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Interview/Yao Kouassi Gervais dit Gervinho:« Je veux remporter un dernier titre avec les Éléphants »

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Coupe du monde, Coupe d'Afrique des nations, Ligue des champions, il a joué presque toutes les compétitions majeures au monde. Dans cette interview exclusive qu'il a accordée à L'Avenir, l'international ivoirien de 35 ans se livre.

 

Vous arrivez dans un nouveau championnat en Grèce, quels sont les challenges aujourd'hui ?

J’ai connu une saison dernière difficile avec ma blessure au genou. Je voulais repartir sur un nouveau projet dans lequel j'occuperai une place centrale. J'arrive à Aris avec beaucoup d'ambitions. Je veux retrouver le goût du foot, jouer le maximum de matches et gagner beaucoup de titres. J'ai été champion en France, en Turquie. J'aimerais bien être champion ici aussi. Il y a aussi la Coupe d'Europe que le club va disputer.

 

À 35 ans, vous avez parcouru 7 championnats. Est-ce le dernier ou bien Gervinho veut encore en découvrir ?

Dans le foot, on ne sait jamais. Souvent, on propose et le destin dispose. Je ne me fais pas à l'idée de quitter la Grèce de sitôt. Si je peux jouer ici quelques années encore, je serai ravi. Mais bien avant, on verra ce que va donner cette saison. Si je me sens bien ici, il n'y aura pas de raison que je cherche à aller voir ailleurs.

 

« Avec Trabzonspor, on ne regardait plus dans la même direction »

 

Vous quittez Trabzonspor après une longue absence pour cause de blessure. Quelle est la vraie raison de votre départ ?

On s'est séparé en de bons termes. On n'a pas été en conflit. Mais, on ne regardait plus dans la même direction au niveau sportif. Je remercie les dirigeants de Trabzonspor, mes anciens coéquipiers et les supporters. Je n'oublierai pas l'accueil qui m'a été réservé et surtout, le soutien qu'on m'a témoigné après ma blessure.

 

L'arrivée de Jean Evrard Kouassi à Trabzonspor, on le sait, a été possible par votre entremise. Quelle est l'histoire derrière ce transfert ?

Après ma blessure, le club avait besoin d'un ailier. Les dirigeants m'ont appelé pour avoir des renseignements sur le jeune frère Evrard Kouassi. Je leur ai dit que c'était un super joueur et un garçon respectueux. Je les ai convaincus qu'il pouvait apporter beaucoup à l'équipe. Après, j'ai mis le club en contact avec Evrard et son agent.

 

En tant qu'aîné, quelles sont les actions que vous êtes souvent amené à faire pour aider les jeunes footballeurs ivoiriens à éclore ?

Je suis quelqu'un qui n'aime pas parler de ses actions en faveur des autres. Mais, j'ai toujours aidé les jeunes ivoiriens quand l'occasion s'est présentée. J'ai aussi pris un club en Côte d'Ivoire dans le but d'aider toute cette jeunesse et donner la chance aux meilleurs. Si je suis arrivé à ce niveau, c'est parce qu'on m'a donné ma chance. J'essaie de faire la même chose : redonner au foot, ce qu'il m'a donné.

 

À 35 ans, vous avez encore beaucoup d'énergie, quel est le secret de cette longévité dans le football ?

Physiquement, je me sens bien. Et j'ai encore la flamme. Dieu m'a donné une morphologie qui se révèle être un super atout. J'entretiens mon corps, je ne fais pas n'importe quoi. J'essaie d'avoir une vie de sportif de haut niveau. J'ai aussi un préparateur physique personnel qui me suit. Au foot, l'entraînement invisible compte beaucoup.

 

« Je préfère faire parler de moi sur les terrains »

 

On a souvent vu certains footballeurs faire le buzz, animer la toile, mais jamais, vous n’avez été cité. D'où tirez-vous cette lucidité ?

C'est mon éducation. Je ne suis pas friand de tous ces tapages sur le net. Ce n'est pas quelque chose que j'affectionne. Je préfère faire parler de moi sur les terrains. Je suis quelqu'un de posé hors des stades.

 

Vous vous blessez à quelques semaines de la CAN que vous devriez jouer au Cameroun. Comment mesurez-vous le traumatisme de cette blessure aujourd'hui encore ?

