Alfred Nobel, célèbre industriel norvégien qui a dédié sa fortune et son héritage à la postérité pour récompenser tous ceux qui excelleront dans leur domaine pour la promotion de l’humanité, a dû se retourner dans sa tombe, quand il a appris que des activistes étaient en mouvement en Côte d’Ivoire pour que le plus prestigieux des prix qui portent son nom, soit attribué à un homme au parcours politique controversé. De fait, sous la houlette de certains cadres du PDCI-RDA, un comité international de soutien à la candidature de l’ancien président Henri Konan Bédié, a mis sur pied pour que l’édition 2021 de ce prestigieux prix lui soit décerné. Pour ce faire, une grosse campagne politico-médiatique a été instaurée au sein de cette formation pour que Henri Konan Bédié succède au Programme alimentaire mondial, lauréat de ce prix en 2020. Seulement voilà : ce comité de soutien s’y est pris de la plus mauvaise des manières. Dans la foulée, le président Alassane Ouattara et le gouvernement ont même été sollicités pour soutenir cette candidature. Mais depuis ce vendredi 8 août 2021, les clameurs se sont tues. Le Nobel de la Paix 2021 a été décerné aux journalistes russes Dmitry Muratov et à la Philippine Maria Ressa pour « leur combat courageux pour la liberté d’expression ». Au finish, les vainqueurs de ce prix sont des journalistes, une corporation que Henri Konan Bédié a qualifiée dans un passé pas trop lointain, « d’écrivaillons hypocondriaques ». Au-delà de cet échec, c’est une honte que les défenseurs de la candidature du président du PDCI-RDA doivent assumer. À y voir de près, l’on a l’impression que l’on se comporte au PDCI-RDA comme si le monde se limitait à la cour du président Henri Konan Bédié. À titre d’information, il est bon de rappeler que pour 2021, trois grandes catégories étaient en course pour le Nobel de la paix. Il s’agit du système Covax qui, dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, a donné un accès aux vaccins aux pays défavorisés. La deuxième grande de laquelle sont sortis les grands vainqueurs de cette année, concerne le combat contre les fausses informations et pour la liberté de la presse. La troisième grande catégorie de favoris concernait des opposants politiques comme la Biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa et le Russe Alexeï Navalny.
Les lauréats 2021 du prix Nobel n’ont pas eu besoin d’instituer des comités internationaux de soutien à leur candidature, encore moins, de faire du tapage dans la presse. Le prix Nobel de la paix, ce n’est pas un prix qui est décerné par une ONG quelconque, comme sous nos tropiques où c’est le lauréat lui-même qui finance de bout en bout le processus d’attribution
Voici ainsi présenté, le tableau des favoris au prix Nobel 2021 qui n’ont pas eu besoin d’instituer des comités internationaux de soutien à leur candidature, encore moins, de faire du tapage dans la presse. Le prix Nobel de la paix, ce n’est pas un prix qui est décerné par une ONG quelconque, comme sous nos tropiques où c’est le lauréat lui-même qui finance de bout en bout le processus d’attribution. De plus, le jury a tiré certaines leçons du passé. En 2019, ce prix a été décerné au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed pour ses actions ayant conduit à la résolution du conflit entre l'Éthiopie et l'Érythrée. Mais, l’année qui a suivi, il a engagé son pays dans une sanglante guerre dans la région du Tigré. Dans cette même veine, il n’échappe à personne qu’en Côte d’Ivoire, le président Henri Konan Bédié avait pris en 2020, la tête d’une désobéissance civile muée en un mouvement insurrectionnel qui a manqué de peu, de renverser le régime d’Abidjan. En moins d’un an, attribuer le prix Nobel de la paix à une personnalité qui a assumé le leadership d’un mouvement insurrectionnel qui a engendré plus de 80 morts, serait aller contre les principes fondateurs de ce prestigieux prix. En tout état de cause, le président Bédié a rendu de grands services à son pays. Mais de là à vouloir soumettre sa candidature au prix Nobel de la paix dans la forme et les conditions que l’on sait, aura été une grosse erreur de casting.
Kra Bernard
