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Culture/Interview-DJ Mix 1er (Artiste-chanteur) : « La mort de DJ Arafat a joué sur ma conscience »      

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En plein dans les préparatifs de son concert du samedi 19 mars 2022, Mix 1er nous a ouvert les portes de sa nouvelle structure de production, Mix Record. Il nous parle, dans cet entretien, du décès de DJ Arafat, du couper-décaler et de ses nouvelles ambitions.

 

Après un premier report de la date de votre concert, vous avez finalement opté pour le samedi 19 mars au Palais de la Culture de Treichville. À moins d’un mois de ce concert tant attendu, comment se passent les préparatifs ?

Ça se passe super bien. Avec les différentes réactions que nous recevons depuis l’annonce du concert, nous sommes davantage motivés et ça ne fait que plaisir de savoir que les fans m’attendent. Nous avons même déjà commencé nos répétitions depuis plus d’un mois avec l’orchestre et tout se passe bien.

 

Qu’est-ce que Mix 1er peut-il apporter de nouveau avec un tel concert ?

Il faut dire que le concert est dénommé « Le concert de la maturité ». La maturité, parce que déjà à la base, j’ai gagné en maturité, j’ai pris en âge, j’ai pris en maturité musicale aussi. Depuis un certain moment, si vous faites attention aux musiques que je sors, vous remarquerez qu’elles sont vraiment travaillées. Ce n’est plus comme avant où on sortait des musiques comme ça, sans calculer les choses. Maintenant, c’est plus avec les textes bien sensés pour véhiculer un message, pour toucher un peu la jeunesse. Cela, parce qu’on sait qu’on a un réel impact sur la jeunesse. Depuis le début de Mix jusqu’aujourd’hui, les gens qui m’écoutaient, avaient peut-être 18 ans, 19 ans. Aujourd’hui, ils sont déjà dans la trentaine, ils ont pris en maturité. Pour dire que ça sera une rencontre déjà entre nous. Ça sera l’échange du Mix d’avant et le Mix d’aujourd’hui. Le Mix d’aujourd’hui a connu beaucoup d’améliorations au niveau du côté scénique, côté vocal. Même les instruments, on les prend pour faire de la musique aujourd’hui, il y a eu un grand changement. Et je pense qu’il y aura vraiment plusieurs nouvelles choses qu’on va servir à notre public.  

 

DJ Mix 1er est taxé d’être un artiste à voix qui s’est malheureusement mis au couper-décaler. Ce qui ne valoriserait pas bien l’immensité de son talent. Est-ce que ce choix pour le couper-décaler ne constitue-t-il pas quelque part, un blocage ou un frein à l’éclosion véritable de votre carrière ?

Je ne pense pas que ce soit un blocage. J’ai ma manière à moi de faire mon couper-décaler et je pense que ce sont mes textes qui font de moi aujourd’hui, ce que je suis. Je cherche à m’exporter à l’extérieur et concernant ma musique, pour quelqu’un qui suit véritablement Mix, il doit savoir que Mix n’est pas focalisé seulement que sur le couper-décaler. Depuis quelques années, Mix fait du couper-décaler, mais beaucoup de variétés aussi. J’ai sorti mon album, il y a deux ans, un album qui est un pur délice dans lequel on retrouve du RNB, du Zouk et même du reggae. En clair, ma musique évolue, car je cherche à m’exporter.

 

C’est donc pour cette vision que vous avez rompu avec les « spots » ?

Non, je n’ai pas rompu du tout avec les « spots ». Je le fais dans mes chansons, il y a toujours de petites parties qui sont dédiées aux « spots », parce que tout le monde aime ça, les fans notamment. Seulement qu’on ne fait plus des chansons du début à la fin pour chanter uniquement le nom des gens. On fait une chanson, on passe le message normalement, on met l’ambiance et à la fin, on chante quelques noms.

 

Est-ce qu’ainsi, ce n’est pas une ingratitude que vous faites à tous ces jeunes « brouteurs » qui vous avaient couvert de billets de banque dans vos débuts et qui malheureusement, n’ont plus les moyens aujourd’hui ?

Comme je l’ai dit tantôt, je n’ai pas laissé, je n’ai pas abandonné. Et je ne pense pas que ces personnes-là puissent voir ça comme de l’ingratitude, parce que je continue de chanter les noms de certaines personnes depuis mes débuts jusqu’aujourd’hui.

 

Vous semblez avoir aujourd’hui une autre vision du couper-décaler. Quel est donc votre regard actuel sur cet univers ?

Je pense que les choses sont un peu au ralenti au couper-décaler de façon générale. Mais j’ai foi, c’est juste une période qui va passer. Le décès d’Arafat y est pour beaucoup à mon sens. En plus, ce n’est pas à tout moment que les artistes sont inspirés. Toutefois, je pense que ça va venir, car les gens travaillent à cela.

