Économie

Renouvellement du parc automobile/ Comment Dr Mohamed Kouyaté, Dg du Fdtr compte développer le transport 

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Le Gouvernement ivoirien, sous la houlette du Président de la République Alassane Ouattara, est déterminé à améliorer les conditions de travail des transporteurs sur toute l’étendue du territoire national. A cet, un programme de renouvellement du parc automobile a été lancé. Dans cette interview, le Directeur général du Fdtr, Dr Mohamed Kouyaté, explique le bien fondé d’un tel projet.

 

Le gouvernement ivoirien a depuis 2017, lancé un vaste programme de renouvellement du parc automobile, notamment à travers le Fonds de développement du transport routier (Fdtr) à la tête duquel vous êtes. En quoi consiste concrètement ce programme ?

 

Le projet du renouvellement du parc automobile est une réponse stratégique du gouvernement à la problématique de la vétusté des véhicules dont aujourd’hui l’âge varie quasiment autour de 18 à 20 ans. Lorsqu’on les compartimente, en moyenne on va jusqu’à 22, voire 25 ans. En dehors de cette question lancinante, il y a également la question de la sécurité routière qui permet de mettre en exergue un certain nombre de difficultés rencontrées sur le terrain du transport auxquelles nous devons apporter des solutions. La 3ème problématique majeure est celle de la pollution de l’environnement. Les véhicules d’un certain âge contribuent à polluer l’environnement. Le projet du renouvellement du parc automobile est l’une des solutions, l’un des leviers auquel le gouvernement a pensé pour pouvoir apporter une solution à ces différentes problématiques.

 

400 taxis mis en circulation

 

Quel bilan à mi-parcours, 3 ans après le lancement dudit projet ?

Le bilan à mi-parcours, aujourd’hui, il faut dire déjà que le projet comporte en lui-même 3 grandes composantes. Une composante, taxis, une composante de projet cofinancé avec la Banque mondiale, une composante de véhicules de marque Allemande. En ce qui concerne le volet taxis, nous sommes à ce jour à la mise en circulation de 400 taxis, si le processus en cours des 200 taxis Toyota vient à prendre fin, à la fin du mois de mai, nous serons dans un potentiel de 400 taxis mis en circulation.

En ce qui concerne le volet des marques allemandes, nous avons remis 832 véhicules aux entreprises de transport sur l’ensemble du territoire avant la fin de l’année 2020.

La 3ème composante, est celle des projets cofinancés sur la base du mécanisme à la prime à la casse. Ce concept porte sur le remplacement progressif des anciens véhicules, par des nouveaux via la mise en place de prêts auprès de banques partenaires.  Et ce projet est porté par le Fdtr représentant le ministère des Transports et au-delà le gouvernement de Côte d’Ivoire et par le Groupe de la Banque mondiale SFI. Ce qui devrait permettre à terme, de renouveler une flotte de 300 camions lourds sur l’axe Abidjan-Ouagadougou, d’acquérir 1700 minicars et de mettre en circulation 2000 taxis-compteurs.

Il est annoncé plus de 150 véhicules d’ici juillet 2021. Avec l’état actuel de la circulation à Abidjan,  les nombreux embouteillages… La capitale économique est-elle prête à accueillir ce nombre aussi important de véhicules? 

Assurer une plus grande mobilité des populations abidjanaises

 La vision du gouvernement qui est portée par le ministre Amadou Koné, vise 2 grands axes stratégiques. Le 1er c’est la modernisation et le développement du transport. Le second c’est la mise en œuvre de la multi modalité.  C’est-à-dire que vous avez 4 modes de transport, qui sont principalement, le mode routier, le mode aérien, le mode maritime et le mode ferroviaire. Il s’agira à terme, de combiner ces différents modes de transport, de sorte que les populations abidjanaises puissent être transportées par terre, c’est-à-dire avec les bus de la Sotra, les taxis, les minicars… et qu’ils puissent être également transportés sur les plans d’eau lagunaire.

        Il s’agira aussi d’envisager la possibilité de transporter sur le plan aérien, sur le plan ferroviaire avec le métro. C’est un projet qui va commencer incessamment. L’objectif est d’assurer une plus grande mobilité des populations abidjanaises. Le gouvernement a pris un acte fort qui est de limiter l’âge d’importation des véhicules, ce qui à terme permettra de bloquer un tant soit peu, l’entrée des véhicules d’un certain âge et plus au moins de maitriser le parc existant et de renouveler progressivement.

