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RGPH 2021 : OÙ SONT PASSÉS LES HOMMES POLITIQUES ?

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Depuis le lundi 8 novembre 2021, la Côte d’Ivoire organise la 5ème opération du recensement général de sa population. Après la première édition qui a eu lieu en 1975, suivie de celles de 1986, 1998 et 2014, l’édition de cette année permettra au gouvernement de disposer de données fiables et affinées pour une meilleure orientation des politiques de développement. Malheureusement, à une semaine de la fin, l’on ne sent pas une adhésion populaire à cette opération qui est pourtant l’outil par excellence, de planification du développement. Ailleurs dans le monde, les pays qui s’inscrivent dans une approche prospective, accordent une importance capitale à tout projet de dénombrement de la population. Et les populations ne se font pas prier pour se faire recenser. Chez nous, depuis deux semaines où cette opération a commencé, les centres d’intérêt se trouvent ailleurs. Sur les réseaux sociaux qui sont devenus un outil d’évaluation des centres d’intérêt des populations, le RGPH n’est pas la préoccupation des influenceurs qui n’ont d’yeux que pour la recherche du buzz.  Aucun statut, aucune affiche, aucune vidéo en soutien au recensement. L’on dira peut-être que ce n’est pas l’Institut national de la statistique (INS) qui paie leur data. Qu’à cela ne tienne. Mais au-delà des buzz, un influenceur n’est pas un atome isolé. Il fait partie de la société. Il a donc un devoir citoyen de soutenir toutes les actions qui visent le bien-être des populations. Au-delà des activistes des réseaux sociaux, il y a aussi les leaders d’opinion, les artistes et autres célébrités, les guides religieux, chefs coutumiers et leaders communautaires dont l’implication n’est pas beaucoup perceptible dans le RGPH 2021. L’on dira peut-être aussi que le Gouvernement et les structures techniques en charge de la conduite de l’opération n’ont pas joué leur rôle en les impliquant dans l’opération. Soit. Mais, le dénombrement de la population devrait logiquement être un sursaut national.  Pour cette dernière semaine qui reste à cette opération qui coûtera plus de 23 milliards de Franc CFA au contribuable, le ministère du Plan et l’INS doivent se retrousser les manches et mettre les bouchées doubles pour une approche plus inclusive et une communication agressive et soutenue, afin que tous ceux qui vivent dans le carré ivoirien, comprennent la nécessité de se faire recenser. Au-delà de ces couches sociales, le manque d’engouement ou d’intérêt à l’égard du RGPH qui choque tout bon sens, c’est celui du personnel politique ivoirien.

Quand il s’agit du recensement électoral, c’est une sorte de transe collective qui s’empare des hommes politiques. L’on a vu ici des hommes et/ou partis politiques, de tous les bords qui ont acheté des milliers de timbres au bénéfice des populations de leurs circonscriptions ou de leurs partis politiques pour se faire établir des pièces d’identité, afin de figurer sur le listing électoral. D’autres mêmes organisent des convois à coup de millions afin d’aller inscrire des ressortissants de leur région sur les listes électorales. L’objectif, in fine, c’est de pouvoir recueillir le vote de ces derniers quand viendra l’heure des élections. Pour des calculs électoralistes, les hommes et partis politiques sont prêts à engloutir des sommes énormes pour faire la sensibilisation et accompagner les populations à faire le recensement électoral. Mais, quand il s’agit du recensement pour le développement, ces hommes et partis politiques deviennent invisibles. C’est le cas du RGHP 2021. À une semaine de la fin de cette opération, à quelques exceptions près, les partis et personnalités politiques ne se bousculent pas. Ici, l’on dira encore que le ministère du Plan et l’INS ne font pas leur travail de communication et de sensibilisation pour une adhésion totale des formations et leaders politiques. Cela peut se comprendre. Mais, quand il s’agit du recensement électoral, au-delà de la communication classique, la Commission électorale indépendante (CEI) ne fait pas le pied de grue au siège des partis politiques pour susciter leur adhésion. Au contraire, ce sont les politiques qui communiquent beaucoup plus sur la nécessité de se faire recenser pour les élections. Bien entendu, le calcul est purement électoraliste et cela se comprend aisément. Mais, la mission d’un homme politique, c’est justement de se mettre au service du développement.  Si pour une opération de planification du développement comme le RGPH, l’on doit courir derrière un homme politique pour adhérer à cette opération, il y a de quoi à désespérer de notre classe politique qui préfère alors la politique politicienne à la politique du développement.

Kra Bernard

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