Le Ramadan débute cette année, selon sa date estimée par les calculs astronomiques, le samedi 02 avril 2022. En attendant, l’entame de ladite période de jeûne par les musulmans, l’on a constaté sur le terrain, une flambée du prix des denrées alimentaires.
Pendant que les fidèles musulmans s’apprêtent à entrer de plain-pied dans leur mois saint, des commerçants de profession ou de circonstance, ont décidé de les soutenir en leur offrant leurs services à travers la vente d’aliments.
Déjà, à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, des communes vibrent au rythme de ce rendez-vous d’acte de foi. Les rues de ces quartiers sont bouillantes et progressivement inondées par les vendeuses, question pour elles de se familiariser pour l’instant avec la clientèle.
À Adjamé, zone de forte concentration économique, des voies dont celles menant du siège du groupe de presse pro gouvernementale « Fraternité Matin » au carrefour de chez Hassan ou même en longeant le prolongement de cet axe à Mirador, les commerçantes rivalisent d’ardeur dans le but de mieux écouler leurs marchandises.
Elles n’hésitent pas à proposer aux passants, leurs produits sur des étals. On y trouve sur une longue file, des fruits exposés dont des mangues, avocats, oranges, pommes, citrons, de la sucrerie, du jus de gingembre (gnamankoudji), jus de tamarin …
L’affluence aux alentours draine moins d’engouement de la part des clients.
« Ça marche un peu un peu, comme on vient de commencer. C’est lent. Les gens disent que les prix sont élevés. On prend les sucreries à 200 F CFA, on les revend à 300 F CFA. Il y a le transport, les taxes de la mairie, tout ça », a témoigné Traoré Mariam.
Flambée des prix des denrées alimentaires
Cependant, en dépit de ces propositions à choix multiple, les prix ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Une situation qui, selon les marchands, se rapporte à la cherté de la vie. Elle pourrait perturber le fidèle musulman dans l’accomplissement de l’un des piliers de l’Islam.
« Les 03 mangues là sont à 500 F CFA ou bien tu veux banane douce, 03 bananes à 500 F CFA », nous lance une des vendeuses. Les prix des bouteilles contenant les jus sont passés au double. Celles qui, jadis, étaient commercialisées à 200 F CFA, sont aujourd’hui à 500 F CFA. C’est le même cas pour les bouteilles de 500 F CFA qui sont passées à 1000 F CFA, voire 1500 F CFA.
Non loin d’Adjamé, la commune d’Abobo regorge également de nombreux commerçants qui ne sont pas en reste des préparatifs du Ramadan. Ceux que nous avons aperçus au niveau du carrefour Anador et des rues, font preuve d’ingéniosité pour faciliter la rupture du jeûne. Outre les jus traditionnels, les vendeuses de tartines et de bouillie de mil ont refait surface.
Seulement que le volume de ces articles a considérablement baissé. La plupart de tous les commerçants brandissent l’argument de la hausse du prix de certains aliments pour justifier leurs actes. « Mon fils, ce n’est pas notre faute. Le marché est devenu cher. Comme on ne peut pas rester à la maison à ne rien faire, on vient se débrouiller. Le prix du kilogramme de sucre a augmenté, c’est pareil pour la farine, l’huile… » a-t-elle défendu. Ce prétexte est également repris par des vendeuses au grand carrefour de Koumassi, précisément dans la zone de Marcory.
« Tout est devenu cher », rétorquent deux commerçantes associées dans la vente de galettes et bouillie de mil ou de farine. Non loin, une vendeuse d’alloco et de frites d’igname qui a pour coutume de s’installer à cet endroit à chaque période du Ramadan, a repris son activité. Toujours dans les environs, des vendeuses de légumes offrent diverses variétés de légumes. À partir de 18 h, il difficile de se frayer un chemin sur la bretelle qui conduit au pont à péage. « Nous-mêmes, sommes des musulmanes, mais le contexte est difficile. Nous sommes obligés de revoir les tarifs, sinon on n’a pas grand bénéfice. Le prix de transport des marchandises a augmenté. Les producteurs se plaignent du prix élevé des intrants. Une Chose qui ne les encourage pas à produire une grande quantité. Si rien n’est fait, ce n’est pas bon pour nous tous », a-t-elle insisté. Ces braves femmes pour lesquelles la vente de légumes n’a plus de secret, ont fait de cette activité, leur principale source de revenus.
« Une tomate est à 100 F CFA sinon qu’on vend en kilo » a proposé une des femmes derrière le comptoir.
Partout où nous sommes passés, ce sont les mêmes arguments. Comme s’ils s’étaient passé le mot, ils dénoncent les difficultés. Aucun secteur n’est épargné. Le vendeur de viande braisée, communément appelée « choukouya », nous apprend que sa difficulté résulterait de son ravitaillement en bétail. « Le prix du mouton a triplé. On cotise 100 000 F CFA pour prendre un mouton par jour. Nous sommes obligés de nous associés pour l’achat d’une bête que nous partageons en fonction du nombre de personnes », a déploré Mamadi. Tout compte fait, chacun des acteurs se défend et rejette la responsabilité sur le phénomène de la cherté de la vie. Cette dure réalité des choses, est malheureusement constatée dans des supermarchés à Treichville où le pot de yaourt industriel, est passé àde 250 F CFA à 300 F CFA. « Ce n’est pas notre faute. C’est la guerre entre l’Ukraine et la Russie qui a provoqué la chute des denrées », s’est empressée de nous informer une caissière.
Ce que les associations de consommateurs et le ministère du commerce mijotent
Les associations des consommateurs disent être à l’affut des dérives face à cette autre bataille. De sources bien introduites auprès du Conseil national de lutte contre la vie chère, le gouvernement, à travers le ministère du Commerce et de l’industrie, est intransigeant sur la mesure portant plafonnement du prix de certains produits de grande consommation.
Venance Kokora