 

Avec la mort de DJ Arafat, nous avions appris que vous aviez voulu tout arrêter…

Non, je ne pense pas avoir voulu abandonner. Cela dit, à part la musique, j’ai d’autres activités. Il y en a qui me prennent le temps. Comme on le dit, j’essaie de préparer un peu ma retraite. C’est ce qui faisait qu’à une certaine période, je ne sortais pas de sons, car j’étais en train de monter ma structure.

 

Vous aviez été l’un des rares artistes ivoiriens à partager la scène avec DJ Arafat avant sa mort. Cela a peut-être joué sur votre conscience…

Effectivement, la mort de DJ Arafat a joué sur ma conscience. Ça continue de jouer toujours d’ailleurs, parce que mon esprit n’arrive pas à accepter le départ de DJ Arafat. On ne voit pas le couper-décaler sans DJ Arafat. On se dit qu’il est en voyage quelque part et du jour au lendemain, il va sortir de nulle part. Ce sont des choses qui sont difficiles à accepter, mais on vit avec, on fait avec au jour le jour.

 

On a ouï dire que vous étiez tellement abattu que DJ Arafat vous serait apparu en réalité pour vous demander d’arrêter de le pleurer…

Non, je ne pense pas. Ce sont des choses sur lesquelles je préfère mettre un gros silence. Je préfère que ça reste comme ça.

 

La réincarnation après la mort, vous y croyez ?

À la base, je suis croyant. Chacun a cette expérience dans la vie. Chacun sait ce qu’il a vécu et il vit selon son expérience.

Pourquoi faites-vous tout un mystère autour de ce que vous avez vécu après la mort de DJ Arafat ?

Je n’évite pas d’en parler. J’évite d’exposer des choses qui n’ont pas lieu d’être exposées.

 

Pourquoi selon vous, depuis le décès de DJ Arafat, des acteurs clés comme Debordo Leekunfa, Serge Beynaud, Bébi Philip, n’arrivent toujours pas à se démarquer véritablement ? Est-ce le manque de concurrence qui provoque cela ?

Comment ça, ils n’arrivent pas à s’exprimer ? Ils s’expriment. Debordo a chanté une nouvelle chanson qui s’appelle « Detrounan ». Ça tombe bien. Je pense que jusqu’à la semaine dernière, il était 1er sur Trace. Debordo est actuellement en tournée. Beynaud est en train de préparer un album. Kerozen vient de sortir un nouveau titre, Kedjevara vient de sortir un nouveau titre, Mix vient de sortir un nouveau titre. J’ai sorti une nouvelle chanson qui s’appelle « L’oracle ». Pour dire que ça va. C’est juste qu’il n’y a plus de buzz et tout ce qu’il y avait avant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai dit que c’est au ralenti. Mais, je pense que les gens vont s’habituer à cette nouvelle façon de faire. On a malheureusement habitué le public du couper-décaler aux buzz et quand je dis on, je parle de DJ Arafat. Aujourd’hui, DJ Arafat n’est plus, ça ne veut pas dire que le couper-décaler n’est plus. Celui qui faisait le buzz n’est plus, mais la musique continue de vivre. Les acteurs du couper-décaler continuent de voyager. Moi, je voyage tout le temps et je croise toujours Kerozen et même Beynaud à l’aéroport allant dans différentes directions. Pour dire que le couper-décaler est juste un peu au ralenti, le temps que les gens s’habituent au nouveau style de tout le monde. On n’est pas obligé de faire du bruit pour évoluer et c’est ce que je veux que les gens comprennent.

 

Mais pourquoi le couper-décaler a toujours du mal à se trouver un nouveau leader, un nouveau King ?

Chacun a sa définition de sa carrière. Moi personnellement, je ne fais pas la musique pour qu’on vienne me dire que je suis le King du couper-décaler. Je fais la musique pour montrer aux gens ce que je sais faire, pour valoriser la Côte d’Ivoire, pour exporter la musique de la Côte d’Ivoire. Moi, aujourd’hui, mon but n’est pas d’être le roi du couper-décaler. Ma vision, c’est d’arriver à remplir une grosse salle comme Bercy ou voir des Blancs, des métisses un peu partout. C’est ça mon but. Mon but n’est pas d’être le King du couper-décaler.

Quelles seront vos priorités les cinq prochaines années ?

Grosse collaboration déjà à partir de la fin d’année en vue. Grosse salle en Europe et grosse maison de production. Je viens de me lancer dans la production, la distribution, l’édition. Dans cinq ans, Mix sera un grand producteur et peut-être que je serai derrière les écrans. Retenez d’abord que je ne laisserai jamais le couper-décaler même si je fais de la variété ou si je sors n’importe quel style de musique. Mix n’est qu’à 15 ou 20% de son potentiel, il y a plein de choses à donner encore.

 


Philip KLA

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