Ça été des moments très difficiles pour moi, d'autant plus que j'avais fait de bons matches en sélection. En club, je montais aussi en pleine puissance. Et j'avais le sentiment qu'on pouvait réussir de belles choses à la CAN. Sur le coup, j'étais triste parce que j'avais subi une blessure pareille quelques mois avant la CAN 2017. Mais j'ai dû vite ravaler ma déception et ma douleur pour me concentrer sur ma guérison. J'ai pris ce coup du sort avec beaucoup de philosophie. Ne dit-on pas que tout ce que Dieu fait est bon ? Dieu m'a tant donné dans la vie et dans le foot ! Comme je l’ai dit plus haut, sur le coup, j'ai été affecté psychologiquement. Mais ça n'a pas excédé deux jours. Ce sont les risques du métier.

 

 

Aujourd'hui que Gervinho est rétabli, a-t-il encore une perche de la sélection nationale?

Je suis totalement rétabli. Mais je dois faire attention. Je vais revenir tout doucement. Je ne dois rien précipiter. Cela dit, tout le monde sait mon amour pour la Côte d’Ivoire, pour l'équipe nationale. J'ai l'intime conviction que je peux encore apporter à cette équipe. Quand je suis en pleine possession de mes moyens physiques, je suis un joueur qui fait des dégâts. Malgré l'âge, je n'ai perdu aucune de mes qualités. J'ai la flamme pour l'équipe nationale. Je veux remporter un dernier titre avec les Éléphants avant de raccrocher.

 

Est-ce que Gervinho songe plutôt à une retraite internationale ?

Quand je saurai que je ne peux plus rien apporter à cette équipe, je me retirerai tranquillement. Mais ce moment n'est pas encore arrivé. Il est important d'avoir des joueurs d'expérience pour encadrer les jeunes, indiquer la voie à suivre. Dans le foot, on ne laisse pas la place à quelqu'un. Les places se gagnent sur le terrain. Ce sont nos performances qui nous donnent un statut et une légitimité.

 

La CAN se joue en Côte d'Ivoire en 2024, Gervinho pense-t-il pouvoir y participer ?

Si j'ai décidé de venir en Grèce, c'est parce que je veux justement être compétitif pour avoir une chance de disputer la CAN. Me connaissant, je sais que je participerai à cette CAN s'il plaît à Dieu.

 

Avec le niveau de l'équipe et l'arrivée du nouveau sélectionneur, pensez-vous qu'on puisse remporter ce trophée en 2024 ?

On a une bonne équipe avec de jeunes joueurs de talent et des tauliers qui ont toujours soif de titres. Le coach est un technicien compétent avec beaucoup d'expériences. Il a dirigé de gros effectifs dans sa carrière. Je suis persuadé qu'il va nous aider à aller chercher cette troisième étoile chez nous. Le fait de disputer la compétition à domicile, est un gros atout. On va tout faire pour faire plaisir aux Ivoiriens comme on l'a fait en 2015. Il n'y a pas d'autre alternative à la victoire finale.

 

 

Vous avez parcouru le monde, joué dans de grands championnats et sur de grands stades avec les Éléphants. Quels sont les plus grands souvenirs que vous gardez de votre carrière ?

Je garde de meilleurs souvenirs de ma carrière. Et Dieu m'a donné la chance de vivre une fabuleuse carrière. Quand je quittais Abobo pour Beveren, j'étais plein de rêves, mais il était difficile de prévoir la formidable carrière que j'ai connue. Je fais partie des tout meilleurs joueurs de l'histoire de notre pays et de notre continent. Je garde en mémoire, le doublé avec Lille, la CAN 2015 remportée avec la Côte d’Ivoire, les Coupes du monde, les Jeux Olympiques disputés. Il y en a tellement de merveilleux moments. Dieu m'a comblé au-delà de mes espérances.

 

 

Gervinho pense-t-il avoir réalisé tous ses rêves ? Si non, que lui reste-t-il ?

Il est difficile de réaliser tous ses rêves dans le sport, dans la vie. Mon seul regret, c'est le fait de ne pas avoir remporté la Champions League. Mais je sais apprécier ce que Dieu m'a donné. Ce qui me reste désormais, c'est de remporter une deuxième CAN pour la Côte d’Ivoire.

Pour le moment, je n'ai pris aucune idée. Mais croyez-moi, je resterai dans le milieu du football.

 

 

Réalisée par Manuel Zako

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