Économie

Pertubation de la fourniture de l'électricité: la Cie et les industriels se sont parlé

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Suite aux perturbations observées ces deux dernières semaines sur le réseau électrique (effacement aux heures de pointe et effacement prolongé), la CIE a initié une rencontre d’échanges avec les industriels afin de les informer en toute transparence sur la situation actuelle de la production énergétique, leur présenter les solutions envisagées (principalement le plan de délestage), noter leurs préoccupations, leurs contributions et leurs attentes afin de les intégrer dans les solutions proposées. A cette rencontre, les structures en charge du secteur de l’énergie étaient représentées au plus haut niveau (Direction Générale et Directions Centrales):      

 

▪ Cabinet du Ministre du Pétrole et de l’Énergie

▪ CI-ENERGIE

▪ ANARECI (régulateur)

▪ CIE

 

La Direction Exécutive de l’UGECI et plusieurs Entreprises Membres de l’UGECI issues de plusieurs secteurs d’activité (cimenterie, industrie sucrière, cacao, minoterie etc…) étaient également présentes. La rencontre était présidée par le Directeur Général de l’Énergie représentant Monsieur le Ministre du Pétrole et de l’Énergie. Ainsi, le Directeur Général de l’Énergie et le Directeur Général de la CIE sont intervenus tour à tour. Ci-après, les points principaux de leurs interventions :

 

Les causes du déficit énergétique

 

Plusieurs facteurs exogènes :

 

➢ Le bas niveau de l’eau des barrages, dû à la faible pluviométrie et aux changements climatiques, qui limite la production hydroélectrique ;

➢ Une insuffisance de l’offre de gaz naturel qui limite la production thermique d’électricité ; ➢ Des pannes sur des ouvrages de production thermiques et de fourniture de gaz naturel ;

➢ Les retards sur les plans d’investissements imputables à la crise COVID-19 (retards dans la production et l’acheminement des équipements de production du fait des confinements dans les pays de sourcing).

 

Le Directeur Général de la CIE a indiqué que ces perturbations ont été enregistrées depuis le mois de janvier 2021, mais elles ont été faiblement ressenties par les industriels et la population au cours du 1 er trimestre 2021, car des mesures idoines ont été prises pour pallier au déficit énergétique : recours au HVO, effacement (délestage) depuis plusieurs mois des miniers, réduction de l’exportation d’énergie électrique. Ainsi, depuis janvier 2021, le secteur de la production énergétique fonctionne à flux tendu et produit à perte. Au vu de la sinistralité liée aux récents incidents non prévisibles (incidents sur la Centrale d’Azito, etc…) et par mesure conservatoire, les Autorités du secteur énergétique se voient contraintes d’intégrer les industriels dans des plans de délestage.

 

Durée du plan de délestage :

 

• 145 entreprises industrielles réparties sur le territoire concernées par le plan d’effacement représentant une consommation énergétique de 200 MW

• Le plan d’effacement va ainsi s’étendre jusqu’à Aout 2021.

 

  • Deux phases sont à considérer :

- Mai-Juin : période critique ;

- Juillet-Août : amélioration de la fourniture électrique anticipée du fait de la mise en service progressive de plusieurs équipements de production (atteinte probable entre 60% à 75% de la capacité)

  • 5 groupes d’entreprises identifiées (en fonction des postes de départ).
  • Plan d’effacement alterné : 12 heures de fourniture électrique sur une plage de 48 H00.

 

Investissements prévus

par les Autorités pour garantir une fourniture énergétique suffisante afin de couvrir les besoins croissants sur la période 2021 – 2024 :

 

L’Autorité a tenu à indiquer que les mises en services des investissements de renforcement des capacités de production, de transport et de distribution de l’énergie permettront d’assurer au second semestre 2021 et sur les années à venir une fourniture régulière de l’électricité et de meilleure qualité.

 

L’Autorité a rassuré les industriels que les équipements sont déjà sur le site (transformateurs, turbines, alternateurs) et il a été procédé au raccordement du pipe qui doit alimenter la turbine à gaz.

 

Capacité additionnelle sur les prochaines années de près de 900 MW qui sera fournie par :

 

- du Gaz additionnel fourni par FOXTROT (bloc CI-27)

- Juin 2021 : Mise en service de la Centrale solaire (37,5MW)  

- Juin 2021 : Mise en service de la Centrale à biomasse Aboisso (46 MW)

- Août 2021 : Mise en service de la Turbine à Gaz d’AZITO IV (179MW)

- Août 2022 : Mise en service d’une Turbine à Vapeur d’AZITO IV (74 MW)

- Septembre 2022 : Cycle combiné de CIPREL V (255 MW)

- Janvier 2023 : Mise en service d’une Turbine à Vapeur CIPREL (135 MW)

- 2 barrages en construction (Gribo popoli d’une capacité de 112 MW et SingroboAhouaty d’une capacité de 44 MW.

 

A noter, la ville de San-Pédro a été choisie comme futur pôle de production énergétique. Pour l’heure, des travaux de doublement de la ligne et de renforcement du poste de San-Pedro sont en cours.