             Je vous ai tantôt expliqué qu’en complément de toutes ces mesures, le mécanisme de la prime à la casse qui est porté par la Banque mondiale et le ministère des Transports qui permettra également de sortir progressivement des véhicules. Donc il ne s’agira pas seulement de venir mettre des véhicules en sus de ceux qui sont là, on va les remplacer progressivement et en complémentarité avec les différents modes de transport, il y a extension des possibilités de mobilité urbaine offertes aux populations abidjanaises en particulier.

Des partenariats assez forts, avec des entreprises de renommées mondiales et qui sont prêtes à s’installer à Abidjan

Au-delà d’Abidjan qu’est-ce qui est prévu pour l’intérieur du pays ?

 

La demande du transport est beaucoup plus criarde à Abidjan. Aujourd’hui nous sommes autour de 5 millions d’habitants. Pour une population estimée à 25 millions, vous estimez que la problématique du transport des populations abidjanaises est une clé majeure à régler rapidement.

    On n’en restera pas seulement sur Abidjan, si vous suivez l’actualité en Côte d’Ivoire, vous verrez que les aérodromes ont été réhabilités, dons les vols domestiques ont repris, vous verrez également que les routes sont réhabilitées à l’intérieur du pays, vous verrez que le prolongement de l’autoroute continue pour aller vers Bouaké et vous vous rendrez compte également qu’au niveau de l’intérieur il y a toute une politique de remise de véhicules neufs. 832 véhicules ont été remis aux entreprises.

         Ce n’est pas seulement à Abidjan. Nous avons fait l’ensemble des 31 chefs-lieux de région et de Districts de Côte d’Ivoire pour remettre des véhicules aux entreprises de transport. Donc le projet av aller également à la rencontre des transporteurs de l’intérieur pour redynamiser le transport local. Il y a une phase 2 sur laquelle nous sommes en train de travailler qui prévoit l’importation de 1000 véhicules qui seront remis à l’ensemble des entreprises de transport sur l’étendue du territoire. Nous avons un volet d’industrialisation qui est compris dans ce projet, qui est assez important qui vise à permettre l’implantation d’usines automobiles en Côte d’Ivoire. A ce sujet, nous avons des partenariats assez forts, avec des entreprises de renommées mondiales et qui sont prêtes à s’installer à Abidjan. Aujourd’hui, nous avons des conventions signées avec 4 firmes automobiles internationales qui s’apprêtent dans les prochaines semaines à venir s’installer à Abidjan. C’est dire que la problématique est très importante à Abidjan, mais elle est également ouverte aux questions du transport à l’intérieur du pays.

 

Concernant les taxis-compteurs, comment en bénéficier ?

  

Pour en bénéficier, il faut être ivoirien, être transporteur, il faut s’acquitter de ce qu’on appelle financièrement l’apport initial. Dès lors que vous remplissez ces conditions minimales, il y a une condition préalable qui est celle d’être constitué en entreprise de transports. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, la loi interdit de mener l’activité du transport en tant que personne physique. Il faut absolument être constitué en personne morale, c’et-à-dire en entreprise. Ce qui aujourd’hui entraine une révolution dans la conduite des activités de transport en Côte d’Ivoire puisqu’à l’époque, dans un passé récent, l’activité était beaucoup menée par des personnes physiques. Et une loi d’orientation du transport intérieur est donc entrée en vigueur qui, oblige toute personne intéressée par le transport à se constituer en  société et en entreprise avant d’exercer cette activité.

Ce qui était l’élément catalyseur de la confiance que les banques et les partenaires financiers placent en l’activité.  Parce que nous sommes dans un rapport juridique plus ferme, plus rassurant, plus assaini, parce que la personne morale qui en face de vous a autant d’obligations juridiques qui mettent en confiance la banque, le partenaire financier qui veut porter le projet en collaboration avec ces entreprises.

12 millions Fcfa à rembourser sur 3 ans

Que répondez-vous aux acteurs qui estiment que les coûts d’acquisition des taxis sont trop élevés ?

Nous sommes dans une économie libérale. Et cette économie repose sur ce qu’on appelle l’initiative entrepreneuriale. C’est-à-dire que vous estimez que vous voulez entreprendre une activité, vous l’entreprenez et vous veillez à réunir les moyens permettant de financer cette activité. De ce point de vue, nous avons des standards qui peuvent nous permettre de dire que nous sommes les mieux sur les coûts des véhicules. Nous avons des concessionnaires qui sont installés ici à Abidjan, vous pouvez faire vos investigations et comparer les coûts.          Les premiers taxis que nous avons mis à disposition, nous les avons proposés à 10 millions pour une maturité de près de 3 ans. C’est-à-dire que vous avez 10 millions et vous devez rembourser sur 3 ans. Les seconds véhicules que nous sommes en train de mettre en circulation, sont autour de 11 millions sur la même maturité de prêt.

