Économie

Fermeture des frontières ivoiriennes : Des transporteurs maliens dans l’impasse

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Les conducteurs sont dans des conditions déplorables

 

Les mesures restrictives de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) prises dimanche 09 janvier 2022 en réaction au coup d’État au Mali, font leurs effets.

 

L’institution sous-régionale avait décrété la fermeture des frontières du Mali avec ses États membres et l’imposition d’un embargo financier. Ces mesures drastiques de la CEDEAO avec effet immédiat, ont été préjudiciables à des transporteurs maliens, présents sur le territoire ivoirien au moment de la décision. Selon le président de la Confédération des syndicats des conducteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest (CSCRAO), Hamed Doumbia, joint par téléphone samedi 29 janvier 2022, ce sont plus de 600 véhicules qui sont mobilisés au Port autonome d’Abidjan (PAA) dont les conducteurs vivent dans des conditions difficiles. « Au port d’Abidjan, il y a plus de 600 véhicules bloqués dans les deux parkings. Les conducteurs vivent dans des conditions déplorables. Ils dorment à la belle étoile et n'ont plus de moyens de subsistance. Les transactions entre les deux pays sont bloquées. À San Pedro également, c'est la même situation. À Pogo, à la frontière du Mali, il y a des dizaines de véhicules bloqués », a-t-il indiqué. Les sanctions contre le Mali ne se limitent pas aux biens de première nécessité.

 

 

Des produits au bord de la putréfaction

 

La plupart des véhicules stoppés dans les zones industrielles d’Abidjan, de San Pedro et à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Mali, étaient venus se ravitailler en quantité de produits vivriers, ainsi que de produits issus des exportations extérieures. Car la Côte d’Ivoire demeure un partenaire incontournable dans les importations maliennes. La situation qui perdure depuis près d’un mois, laisse craindre le pire. C’est la raison pour laquelle Hamed Doumbia s’est dit préoccupé par la situation des transporteurs de ce pays frontalier qui craignent que leurs marchandises ne finissent par se putréfier. « Les véhicules qui transportent les produits vivriers, le riz, le blé, le sucre, l'huile de palme, etc., sont bloqués dans la zone industrielle de Yopougon et ailleurs. Les conducteurs du Mali vivent dans des conditions préoccupantes avec cette crise, parce qu’ils ne peuvent pas s’éloigner de leurs marchandises. La distance entre Bamako et Dakar fait 1358 km. La distance entre Bamako et Abidjan fait 1110 km. Abidjan-Ouagadougou fait 1153 km. Abidjan-Pogo à la frontière du Mali fait 700 km », a-t-il rapporté.

 

 

Plaidoyers de la CSCRAO auprès de la CEDEAO

 

La CSCRAO a, par la voix de son président, saisi l’occasion pour lancer un appel à l’endroit de la CEDEAO, afin de tenir compte de certains détails pouvant adoucir l’embargo sur les véhicules des transporteurs maliens.

Pour Hamed Doumbia, ces derniers qui étaient présents sur le territoire ivoirien, devraient bénéficier de quelques souplesses de la part des autorités de la CEDEAO, parce que les achats avec les usines ou les entreprises ont été effectués par anticipation. Ce qui revient à dire que les accords entre les opérateurs économiques ont été passés avant la prise des sanctions à l’endroit de la junte militaire au Mali.  « C'est vrai que la CEDEAO a exclu les produits vivriers et le carburant, mais ce qu'elle oublie, c'est qu'on ne peut pas faire de transactions entre le Mali et les pays membres de la CEDEAO où aucune usine ne peut livrer les produits vivriers sans avoir été au préalable payé », a-t-il plaidé.

Toujours à propos du Mali, le président Hamed Doumbia a soutenu que cet État, quelque peu secoué par les évènements qui s’y déroulent, avait plus que jamais besoin, du soutien de ses pairs pour amorcer son développement.

« C’est un pays très enclavé, nonobstant toutes les élucubrations de certains Maliens sur les réseaux sociaux. Il faut aller au Mali pour s'en convaincre. Les 3/4 du territoire national du Mali sont désertiques. Aucune infrastructure routière, à part quelques-unes à Bamako, la capitale. »  

 

 

Un préjudice plus lourd pour le Mali

 

À l’analyse de la situation que traverse la Côte d’Ivoire et le Mali, M. Doumbia a expliqué qu’elle est préjudiciable aux deux nations qui entretiennent des liens fraternels historiques. Pour lui, elle est d’autan plus fatale pour le Mali qui ne vit que d’aides extérieures. « Cette crise est préjudiciable à l'État de Côte d'Ivoire, mais plus particulièrement, aux populations des deux pays. À l'État de Côte d'Ivoire, parce que les deux ports du pays ne seront pas compétitifs. Tous les frets du Mali et du Burkina viennent du Port Autonome d'Abidjan et de San Pedro. Ce sont des centaines de milliards de pertes à l'État de Côte d'Ivoire. Ce qui est encore plus grave, c'est la suspension des transactions vers le Mali. Le Mali vit d'aides extérieures », a-t-il insisté.

 

Venance Kokora

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