Monsieur le Ministre d’Etat Kobenan Kouassi ADJOUMANI, le jeudi 8 septembre dernier , vous étiez porteur d’un projet de loi portant ratification de l’ordonnance 2020-602 du 05 août 2020 modifiant l’ordonnance 2018-437 du 03 mai 2018 portant répression de la commercialisation et de l’exploitation illicite des produits agricoles, devant la Commission des affaires Economiques et Financières du Sénat. Que pouvons-nous retenir de cette loi ?
Effectivement le 8 septembre dernier, nous étions devant la Commission des affaires économiques et financières du Sénat, pour présenter aux vénérables sénateurs le projet de loi que vous évoquez. Cet important texte s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la vente illicite des produits agricoles. Je voudrais donc profiter de l’occasion que vous me donnez pour saluer et remercier nos sénateurs pour leur hauteur de vue et pour l’attention toute particulière qu’ils ont accordé à l’examen de ce projet de loi qu’ils ont adopté à l’unanimité. Ce vote était en fait l’occasion de transformer en loi de la République, l’ordonnance N°2020-602 du 5 Août 2020, pris par SEM le Président de la République pour nous donner les moyens d’être plus efficaces dans cette lutte engagée par le Gouvernement contre la fuite de certaines de nos spéculations agricoles comme la noix de cajou.
La prise de cette ordonnance nous a effectivement permis de faire une avancée très significative dans cette lutte, puisque de 500 tonnes de noix de cajou saisies en 2020, nous sommes aujourd’hui à 115 tonnes.
La mise en place de ce dispositif de loi va nous permettre d’accélérer les choses et de faire en sorte qu’au bout de cinq ans, on ne parle plus d’exportations illicites de nos produits.
Quels sont aujourd'hui les grands défis de l’Agriculture ivoirienne ?
Le véritable défi qui s’impose à nous aujourd’hui, c’est la transformation. Le Président de la République nous a engagé de franchir un cap, aller au-delà de la commercialisation de nos produits agricoles bruts, pour transformer sur place ces produits avant de les exporter. Ce qui devrait générer une plus-value, mais aussi sécuriser et accroitre substantiellement les revenus de nos braves paysans.
la transformation de l’économie qui passe par la modernisation et l’industrialisation de l’agriculture.
A cet effet, je voudrais rappeler que le Président Alassane Ouattara, lors de son adresse à la Nation à l’occasion de la présentation des vœux du nouvel an 2022, avait réaffirmé sa volonté d’aller plus vite dans la transformation de la Côte d’Ivoire, ainsi que dans l’amélioration des conditions de vie des populations.
Pour y parvenir, le Chef de l’Etat s’est fixé des priorités. Au nombre de celles-ci, la transformation de l’économie qui passe par la modernisation et l’industrialisation de l’agriculture.
L’autre grand défi actuel de notre agriculture, c’est de générer une production suffisante et permanente, afin de combler les besoins de consommation de nos populations en produits vivriers.
Je voudrais aussi rappeler que depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Alassane Ouattara a initié un vaste programme pour la modernisation, la diversification et la compétitivité de notre agriculture, qui doit par ailleurs assurer une meilleure sécurité alimentaire aux populations. Telle est la raison d’être du PNIA 1 qui a mobilisé 1 600 milliards de Francs CFA. Quant au PNIA 2 doté d’un budget de 12 000 milliards de Francs CFA (2018-2025), il se fixe pour objectif de rendre notre agriculture plus compétitive et créatrice de revenus équitablement partagés.
On parle de plus en plus de Projet de Pôle Agro-Industriel ou agropole. De quoi s’agit-il concrètement ?
Le Projet de Pôle Agro-Industriel ou agropole s’inscrit dans le cadre du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA II) qui est adossé au PND 2021-2025. Les agropoles sont réalisés au niveau des régions pour justement promouvoir le fort potentiel agricole spécifique à chaque région. Ils tiennent compte du climat et exploitent le fort potentiel des régions. La mise en place des agropoles est une avancée importante dans la modernisation de l’agriculture. Ils participent également au renforcement de la productivité agricole et à l’amélioration du taux de transformation actuel de ces produits. Cette initiative vise à transformer le secteur agricole selon une approche innovante et à créer de la richesse pour une croissance forte, inclusive, durable.
L’objectif du projet est de contribuer à l’accroissement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers une dynamisation des filières agricoles porteuses et une implication accrue du secteur privé, des jeunes et des femmes.
Les agropoles intègrent les questions de production agricole aux autres services sociaux de base (eau, électricité, santé et éducation), aux services TIC, à la finance de proximité, à la mécanisation agricole, à la formation professionnelle, à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles sur place.
