Économie

Prolifération des fers à béton hors norme: Plusieurs entreprises sur la sellette !

proliferation-des-fers-a-beton-hors-norme-plusieurs-entreprises-sur-la-sellette
PARTAGEZ

La prolifération des fers à béton hors norme sur le marché national serait, selon le président du collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), Issiaka Diaby, l’une des causes de l’effondrement des immeubles dans le pays. À l’occasion, il a assigné plusieurs entreprises devant les juridictions compétentes.

 

« Nous exigeons à travers cette action en justice, conformément aux textes de loi de la République de Côte d’Ivoire, que ces entreprises produisent devant les juridictions compétentes, leur certificat de conformité à la norme de qualité délivrée par Côte d’Ivoire Normalisation (CODINORM). Devant les juges, ces sociétés devront également produire des échantillons de différents diamètres de fer à béton dit "fer noir" de leur fabrication portant leurs marques, griffes ou initiales », a-t-il argumenté.

 

Fabrication des fers avec des diamètres truqués

 

De quoi s’agit-il ? À l’issue d’investigations menées sur le terrain, le président du CVCI, Issiaka Diaby, a produit un rapport dont l’Avenir a eu la primeur, qui met en évidence, plusieurs entreprises impliquées dans la fabrication de fers à béton avec de la matière de mauvaise qualité et des diamètres réduits, en dessous de la norme. Malheureusement, ces matériaux de construction ont inondé le marché.

Toujours selon l’auteur de ce document, ces fers utilisés dans les constructions de bâtiments, seraient la cause des effondrements d’immeubles de plus en plus fréquents dans notre pays.    

« Ces dernières années, des milliers de bâtiments et infrastructures socio-économiques ont été construits en Côte d’Ivoire avec des fers à béton ne répondant pas aux normes ivoiriennes et internationales. Ces fers à béton sont contrefaits, ce qui est à la base de l’effondrement de plusieurs immeubles ayant occasionné de nombreuses victimes qualifiant ces produits de "fer à béton du crime". Aujourd’hui, nous avons des éléments de preuves tangibles, indiscutables, irréfutables que des personnes importent de la matière première de très mauvaise qualité et non conformes aux normes », a déclaré Issiaka Diaby.

À l’en croire, la matière première importée, le fer acier machine diamètre No5,5 est manipulé au cours de la fabrication pour produire un faux diamètre No6 en fer à béton. C’est le même cas pour le fer acier de diamètre No7 qui est truqué pour faire un faux diamètre No8 en fer à béton.

Les résultats des expertises enclenchées auprès d’experts ont démontré que sur trente (30) grands distributeurs et revendeurs, vingt-sept (27) ont vendu et continuent de vendre, sans être inquiétés, de dangereux fers à bêton hors norme. Il a été constaté que contrairement à la norme, les fers à béton expertisés, inutilisables pour les constructions en dalle et très dangereux, ne portaient pas la marque, les griffes ou initiales des fabricants.

 

 

Plusieurs entreprises sur la sellette

 

Au dire d’Issiaka Diaby, sur un marché de production annuelle de 280.000 tonnes, des acteurs, avec des complicités externes, commercialisent plus de 130.000 tonnes de « faux diamètres de fers à béton ». À cet effet, 07 industriels sur les 12 opérant dans le secteur, ont été assignés en justice. L’affaire a été portée depuis le 08 juin 2022 devant le Tribunal de première instance d’Abidjan, enregistrée sous le N°S/N°1725/CP contre toute personne impliquée. Aussi le plaignant demande-t-il que les enquêtes soient étendues à l’ensemble de toutes les entreprises exerçant dans le fer à béton en Côte d’Ivoire.

Auparavant, le président du CVCI avait déjà saisi par courrier, en date du 19 juin 2021, le Premier ministre, Patrick Achi et le ministre du Commerce.

Les mis en cause devaient comparaître le vendredi 24 juin 2022 devant la juridiction des référés du tribunal de première instance de Yopougon. Mais certains d’entre eux, ont brillé par leur absence. Le juge a donc renvoyé l’affaire au mercredi 29 juin 2022 en vue de la délibération.

« Nous étions à l’audience devant le juge avec les aciéries de Côte d’Ivoire, ainsi que d’autres structures. Sauf deux entreprises n’avaient pas effectué le déplacement, alors le juge a estimé qu’il fallait renvoyer l’affaire pour qu’elles comparaissent. Parce que c’est une obligation de fait. D’entrée, nous sommes satisfaits que la justice ivoirienne ait pris cette situation en considération qui touche la question de la dignité humaine. C’est un grand pas. Que les gens sachent que la Côte d’Ivoire est désormais, un État de droit », a déclaré Issiaka Diaby à sa sortie d’audience.

 

Ce que dit la loi

 

Au regard des dispositions de la loi, l’État ivoirien a pris toutes les dispositions en créant la CODINORM dont l’autorité est bien confirmée et légitimée pour son rôle d’évaluation en amont des besoins, de pilotage central des travaux, de fixation des procédures d’élaboration, des conditions d’application des normes homologuées et pour la gestion de la marque de conformité. La Côte d’Ivoire s’est dotée de ce système d’évaluation de la conformité, à travers les contrats « BIVAC, SGS, INTERTEK, COTECNA », portant sur le programme d’évaluation de la conformité.

Ce qui permet de contrôler la qualité des produits importés comme ceux fabriqués localement. Ce système s’appuie sur le décret N°2016-1152 du 28 décembre 2016 rendant certaines normes d'application obligatoires.

 

 

Venance Kokora

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire