Économie

Lutte contre le cacao issu de forêts classées: La Côte d'Ivoire adopte des mesures énergiques

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Le ministre de l’Agriculture est monté au créneau pour déconstruire les accusations portées contre la Côte d’Ivoire. (Photo : DR)   
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L’État de Côte d’Ivoire a encore répondu aux accusations portées contre lui par l’Union européenne (UE) dans le cadre de l’affaire de destruction de forêt dans la culture du cacao.

Le premier producteur mondial de cacao, avec une production de plus de 2,2 millions de tonnes de fèves de cacao, soit environ 44% de la production mondiale, est dans le viseur de l’UE qui l’accuse à tort de détruire ses forêts au profit de culture de cette matière première.

Dans un contexte mondial marqué par la guerre en Ukraine et une inflation généralisée, l’UE a choisi d’imposer des exigences à la Côte d’Ivoire, visant à lui interdire les produits issus de la déforestation sur son marché. La série de mesures vise la chaîne d'approvisionnement des critères préétablis comme la lutte contre la déforestation, l'amélioration des revenus des producteurs et la lutte contre le travail des enfants dans les plantations. Le soja, la viande bovine, l'huile de palme, le bois, le café, ainsi que certains produits dérivés, sont également concernés par ces nouvelles lois. Pour résumer : si une entreprise ne peut pas prouver que le produit qu'elle veut importer en Europe n'est pas issu de la déforestation, alors elle ne pourra pas rentrer dans le marché européen. « Il existe une demande croissante des consommateurs européens pour un cacao issu du commerce équitable » qui serait garanti de surcroît, « sans déforestation ou travail d'enfants ». Les entreprises sont prêtes à payer plus cher pour s'approvisionner en cacao « durable », avait justifié l'UE.

Les autorités ivoiriennes haussent le ton

Après le chef de l’État, Alassane Ouattara, qui s’est insurgé en février 2022 contre la perspective d’une loi européenne qui tenterait de bloquer l’accès du cacao ivoirien au marché européen, c’est au tour du ministre d’État, ministre de l’Agriculture et du développement rural, de revenir à la charge pour défendre la cause ivoirienne. Le ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani qui répondait au confère de RFI, lundi 27 février 2023, s’est voulu plus précis sur la question. Il a clairement laissé entendre que la Côte d’Ivoire était bien avancée sur la résolution de la problématique de la reforestation.  « Ce que je puis vous dire, c’est que nous avons déjà devancé l’Union Européenne dans le cadre de notre politique de mise en place. Nous avons décidé de faire le recensement de tous les producteurs qui sont dissimilés çà et là, dans les forêts. Et nous avons pu géolocaliser toutes les plantations qui se trouvent dans la forêt.

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Aujourd’hui, nous sommes en mesure de dire que plus 85% des exploitations se font dans des forêts régulièrement établies dans les zones rurales. Nous avons pu identifier entre 10% et 15% de productions dans les forêts classées », a-t-il répondu. Mieux, le patron de l’Agriculture ivoirienne est allé plus loin pour exposer les réformes engagées par la Côte d’Ivoire, pour assainir le milieu de son patrimoine agricole. « Mais dès lors qu’aujourd’hui, nous avons décidé de tracer le cacao ivoirien, si dans le cadre de la commercialisation, vous ne disposez pas de carte, vous n’allez pas être payés, puisque cette carte non seulement, elle vous identifie, mais elle permet aussi de faire des transactions bancaires. Ceux qui sont dans les forêts classées et qui ne sont donc pas identifiés, ils ne pourront donc pas commercialiser leurs produits », a déclaré le ministre.

Des mesures fiables contre les fraudes

Répondant aux préoccupations du confrère, quant à la fiabilité des garde-fous posés par le gouvernement pour parer à des éventualités de fraudes, le ministre de l’Agriculture a insisté pour dire que les autorités ivoiriennes s’étaient donné suffisamment de moyens pour donner la mesure de ce dont elles sont capables. « Nous nous sommes donné un temps pour réaliser cela. Aujourd’hui, ils nous restent entre 12 et 18 mois pour définitivement clôturer cette échéance et il n’y a pas longtemps, moi-même, j’étais sur le terrain pour procéder à la distribution des cartes sur ce recensement. Aujourd’hui, les producteurs s’activent pour faire en sorte de participer. Autrement dit, si vous n’êtes pas recensé, si votre plantation n’est pas géolocalisée, vos produits ne peuvent pas faire l’objet de commercialisation.

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(…) Si par exemple, vous vous arrangez avec un voisin qui a la carte, on connaît ce que votre plantation représente en matière de production. Si vous produisez d’ordinaire 05 tonnes de cacao et qu’on constate que pour cette campagne, vous êtes allé au-delà, doublez la mise, vous serez fautif et poursuivi », a expliqué le ministre Adjoumani. Non sans avoir invité son interlocuteur, mais surtout les détracteurs de la Côte d’Ivoire, à se rendre dans ce pays pour constater de visu, le couvert forestier sauvegardé et les dispositions prises pour renforcer le dispositif présent. « Allez-y en Côte d’Ivoire, vous allez voir que nous avons encore de la forêt. C’est vrai que depuis l’indépendance, jusqu’à maintenant, les forêts ont été entamées. C’est pour cela que nous avons mis en place, une politique de forestation en plantant des arbres dans nos plantations. Le Conseil du café-cacao a décidé de planter 60 millions d’arbres en raison de 5 millions d’arbres par an et au bout de 5 ans, nous devons être capables d’atteindre cet objectif », a-t-il conclu.

Venance Kokora

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