Or noir des jardiniers, le compost est le résultat d’un processus naturel, qui transforme certains déchets en super-engrais. Il permet de réduire la dépendance aux engrais chimiques et de favoriser la santé du sol. Son utilisation est un processus clé dans la transition vers des pratiques agricoles plus durables et respectueuses de l'environnement.
Le compost est un engrais naturel qui a des vertus permettant de résister aux effets néfastes des changements climatiques. Selon M. Adou, Technicien supérieur en agronomie à Dabou et expert-formateur, le compost permet de bien nourrir la terre agricole et d’avoir une bonne production. Il permet donc d’augmenter les revenus des paysans, contrairement à l’engrais chimique qui finit par appauvrir la terre et les récoltes. A l’en croire, ”le compost a des vertus qui permettent de résister aux effets néfastes des changements climatiques sur l’agriculture”.
Préserver les parcs et réserves
Dans cette localité se trouve le parc d’Azagny. D'une superficie de 19 400 ha, à 130 km d'Abidjan, dans la sous-préfecture de Grand-Lahou et à l'embouchure du fleuve Bandama, le parc national d'Azagny est l’une des merveilles écologiques de la Côte d’Ivoire.
On y trouve différents habitats, un plateau bas composé d'écosystèmes de forêts côtières et lagunaires, la savane, une zone marécageuse et des mangroves. Ce parc a un rôle écologique et a des répercussions sur la vie des populations riveraines. A savoir l’atténuation des effets néfastes du changement climatique, une pluviométrie abondante qui favorise une bonne production agricole. Cette pluviométrie impacte les villages environnants.
Hélas, ce bel écosystème est en proie avec les activités agricoles des riverains. Il est menacé par des intrusions. Les menaces les plus importantes sont les feux de brousse, les espèces envahissantes et surtout le braconnage à cause de ses espèces rares ou endémiques, comme l’éléphant de forêt, le crocodile à front large et les différentes espèces de tortues et de primates, qui occupent les îles du parc.
L’agriculture de subsistance et commerciale (café, cacao, caoutchouc, huile de palme et noix de coco), la pêche, l’exploitation du bois pour la construction et l’énergie sont les principales activités dans cette zone. Les actions conjuguées des populations riveraines sur les aires protégées entraînent, chaque année, la disparition de plusieurs milliers d'hectares de forêt. Cette dégradation du couvert végétal a pour conséquence la perte de la diversité biologique de ces aires protégées.
Changement de pratiques en matière d’agriculture
Pour freiner cette agriculture extensive et agressive et surtout préserver la biodiversité, le concept de production de compost connaît de l’ampleur. Fruit d’un partenariat signé entre la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) et l’Agence nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) avec le soutien technique et financier du ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, la fabrication du compost connaît un succès auprès des communautés riveraines des parcs nationaux.
Environs 1000 agriculteurs et agricultrices de 29 villages dans 11 régions de Côte d’Ivoire ont bénéficié d’une formation sur le Plaidoyer de la justice climatique afin de mieux formuler leurs besoins à l’endroit des décideurs. L’objectif de cette formation est de les accompagner à accroître la productivité de leurs plantations par l’enrichissement du sol via des techniques durables comme le compost, c’est-à-dire l’engrais biologique. L’enjeu est de dissuader les velléités d’agriculture extensive. Au nombre de ces communautés, le village d’Irobo dans la sous-préfecture de Grand-Lahou lisière au parc national d’Azagny.
« En nous engageant pour un plaidoyer visant le changement de pratiques en matière d’agriculture, nous visons la préservation des aires protégées. Si la terre est fertile et les récoltes bonnes, les paysannes et les paysans vivant aux abords des parcs nationaux ne seront pas tentés d’agresser ces parcs. Les parcs sont un rempart pour faire face aux effets néfastes des changements climatiques. Aujourd’hui, ce sont les parcs nationaux qui constituent l’essentiel du couvert forestier ivoirien. C’est ce qui justifie que la CSCI se soit engagée sur cette voie » a indiqué Dr APPOH Kouassi, Expert en Développement des Capacités, chef de projet Benkadi dans la région de Grand-Lahou. L’utilisation de ce compost sur les terres déjà exploitées devrait freiner l’élan de ces agriculteurs et agricultrices de pénétrer dans le parc. En l’adaptant, les agriculteurs contribuent à la préservation de l'environnement, à la régénération des sols et à la promotion d'une agriculture plus durable et résiliente.
Le compost, une technique très productive
« Les agriculteurs ont accueilli le compost comme un soulagement dans les techniques de rendement agricole. En plus d’être rentable, il est biologique et permet la régénération des sols. On pourrait dire que le bilan est positif. Avant la première une année d'expérience, les communautés ont adopté cette pratique. L’année dernière où nous lançons le projet pour leur apprendre les techniques de fabrication de cet engrais dans des champs d’expérimentation, ces derniers n’ont pas attendus la fin du processus pour s’y mettre. Ils ont commencé à démultiplier cela pour leur propre exploitation. Et cette année, nous sommes impatients de voir les résultats au vu de la proportion que cela a pris » nous confie Dr Appoh.
« Depuis que nous avons découvert cette technique du compostage, rien n’est comme avant. D’abord la préparation du compost ne coûte pratiquement rien. Donc nous ne dépensons pour l’acquérir. Ensuite, nous utilisons de moins en moins les engrais chimiques qui coûtent parfois chers » se réjouit Yao Koffi, agriculteur relais à Irobo. En plus, le compost a une bonne retenue d’eau, ce qui rend le sol toujours humide. Je peux simplement dire que le compost contribue à la santé des sols et des écosystèmes.
Joël DALLY