 

Contacts fournis par la CIE pour toute question, précision, clarification ou confirmation du plan de délestage :

 

▪ Ligne Business : 27 21 23 02 50

▪ Adresse Email : Service.business@cie.ci

▪ Mr AKITIKPA Brou Ignace, Sous-Directeur Commercial Business: 01 40 45 33 68

▪ Chargés d’affaires : 01 03 32 22 88, 01 01 23 35 89

▪ Mr DOH Marius, Directeur Commercial Clients Privés : 01 42 26 26 02

▪ Mme BITTY Marie, Directrice Centrale Commerciale Marketing et Relations Clients : 05 05 05 00 13

INTERVENTION DES ENTREPRISES PRESENTES

 

Ces exposés ont été suivis d’une session d’échanges avec les Industriels :

 

Préoccupations exprimées par les industriels :

 

Le Plan d’effacement n’est pas en phase avec la réalité industrielle :

dans de nombreux secteurs industriels, un temps incompressible de 5 à 6 heures est nécessaire pour redémarrer les lignes (temps de chauffe). Dans le secteur du cacao, en plus de ce temps de chauffe, il est nécessaire de procéder à la vidange des installations (pour garantir la qualité de la production). En retranchant ces 5 à 6 heures de mise en service sur les 12 heures de disponibilité de l’énergie, il ne reste en définitive que 6 heures de production réelle.

 

▪ Des difficultés d’approvisionnement en gas-oil pour l’alimentation des groupes électrogènes sont déjà ressenties:

inquiétudes sur la capacité des fournisseurs de gas-oil à livrer les quantités requises par les industriels dans les délais (longs délais de chargement et de livraison du fait des embouteillages sur les sites industriels déjà observés (chargement à 8H00 pour une livraison sur le parc industriel à 16H00 chez une entreprise membre). Avec le plan d’effacement alterné, la demande en gas-oil va inévitablement s’accroître.

 

▪ Ce plan d’effacement va indubitablement avoir une incidence sur la production industrielle. Les entreprises du secteur du cacao ont signé une Convention avec l’Etat de Côte d’Ivoire qui prévoit des augmentations des niveaux de production. Aussi, elles sollicitent que la situation de déficit énergétique soit assimilée à un « cas de force majeure » pour permettre une révision des objectifs de production fixés dans ladite Convention.

 

▪ Au-delà des impacts sur les niveaux de production, les industriels s’’inquiètent des impacts sociaux de cette crise énergétique (réduction des recrutements de journaliers du fait de la baisse de la production industrielle, impact sur les chantiers en cours du fait de la baisse de la production de ciments).

 

▪ Capacité de la CIE à respecter strictement les plannings et les horaires de délestage (incidences financières pour les industriels et désorganisation de leur mode de production en cas de non-respect ou de non communication diligente).

 

▪ Capacité de la CIE à assurer une fourniture électrique de qualité (ex : inversion des phases lors de la remise sur le réseau).

 

▪ Nécessité d’une communication fluide, en temps réel et fiable entre les industriels et la CIE avec des points réguliers sur l’évolution de la situation.

 

▪ Nécessité d’avoir une prévisibilité sur les plannings d’effacement sur deux mois pour permettre aux industriels de planifier en amont leurs approvisionnements.

 

▪ Engorgements prévisibles des sites de production industrielle dans les semaines à venir car les matières premières qui devraient en principe être manufacturées en Mai et Juin sont en cours d’acheminement (particulièrement dans le secteur du ciment).

▪ Impossibilité de se fournir localement en groupes électrogènes de capacité professionnelle. Nécessité d’importer ces Groupes. Coûts additionnels.

 

▪ Les pertes d’exploitation ne sont pas prises en compte par les Assureurs.

 

▪ Impacts sur la production agro-industrielle. Dans le secteur spécifique du sucre, la période actuelle correspond à la pousse de la canne à sucre qui doit être impérativement irriguée. Les délestages prévus risquent d’avoir un impact sur la productivité agricole et compromettre les futures récoltes de canne à sucre et la disponibilité à terme du sucre.

 

▪ Impact sur la disponibilité de produits de grande consommation sensibles tels que la farine (pain).

 

Propositions de solutions alternatives formulées par les industriels :

 

- Quid de l’option de réduire la fourniture à ¼ de la puissance souscrite mais assurer une fourniture continue aux industriels ?. Selon la CIE, l’expérience a démontré que cette option d’auto-effacement n’est pas viable.

 

- Possibilité de regrouper les jours de disponibilité de la fourniture électrique pour éviter les redémarrages systématiques et répétés des lignes ?

 

ATTENTES EXPRIMEES PAR LES ENTREPRISES

 

1. Reconsidérer l’arbitrage entre les clients industriels et les autres clients pour ne pas faire porter toute la charge de cette crise énergétique sur les seuls industriels.

 

2. Revoir le planning d’effacement pour concentrer les jours de disponibilité de l’énergie électrique afin d’éviter les redémarrages répétés des lignes de production (coûts et risques de détérioration de l’outil industriel).

 

3. Assurer la disponibilité des stocks de gasoil au plan national pour l’alimentation des groupes électrogènes.

 

4. Réduire le coût du gasoil sur la période de la crise énergétique.

 

5. Réduire sur la période du délestage la tarification professionnelle de la CIE (prime fixe et tarif).

 

6. Défiscaliser l’importation des groupes électrogènes.

 

7. Donner une visibilité sur une période plus longue des plans d’effacement et communiquer en temps réel sur les aménagements.

 

8. Décréter la crise énergétique « cas de force majeure ».

 

9. Assurer une communication fiable et en temps réel avec les industriels (sur les coupures, sur l’avancement des plans d’investissements).

 

PROCHAINES ETAPES :

 

La CIE va se rapprocher individuellement et en fin de journée des industriels pour leur indiquer leur planning d’effacement sur la semaine à venir. Un retour, via les faitières, sera fait par l’Autorité sur la suite qui sera donnée aux préoccupations et suggestions des entreprises industrielles. Une communication est prévue lors du prochain Conseil des Ministres qui définira les grands principes de gestion de cette crise énergétique.

 

Sercom

 

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