             Les derniers véhicules seront au maximum à 12 millions à rembourser également sur 3 ans. Ces même types de véhicules de marque Toyota ou Renauld Logan vous pouvez aller vous renseigner auprès des concessionnaires, demander d’abord les prix dans leur version civile, c’est-à-dire avant qu’ils ne soient transformés en taxis, et ensuite demander le prix TTC. Vous verrez un écart de l’ordre d’au moins 5 à 7 millions F, au minimum.

         Quand je prends l’exemple type de la Toyota Yaris, elle est commercialisée à 16 millions 900 mille, dans sa version civile. Et lorsque vous mettez 2 ou 3 millions pour la transformer en taxi, vous avoisinez 19 millions ; alors que nous à l’époque l’avions cédé à 10 millions. Même si nous portons le prix à 12 millions, nous aurons un écart de 10 millions. Vous avez donc un gain de 8 à 10 millions sur chaque taxi.

Comment se fait le remboursement ?

Vous devez être éligibles aux conditions de nos partenaires financiers, notamment les banques commerciales. Lorsque vous vous acquittez de l’apport initial, vous avez une entreprise de transport, vous avez des statuts et règlements en bonne et due forme, vous avez la carte de transporteurs, tous les documents juridiques et administratifs à remplir, vous signez un accord de prêt avec la banque.

            Pour cet accord de prêt il est prévu notamment que vous ayez des traites à honorer  sur une période de 36 mois, ce qui fait les 3 ans. Si vous avez une bonne gestion, dynamique, sérieuse, vous pouvez vous acquitter de ce prêt là avant son échéance. Il y a n’en aujourd’hui qui sont autour de 2 ans et demi à boucler le remboursement du prêt. Sur cette maturité, si vous êtes dans un cadre de gestion sérieux, qui n’accorde pas d’attention aux dérapages ou aux éventuelles mauvaises gestions, sur 2 ans et demi vous pouvez vous acquitter de toutes vos obligations de financement.

Quelle  satisfaction après de la première opération de remise de taxis-compteurs ?

Aujourd’hui nous avons une première phase avec les taxis, il faut dire qu’on était très bien lancé jusqu’à ce qu’on rentre dans la période de Covid. La Covid a plombé l’activité des taxis parce ce que l’année dernière nous étions en situation de couvre-feu, fermeture des bars, restaurants et pays alors qu’il y a beaucoup de nos entreprises qui sont en relation avec ces institutions, ambassades. C’est maintenant qu’ils essaient de sortir la tête de l’eau.

        Dès lors nous avons mis les véhicules en circulation en 2017, je dirai que la couche de remboursement était en hausse, mais malheureusement vers fin 2019 il y a eu une baisse. Mais nous avons bon espoir que c’est une opération qui d’une manière ou une autre sera concluante.

Commettre un huissier pour bloquer les véhicules en cas de  non remboursement

Y a-t-il des sanctions prévues en cas de non-respect du contrat ?

Absolument. Il y a des entreprises qui signent deux contrats de base. Le contrat de prêt avec le partenaire financier qui veille au remboursement des prêts et un contrat à caractère technique de financier. Nous on veille à ce qu’ils remboursent et à ce qu’ils respectent l’entretien des véhicules dans les normes. Nous avons un dispositif de suivi qui permet à nos équipes d’être sur le terrain une fois par semaine et nous avons un dispositif d’alerte avec la banque qui nous permet de contrôler l’entreprise en cas de non satisfaction des engagements. Ce qui est prévu en accord avec notre huissier de justice, lorsque les engagements ne sont pas respectés, la première phase c’est d’installer un administrateur provisoire au nom du Fdtr au sein de l’entreprise afin que les Fdtr soit au quotidien dans la gestion de l’entreprise.

                La seconde phase c’est de commettre l’huissier pour bloquer les véhicules et les mettre à la disposition du Fdtr en cas de nécessité, parce que toutes ces conditions sont déjà signées dans le contrat qui engage l’entreprise vis-à-vis du Fdtr.

 

Quel est le coût global de ce programme ?

