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LE DIALOGUE POLITIQUE À L’ÉPREUVE DE LA BONNE FOI ET DE LA RAISON

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Fin de clap. Le Premier ministre, chef du gouvernement, a clôturé ce vendredi 4 mars 2022, le cinquième round des assises du dialogue politique en Côte d’Ivoire. Ouverte le 16 décembre 2021, cette session qui a réuni 48 participants issus de 21 partis et groupements politiques, ainsi que 26 organisations de la société civile, était axée sur trois thématiques majeures que sont : les mesures d’apaisement de l’environnement politique, la réconciliation nationale et le cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire.

Ainsi donc, c’est dans une ambiance fraternelle, conviviale et de tapes amicales entre responsables de partis politiques rivaux que le rideau est tombé sur ces rencontres qui auront duré plus de deux mois. À l’heure du bilan, que retenir de ce dialogue ? Il est vrai qu’aucune initiative n’est de trop quand il s’agit de consolider les acquis de la paix et la consolidation de la cohésion sociale dans un pays, mais les 21 partis et groupements politiques, ainsi que les 26 organisations de la société civile qui ont pris part à ces assises, doivent être mis en face de leurs responsabilités. Depuis 2011, ce dialogue est à sa cinquième phase. Et, à y regarder de près, à chaque session, ce sont les mêmes revendications ou presque, qui reviennent.

Sans chercher à incriminer X ou Y sur l’application des résolutions, il faut faire une lecture objective des revendications et/ou propositions qui ont été posées sur la table des négociations après l’ouverture des travaux, le 16 décembre 2021. C’est encore la même rengaine du retour des exilés, de libération des prisonniers politiques et militaires, du dégel des avoirs, la recomposition de la Commission électorale indépendante, etc. Il est vrai que tout n’est pas parfait et il y a encore des efforts à faire de la part du gouvernement. Mais il y a trop de surenchère et de mauvaise foi dans les négociations politiques en Côte d’Ivoire. 

À titre d’exemple, un parti a déposé sur la table des négociations, la reconnaissance du statut d’ancien président de la République au général Robert Gueï pour favoriser la réconciliation en Côte d’Ivoire. Alors question : En quoi la reconnaissance du statut d’ancien président de la République du général Robert Guéï peut-elle contribuer au développement et consolider la paix et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire ? Au-delà de cette question, il y a encore des acteurs qui continuent d’agiter le chiffon rouge des exilés pour lesquels le gouvernement ne ferait pas suffisamment d’efforts pour leur retour.

En mars 2022, si Laurent Gbagbo et tous les miliciens qui étaient en en première ligne lors de la crise post-électorale de 2010 sont revenus au pays, ont été réintégrés dans l’administration pour certains et mènent tranquillement et sereinement leur vie, qu’est-ce qui empêche encore un citoyen lambda qui a fui le pays en 2010 de revenir dans son pays ? Sur la libération des prisonniers, le président de la République ne cesse de le répéter à chacune de ses sorties. À la date d’aujourd’hui, il n’y a en Côte d’Ivoire, aucun prisonnier lié à la crise post-électorale de 2010.

Tous ceux qui sont encore derrière les barreaux, sont pour la plupart, coupables de crimes de sang, donc non couverts par l’amnistie et ont été jugés et condamnés. D’autres encore ont été condamnés pour des délits d’atteinte à la sureté de l’État, après la fin des hostilités en 2011. Pourquoi continue-t-on alors de parler de prisonniers politiques ? Sur la recomposition de la CEI, l’on a encore en mémoire que lors de la quatrième phase de ce même dialogue, des acteurs politiques de premier plan, avaient paraphé le document final, avant de faire volte-face après et de se braquer contre cette même CEI. La suite de ce tango politique, on la connaît.

Ces acteurs étaient en réalité, en pleine préparation de la désobéissance civile qui a débouché sur le CNT. Il est vrai que dans les discussions, tout n’est pas superfétatoire, mais il y a des revendications sur lesquelles l’on ne doit plus revenir. À un certain moment, il faut savoir avancer. C’est pourquoi, au terme de cette cinquième phase du dialogue politique, chaque participant doit être mis face à ses responsabilités et à sa signature pour ne pas qu’on se retrouve à une sixième phase avec la même litanie de revendications et/ou propositions.

Kra Bernard

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