En faisant signer Lionel Messi, le Paris Saint-Germain réalise à la fois un coup sportif et économique. Trois questions à Pierre Rondeau, économiste du sport et spécialiste de l'économie du football.
Arrivé libre de tout contrat avec le FC Barcelone, le joueur argentin devrait gagner autour de 40 millions d'euros annuels, selon la presse française.
RFI : Que peut espérer le PSG en matière de retombées économiques ?
Pierre Rondeau : La presse catalane chiffrait les retombées économiques de la seule présence de Messi au Barça à plus de 200 millions d'euros chaque année. Il va provoquer une bonification considérable des recettes de billetterie. Tout le monde va vouloir voir jouer l'argentin au Parc des Princes. Stade plein, ces recettes étaient déjà estimées à près de 100 millions d'euros. Le PSG pourrait augmenter le prix des places pour atteindre des recettes annuelles de 120 ou 130 millions d'euros.
Il y aura aussi une augmentation des recettes commerciales via le merchandising - on pense aux ventes de maillots - et via le sponsoring. Le contrat avec le groupe Accor prend fin en 2022. Messi jouera encore au PSG à ce moment-là et on peut imaginer que le club renégociera ce contrat. Il pourrait atteindre des rentrées d'argent entre 75 et 90 millions d'euros.
Le PSG va pouvoir tirer profit de ce joueur, et même s'il coûtera cher en salaire, il y aura un retour sur investissement considérable.
Est-ce l'aboutissement de la stratégie économique des Qatariens ?
Oui et non, car Messi a tout de même 34 ans. Ce n'est pas une politique de long terme comme lorsque le PSG faisait signer Mbappé.
Le joueur argentin vient sur une fin de carrière. On peut se demander si le PSG avait vraiment besoin de cette visibilité car il est déjà positionné parmi les meilleurs clubs les plus connus au monde, bien qu'il n'ait pas gagné la Ligue des champions.
Il faudra aussi bien observer l'avenir de Kylian Mbappé. Ça serait, selon moi, une très mauvaise image renvoyée par le club si Mbappé n'était pas prolongé, voire vendu dès cet été.
Par contre en terme de visibilité et de soft power, c'est un aboutissement pour le Qatar. Messi va enfin jouer au PSG, ce dont les Qatariens rêvent depuis 2011, époque à laquelle ils ont acheté le club.
Les retombées émanant de ce recrutement pourraient-elles ruisseler sur les autres clubs de Ligue 1 et sur les diffuseurs ?
C'est bénéfique pour les diffuseurs. On peut supposer que Canal+ qui, jusqu'ici, refusait de payer les 332 millions d'euros du lot 3 des droits TV, a eu ouï dire que Messi était en bonne voie pour signer au PSG. Au final, ils ont stoppé net les procédures judiciaires et ont accepté de payer. En tant qu'ayant droit - 20% des matchs - Canal+ pourra faire de belles bandes annonces avec Messi portant le maillot du PSG. Cela va décupler sa force de frappe et sa notoriété. On peut imaginer que beaucoup de gens vont se ruer sur les abonnements pour voir la Ligue 1.
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C'est la même chose pour Amazon qui a acheté 80% des droits TV pour seulement 259 millions d'euros par an et qui profite de l'aubaine. Pour si peu d'argent, Amazon va diffuser les matchs de Mbappé, Neymar et du sextuple Ballon d'or Lionel Messi.
Pour les clubs, c'est différent dans la mesure où les droits TV nationaux et internationaux ont déjà été négociés jusqu'en 2024. Les dirigeants de Ligue 1 aimeraient bien pouvoir renégocier à la hausse ces droits internationaux qui sont dérisoires (80 millions d'euros). C'est surtout grâce à l'image de marque de Messi que cela sera bénéfique pour les sponsors et les billetteries des autres clubs qui affronteront le PSG.
Rfi