Neuf agropoles ont été regroupés en fonction du potentiel qu’offrent les différentes régions de notre pays. Le premier agropole concerne la région du Bélier et le district autonome de Yamoussoukro. La mise en place du Projet de pôle agro-industriel du Bélier s’est faite à hauteur de 80 milliards de FCFA et le second Projet de Pôle agro-industriel a été officiellement lancée le 27 juillet dernier, par le Premier Patrick Achi, à Sinématiali. Il s’agit du Projet de développement du pôle agro-industriel dans la région Nord (2PAI-Nord) à hauteur de 167, 4 milliards de nos francs.
Certains de ces projets sont en cours d’exécution, tandis que d’autres sont en phase de préparation.
Les projets de pôle agro-industriels sont ceux des zones du Nord (Bagoué, Poro, Tchologo et Hambol), du Nord-Est (Bounkani et Gontougo), du Centre (Bélier, Gbêkê, N’zi et Iffou), du Sud (Agnéby-Tiassa et la Mé) et de l’Ouest (Tonkpi et les régions environnantes).
Les Agropoles devraient contribuer à amorcer l’industrialisation des régions du pays à partir du secteur agricole par la mise en place de plusieurs programmes ambitieux de mécanisation.
Dans le dernier discours du Président de la République il parlait de la Souveraineté Alimentaire en Côte d’Ivoire ?
Le Président de la République, Alassane Ouattara tient au bien-être de ses concitoyens. La sécurité alimentaire est la voie royale pour parvenir à la souveraineté alimentaire pour tous, et donc à l’autosuffisance alimentaire. Un moyen sûr pour endiguer la flambée des prix des produits vivriers sur le marché pour lutter contre le phénomène de la vie chère.
C’est dans cette dynamique que le Président de la République a octroyé près de 42 milliards de Francs CFA pour booster la production du riz, du maïs, des légumes et maraichers, de la banane plantain et du manioc. Et l’ANADER et l’ADERIZ sont actuellement à pied d’œuvre sur le terrain. La Banque Mondiale a aussi octroyé 157 milliards F CFA pour la production et la commercialisation des produits vivriers sur toute la zone sud et une partie des zones Est et Ouest du pays. Ce projet sera officiellement lancé avant la fin de l’année.
Pour adresser efficacement la question de la cherté de la vie, nous avons demandé à l’ANADER et à l’ADERIZ de faire en sorte que les aménagements soient faits de façon à favoriser une production tout au long de l’année, et non seulement en saison de pluie. Ces aménagements sont en cours de réalisation pour les cultures maraichères, la banane plantain et le riz. En plus de cela, nous avons acquis des kits agricoles que nous distribuons gratuitement aux paysans. Cela leur permet de faire face aux coûts des semences et des engrais. Aussi, nous avons récemment négocié et obtenu 10 000 tonnes d’engrais de la part de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), sous forme de dons. Ces engrais seront aussi distribués aux producteurs. Nous sommes également en train d’accélérer la mise en place des agropoles. Celui du Nord a été lancé récemment par le Premier Ministre. Celui de la région du Zanzan est en cours de préparation cette année. L’année prochaine nous formulerons celui de l’Ouest. Avec toutes ces actions en cours, nous sommes sur la bonne voie pour pérenniser nos actions de lutte contre la vie chère.
la 10ème édition des Journées de l’Administration Agricole Délocalisée (JAAD)
Monsieur le Ministre d’Etat, vous êtes annoncé les 22, 23, et 24 septembre dans la région du Moronou où doit se tenir la 10ème édition des Journées de l’Administration Agricole Délocalisée. Quels sont les objectifs et les enjeux de ces journées dans cette région, autrefois boucle du cacao ?
Effectivement du 22 au 24 septembre prochain, la 10ème édition des Journées de l’Administration Agricole Délocalisée (JAAD), se tiendra dans la région du Moronou. Cette région avec un fort potentiel agricole a fait les beaux jours de notre pays, lors du premier miracle ivoirien avec le Président Félix Houphouët Boigny. Aujourd’hui où la Côte d’Ivoire amorce le virage du 2ème miracle avec le Président Alassane OUATTARA, il faut bien que cette région joue son rôle de leader agricole.
Nous allons pour partager la vision du Chef de l’Etat dans le domaine agricole. Cette vision qui vise à améliorer le bien-être socio-économique des producteurs et de leurs communautés. Car le producteur reste l’épicentre de toutes nos réflexions, le sujet de tous nos efforts.
Le principe des JAAD consiste à déplacer sur une période définie et dans une région déterminée, le Ministre d’Etat, son cabinet, toutes les structures sous-tutelles et leurs responsables, qui communieront durant cette période, avec l’ensemble des acteurs du monde agricole de cette région.
L’objectif de cette mutation temporaire est de permettre au Ministre d’Etat et à l’Administration agricole d’être en contact réel avec tous les acteurs du secteur agricole de la région et/ ou des régions visité(es) afin de mieux appréhender les préoccupations inhérentes à chaque activité et proposer par la suite, des solutions concrètes pour faire avancer l’agriculture régionale.
In Fraternité Matin
NB : Le titre et le chapo sont de la rédaction