Fondé en 1947 par Sery Mogador, l’Africa Sports est devenu, par la force des choses et surtout, par la faute de certains de ses dirigeants, la risée des sportifs ivoiriens. Englué dans le bas du tableau et dans un bicéphalisme depuis des années pour des intérêts égoïstes, le club aux couleurs flamboyantes, touche le fond, cette saison. Hélas, sa mise sous administration provisoire par le Comité de normalisation de la Fédération ivoirienne de football (CN-FIF), n’aura certainement pas aidé le club à sortir de la tête de l’eau. Si la crise à l’Afrique connaît un niveau exceptionnel cette saison, l’opinion nationale est habituée aux bisbilles entre les dirigeants de ce club.
Bicéphalismes interminables
Il n’y a, en réalité, rien de nouveau sous le soleil et ce, depuis le départ de Simplice De Messé Zinsou. De Doré Lassina à Koné Cheick Oumar, Vagba Alexis, Bahi Antoine, en passant par Alain-Richard Donwahi, Kuyo Téa Narcisse..., les conflits ont toujours existé au niveau de cette équipe. Conflits qui ont fragilisé la bonne marche du club vert et rouge qui, dans les années 1980 et jusqu’à une certaine époque, est la fierté du football en Côte d’Ivoire, sous l’ère Zinsou. Les plus belles pages de l’équipe des Membres associés ont été écrites en grande partie, par celle que les intimes appelles appelaitsement ZS. À la tête de l’Africa Sports pendentif plus d’une décennie, c’est lui qui a hissé très haut, le club vert et rouge. Sous son ère, l’Africa Sports a dominé sans partage, le football ivoirien. Ainsi, sous sa présidence, c’est 5 titres successifs (1985 à 1989) de champion de Côte d’Ivoire, une Coupe africaine des vainqueurs de coupe en 1992 et une Super Coupe d’Afrique en 1993. A cette époque, l’équipe nationale tirait profit du travail de Zinsou. La plupart des joueurs de la sélection nationale (Eléphants) a fait ses preuves au club vert et rouge. Simplice Zinsou est donné corps et âme pour faire de l’Afrique Sports, l’une des grandes équipes sur le continent. Son départ n’est pas étranger à ces crises interminables à la tête du club. Après cette époque et plus récemment en 2013, la guerre entre Koné Cheick Oumar et Vagba Alexis un fait beaucoup de vagues. Vagba Alexis a fini par avoir raison du ''milliardaire'' qui a écopé d’une grosse suspension par la FIF. En 2019, pour la première fois depuis son départ, Simplice Zinsou, l’ex-manitou de l’Afrique, s’est exprimé sur le club qu’il a tant aimé.
Zinsou parle de ses anciens collaborateurs
« L’Africa Sports est carrément sorti de ma mémoire. J’ai le sentiment de n’avoir jamais dirigé ce club. Mon idée et mon ambition sont de bâtir un club national de toute étiquette tribale, un club qu’on ne peut pas confiner dans une région ». Il a indiqué à cette époque sur la question du bicéphalisme que les dirigeants, ses anciens collaborateurs, « sont dans la nuisance permanente. Je ne sais d’où ils tirent cette force, mais ils sont quand même courageux pour être en permanence dans cette nuisance... Ce que je regrette, c’est qu’aucun d’entre eux, n’a été capable de gratitude. Non pas seulement à l’endroit du dirigeant que j’étais, mais surtout dans nos rapports d’hommes ». Deuxième club le plus titré derrière l’Asec, l’Afrique, c’est aussi 17 titres de Champion de Côte d’Ivoire, 21 Coupes de Côte d’Ivoire, 11 Super coupes Félix Houphouët-Boigny, 2 Coupes d’Afrique des vainqueurs de coupes, 1 Supercoupe d’Afrique, 3 Coupes de l’UFOA et 1 Coupe de l’AOF. C’est aussi des joueurs de renom tels qu’Alex Chola, Brice Samba, Rufin Lué, Pascal Miézan, Serge Dié, Kader Keita, JeanJacques Tizié, Ernest Kallet Bialy, Alain Gouaméné, Peter Kaumba, Kossi Agassa, Rashidi Yekini, Joseph Antoine Bell... Pour Éric Babou, ancien joueur des Aiglons « La bonne nouvelle, c’est l’arrivée du Comité de normalisation. Nous l’avons tous souhaité, nous espérons qu’il va respecter la feuille de route et sortir le club de ses problèmes ». Selon son analyse, « la relégation en deuxième division, il faut dire que ça nous pendait au nez depuis l’année dernière. N’eut été la Covid-19, nous serions déjà en Ligue 2. Nous payons tout ce que nous avons fait, ces dernières années. Je pense que cela va nous permettre de mieux rebondir ». Et la dernière défaite avant le vert et rouge, les précipite un peu plus vers le purgatoire, accentuant plus l’état « végétatif » de ce club au passé glorieux.
Manuel Zako