I l est parfois impossible de se frayer un chemin à Adjamé. Une commune où règne, le désordre, pourtant située, en plein cœur du District d’Abidjan. Des étals de toutes sortes et les vendeurs à la criée, installés jusque sur la chaussée, ont littéralement colonisé toutes les rues. Les gbaka y vont, eux aussi, de leur contribution à ce désordre. Ces minibus de transport en commun n’ont de respect pour le code de la route que leur quête effrénée de recette journalière. Stationnements anarchiques et conduite à la limite de l’insouciance sont le quotidien qu’ils servent aux usagers de la voie publique. Des commerces à ciel ouvert avec tout son corolaire d’anarchie, d’insalubrité et d’insécurité… L’illustration parfaite de tout ce tohubohu se vit au quotidien sur le boulevard Nandjui Abrogoua. Là-bas, le désordre semble devenu un fait ordinaire. Cette célèbre rue a perdu son lustre d'antan et la circulation est devenue un véritable parcours de combattant. Pourtant cette immense voie de 6 voies dont un passage central réservé aux bus est une des plus larges artères d’Abidjan, reliant la gare nord de la Société de transport abidjanais (Sotra), à la commune des affaires du Plateau. L’implantation du Forum des marchés sur cette artère, et à l’opposé, le marché Gouro, l’espace Saint Michel ont sans doute concouru au développement de cette hyper activité commerciale dans cette commune. Les maires se succèdent et les opérations de déguerpissement aussi. Mais elles ont toujours été un échec. Même Roxy, la célèbre pharmacie par terre avec ses médicaments de rue et ses dangers en matière de santé publique, maintes fois démantelée est revenue à la case départ. C’est d’ailleurs le même décor dans presque toute la commune. Le Carrefour Liberté n’est pas en reste. Les travaux d’embellissement du rondpoint à cet endroit, ont été salués mais pas grand de changement dans le décor urbain. Ici, les installations anarchiques sont la norme. Autorités et riverains assistent impuissants, depuis des décennies, au développement de ce gigantesque centre commercial à ciel ouvert qu’est devenu ce village Ebrié. Un cycle sans fin de déguerpissement-recolonisation de la voie publique. Après le processus, aucun suivi et c’est toujours l’éternel recommencement. Et c’est réparti encore pour une autre opération initiée depuis ce 20 avril 2021 par le député-maire de la commune, Soumahoro Farikou. Cette fois, le premier magistrat de la commune entend libérer, par tous les moyens, tous les trottoirs illégalement occupés. L’éternel recommencement… En effet, dans la mise en demeure adressée aux commerçants occupant tous les trottoirs du domaine public communal, M. Soumahoro, par ailleurs président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire, (Fenacci), informe qu’une opération de déguerpissement aura lieu dès le 20 avril 2021. "Le maire d’Adjamé porte à la connaissance de l’ensemble de ses administrés repartis sur les dix-neuf (19) quartiers, qu’il entreprendra très bientôt une opération de libération de tous les trottoirs illégalement occupés", indique la note municipale. Une initiative à en croire Soumahoro Farikou qui va permettre aux piétons de circuler librement. Ainsi, il a été demandé à tous les commerçants concernés de prendre toutes les dispositions utiles pour libérer les emprises. Dans le cas contraire, les services techniques de la mairie, appuyés par les forces de l’ordre, se verront dans l’obligation de les déguerpir. En effet, le service de communication du maire fait savoir que c’est une opération inédite. Car elle ne concerne pas seulement les grandes voies, mais tous les quartiers de la commune. « Nous voulons assainir la cité, améliorer le cadre de vie de nos populations. Nous sommes déjà parmi les meilleures communes du District, mais nous entendons nous améliorer davantage », précise Ahua K. A l’en croire, des projets d’assainissement et de bitumage sont également en cours dans les quartiers. Le niveau d’insécurité a fortement diminué. Le maire a pris des mesures sur le boulevard Nangui et les marchés. Notre police y circule les nuits », informe-t-il. Assainir la cité et améliorer les conditions de vie des populations Non sans informer que l’opération qui a finalement démarré, le lundi 19 avril 2021, a vu le déguerpissement de certains commerces installés anarchiquement sur les artères aux alentours du forum des marchés d’Adjamé. « Cette opération s’inscrit dans le cadre du programme de développement de la commune cosmopolite. Cette fois-ci, il y aura un suivi. Rendez-vous dans quelques mois », assure-t-il. Malgré toutes ces assurances, pourrait-on un jour venir à bout de l’anarchie chronique qui règne à Adjamé ? Attendons de voir !
Fatou Sylla
