Le Premier ministre Jérôme Achi Patrick est de retour en Côte d’Ivoire après un bref séjour en France qui lui a permis de faire quelques examens et analyses médicaux. Mais que n’a-t-on pas entendu, écrit, lu et dit sur ce séjour médical du chef du gouvernement ? Il est vrai, les Ivoiriens gardent un amer souvenir des séjours médicaux en Europe des hautes autorités de leur pays depuis la perte des premiers ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Ba- kayoko qui sont décédés successivement, en espace de quelques mois, le premier juste quelques se- maines après son retour et le second qui aura rendu l’âme dans un hôpital en Allemagne. Au regard de ces faits, c’est donc normal que les Ivoiriens se préoccupent de la santé de cet autre Premier ministre qui, après seulement un mois de fonction, a pris le même che- min que ses prédécesseurs pour aller se faire soigner. Ainsi donc, s’inquiéter pour la santé de son semblable est humain et prier pour son rétablissement est salutaire. Le seul hic dans le cas Achi Patrick, c’est qu’une partie de la classe politique ivoirienne avait déjà fait le constat post mortem et n’at- tendait que la délivrance de son certificat de décès pour faire porter la responsabilité de cet autre décès à un homme : Alassane Ouattara. Quelle cruauté et quelle indécence ! D’aucuns diront que l’humanisme et l’empathie ont quitté certains acteurs de la politique ivoirienne qui n’attendaient que l’annonce du décès du successeur d’Hamed Bakayoko pour clouer encore au pilori le président de la République qui n’a pas en- core fini de pleurer la perte de deux êtres qui lui sont très chers. Les Ecritures saintes nous enseignent que toute âme goutera à la mort. Ceux qui nourrissaient le lugubre dessein de se saisir du décès du locataire de la Primature pour espérer tirer des morbides dividendes politiques apprendront à leurs dépens que seul Dieu décide de la vie et de la mort de chacun d’entre nous. La Côte d’Ivoire ne s’en remettra pas de sitôt du décès de deux premiers ministres en moins d’un an, mais de là à souhaiter la disparition du troisième chef du gouvernement et imputer cette mort à quelqu’un d’autre est simplement mal- sain et immoral. En tant qu’êtres humains, nous de- vons tous apprendre de nos turpitudes. Il n’y a pas long- temps, une célèbre cyber activiste proche de Laurent Gbagbo annon- çait qu’elle allait violer les mesures du couvre-feu et des mesures barrières imposées par la COVID 19 pour sabler le champagne sur les ChampsElysées le jour où on lui annoncerait la mort d’Alas- sane Ouattara. Comment peut-on souhaiter la mort d’un être hu- main pour faire exploser sa joie ? Même à son pire ennemi, l’on ne pourrait pas avoir une telle attitude. Mais comme le souffle de vie ne nous appartient pas et que nul ne peut ajouter ou retrancher une seule seconde de sa vie sur terre, cette cyber activiste est décédée dans les semaines qui ont suivi sa fa- meuse vidéo, c’est-à-dire bien avant Alassane Ouattara. C’est là une leçon de vie qui doit interpeller les charognards de la politique ivoirienne. Le souffle de vie ne nous appartient pas, c’est pourquoi nous de- vons avoir de la mesure dans tous nos faits et actes quand il s’agit d’évoquer la mort de quelqu’un. Pour le reste, nous souhaitons une excellente santé au Premier ministre Achi Patrick et que Dieu lui donne la force de porter cette charge et d’exécuter cette mission à lui confiée par le chef de l’Etat pour le bonheur des Ivoiriens.
KRA Bernard