les températures extrêmes, les dérèglements au niveau des saisons et la disparition du couvert forestier, ils ont commencé à comprendre qu’il y a urgence à agir et à agir maintenant. L’organisation de la COP 15 en terre ivoirienne vient donc à point nommé. Au-delà des retombées pour le pays hôte, la planète tout entière et singulièrement, le continent africain, place également un réel espoir aux conclusions qui sortiront de ces deux semaines d’intenses activités. Au cours de ce sommet, le chef de l’État ivoirien va présenter « l’initiative d’Abidjan » qui est une proposition de la Côte d’Ivoire contre les changements climatiques. Alassane Ouattara entend mobiliser lors de cette COP 15, entre 600 millions et 1 milliard de dollars auprès des bailleurs de fonds pour restaurer les terres dégradées. Cette initiative qui enregistre déjà l’engouement des parties prenantes et surtout, les partenaires techniques et financiers, sera le point de départ de l’initiative qui fera refleurir les déserts à partir d’Abidjan.
Sur la question, les statistiques sont alarmantes. Un rapport de la FAO présente l’Afrique subsaharienne comme la région la plus durement touchée par la désertification et celle où la pauvreté est la plus étendue. Jusqu’à 65% des terres productives sont dégradées, tandis que la désertification touche 45% des terres en Afrique. Ces mêmes statistiques révèlent que 27 millions de personnes en Afrique de l’Ouest sont en insécurité alimentaire. Ce sont là, autant d’indicateurs associés aux phénomènes climatiques extrêmes qui achèvent de convaincre que la planète tout entière attend beaucoup de « l’initiative d’Abidjan ». D’ailleurs, le thème « Terre. Vie. Héritage : de la rareté à la prospérité » est assez évocateur sur les enjeux de l’organisation de cette COP 15 en terre ivoirienne. Ailleurs, des pays totalement défavorisés par la nature et arides, sont parvenus à dompter le désert. À titre d’exemple, en parvenant à transformer le désert du Néguev en une zone habitable et de grande production de légumes, Israël enseigne au monde entier qu’il est possible de faire refleurir le désert, de nourrir sa population et d’exporter le surplus de sa production. Mais cette success-story découle d’une réelle volonté politique affichée, associée à un engagement citoyen fort auxquels, vient s’ajouter une mobilisation de ressources conséquentes pour la cause. Si l’on s’en tient donc de ce retour d’expérience de l’État israélien, l’on peut conclure que la planète attend beaucoup de la COP 15. Et avec « l’initiative d’Abidjan » qui est pilotée par le président de la République, il y a un réel espoir de croire que l’ambition de faire refleurir les déserts, partira des bords de la lagune Ébrié.
Kra Bernard