Ce programme est redimensionné, sinon la perspective initiale dans la structuration financière c’était de disposer d’un volume financier de 150 milliard Fcfa qui devrait permettre sur un horizon de 5 ans d’obtenir 750 milliard F. Mais il a été redimensionné parce que les 750 milliard F prévoyaient d’acquérir et renouveler au moins 10.000 véhicules par an ce qui allait faire un renouvellement de 50.000 véhicules. Malheureusement elle n’a pas pu être mise en place. De sorte qu’aujourd’hui ce sont les 3 composantes que je viens de citer qui sont en vigueur et si on s’en tient à l’enveloppe affectée à ces 3 composantes, avec la banque mondiale aujourd’hui, si nous acquérons les 1500 mini cars et les 2000 taxis.

 

Accorder au projet un avantage comparatif en termes de faveur fiscale, douanière…

 

 

Si on devait améliorer le dispositif, selon vous qu’est-ce qu’il faut revoir ?

Pour moi il y a 3 tableaux que nous devons regarder ensemble. Le premier tableau c’est l’avantage comparatif qu’il faut accorder au projet. Je parle d’avantage comparatif en termes de faveur fiscale, douanière qu’il faut accorder au projet. Aujourd’hui l’État a fait l’effort  de mettre en place un code d’investissement très attractif et c’est à travers ce code que le projet tire ces avantages, et il serait bon que le projet est des avantages spécifiques de l’ordre du fiscal et du douanier

              Le second tableau est le financement. Aujourd’hui les banques sont toujours dans une dynamique attentiste. Alors que nous pensons qu’elle devrait s’inscrire dans le projet, en apportant les financement nécessaires, parce que nous estimons que c’est un projet qui est structurant en ce sens que, à partir de l’acquisition d’un véhicule vous avez pour le taxi 3 personnes qui gravitent, 2 chauffeurs et au moins le propriétaire ou directeur d’exploitation et cela a une répercussion sur les pièces détachées, sur le microcosmes des garages…pour ceux qui sont orienter vers l’industrialisation le montage automobile et l’automobile aujourd’hui a des impacts sectorielles tels que : en terme de création d’emploi et création de technologie ont autant d’élément qui vont permettre à l’activité économique nationale générale d’être boostée.

                            Le transport représente aujourd’hui une bonne part du PIB en Côte d’Ivoire. Il faut qu’on puisse bénéficier du financement massif notamment de la part du secteur privé, et une forte professionnalisation et un fort tôt d’assainissement du secteur du transport lui-même. Je parle en tant qu’une structure qui regarde l’assainissement en cours pour les transporteurs. Il faut que le transporteur soit mieux organisé et que le secteur soit mieux assaini parce que nous faisons face à la concurrence déloyale forte dans ce secteur, nous faisons malheureusement face également à des situations de désordre, de violence et de désorganisation et tous ces éléments sont autant d’élément qui sont dans l’environnement du projet et qui peut le déstabiliser. Il faut faire une professionnalisation qui va certainement mettre en place un environnement qui fera que les partenaires financiers auront plus confiance afin d’apporter leur expertise.

Quels conseils aux acteurs, en tant que directeur Général du Fdtr, et acteur majeur de ce vaste programme ?

Personnellement je pense qu’en souscrivant à ce projet, que ce soit l’Etat, les transporteurs, les bénéficiaires, les populations, nous souscrivons tous à un objectif de modernisation du développement du transport. Ce qui veut dire que nous recherchons et nous espérons pouvoir atteindre les objectifs de sécurité, confort et de rentabilité. Lorsque nous partageons ces objectifs ensemble, dans l’application des stratégies il faut que chaque acteur dans la chaîne puisse jouer son rôle.

Nous en tant que Fdtr, notre rôle est d’accompagner les transporteurs afin qu’ils puissent renouveler leur part et permettre de rentrer dans le tissu économique et d’apporter la rentabilité aux populations, aux entreprises elles-mêmes, à l’Etat de manière générale.

L’entreprise doit être sur de 2 choses principales à mon avis. D’abord du bon état technique  de son parc, assurer une bonne gestion des véhicules conformément aux manuels d’utilisation établis par le concessionnaire, veiller à la période de vidange, veiller à la mise en état des véhicules dans les normes en ce moment il y aura acquis un véhicule qui peut porter sur l’horizon de 7 ans parce que selon le décret d’exploitation de Côte d’Ivoire, les taxis peuvent être utilisés sur 7 ans.

Le second engagement est de faire face aux obligations de remboursement de prêt. Vous devez respecter obligatoirement ces engagements de remboursement. Conseil au plan de l’entretien des véhicules, conseil au plan du remboursement des prêts auprès de la banque afin qu’à terme vous soyez un propriétaire heureux qui vit sainement des résultats de ses activités et qui à terme n’aura plus besoin de Fdtr pour accroitre son parc et de vivre encore heureux.

Fatou Sylla

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