« Je voulais venir ici sur la toile, faire une précision. Je viens de faire une chanson que j’ai adressée à Assimi Goïta, le président actuel du Mali. Et je ne veux pas que certains voient ça autrement, l’interprètent autrement. J’ai de l’admiration pour Assimi Goïta parce que c’est un panafricaniste et il a osé. Moi j’admire des gens comme ça, qui préfèrent dire haut ce que certains pensent bas », a-t-elle introduit. Puis elle poursuit, on ne peut plus sérieuse : « il se bat pour son autonomie et je pense que cela concerne tout bon africain qui devrait comprendre quand même le sens du combat du mali et de Assimi Goïta. Dire que c’est un peu lui faire trop d’hommage, d’honneur par rapport à nos soldats ici, je ne vois pas le rapport ». Même si la « nouvelle chantre du panafricanisme » reconnait que ce n’est pas la première fois qu’elle chante des personnalités, elle souhaite qu’on ne fasse pas de lien entre sa chanson et la détention arbitraire des 46 soldats ivoiriens au Mali. « (…) Que les gens ne voient pas ça autrement, non. Je ne connais pas l’histoire, le problème des 46 militaires qui sont retenus là-bas, mais je prie Dieu que les négociations qui se font aboutissent à une fin heureuse pour nous tous mais ça n’a rien avoir ». Là où elle va tout gâter, c’est quand elle dit qu’elle fait ce qu’elle veut. (…) « Et puis moi on ne me dit pas fais ça. Ça me vient et je le fais ».
Non Aïcha, quand on vit dans une société organisée avec des normes, on ne fait pas tout ce qui nous passe par la tête. Il y a une littérature abondante sur la détention des soldats ivoiriens. Ici, personne ne remet en cause votre talent d’artiste engagée, même si nous découvrons, au soir de votre vie, votre penchant brusque pour le panafricanisme. Ce que les Ivoiriens, dans leur écrasante majorité essaient de faire comprendre, c’est que le moment choisit pour un tel éloge n’est pas approprié. A la limite, on peut te concéder le manque d’informations sur le sujet. Même si nous estimons que tu aurais tu t’informer, aller à la source de l’information. Pendant que les artistes ivoiriens chantent l’armée pour redonner le moral aux soldats arrêtés, toi, une diva, tu préfères chanter celui qui les détient injustement. Tu aurais pu te taire, ou encore produire une vidéo d’excuse que la polémique n’enflerait pas. Tenter de justifier son acte qui rébute, c’est se moquer des familles de ces soldats en détention. Une artiste, c’est la voix des sans voix, c’est la voix qui rassure et qui apaise. Et non la voix de la douleur et de la torture. Aïcha, tu vieillis mal. Il est encore temps de se ressaisir.
Yacouba DOUMBIA