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Interview / Hadi Khanafer, milieu de l’ES Bafing : « Les gens nous sous-estiment à cause de notre couleur de peau, mais… »

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Il cumule à lui tout seul, trois nationalités : ivoirienne, brésilienne et libanaise. Mais avec sa couleur de peau, sa présence dans le championnat de Ligue 1 est si singulière. Hadi Khanafer s’est ouvert à L’Avenir dans cet entretien. 

 

Dans quelles conditions vous décidez de signer à l’ES Bafing ?

Jade, mon frère jumeau était au sein du club l’an dernier. À chaque rencontre, il ne cessait de me vanter les qualités du groupe, la bonne ambiance qui y régnait et surtout, la politique qui est mise en place par les dirigeants pour le développement des joueurs et du club. Vous savez, lorsque vous êtes footballeur, ce sont des choses dont vous rêvez. Et à force de m’en parler, j’ai voulu faire moi-même l’expérience. Voilà en somme ce qui m’a conduit à l’ES Bafing.

 

Comment se fait la séparation avec ton ancien club ?

J’étais avec le FC San Pedro mais, je n’étais pas joueur de l’équipe. Les dirigeants m’ont donné la chance de pouvoir m’entraîner avec l’équipe et rien d’autre. Le président m’avait demandé de rester, de m’entraîner dans l’optique que je signe un contrat en bonne et due forme, l’année qui allait suivre. Mais, pour être franc, mon frère m’a convaincu. J’ai donc décidé de quitter le club pour l’ES Bafing.

 

À votre arrivée, qu’est-ce qui vous séduit au sein du club ?

Il me l’avait déjà dit, mais lorsque je suis arrivé, j’ai découvert une véritable cohésion au sein du groupe. Nous formons une famille. Ça m’avait déjà motivé, mais ça me donne encore plus de raison de rester ici.

 

Avec votre couleur de peau, les regards sont généralement différents. Des Noirs dans les championnats européens, c’est devenu banal, mais des Blancs dans les championnats d’Afrique subsaharienne, ce n’est pas courant. Comment vivez-vous cette réalité ?  

Oui, on peut dire que c’est un peu particulier, mais nous le prenons assez positivement. En nous voyant, les gens ont tendance à nous sous-estimer. Mais nous restons très lucides. Je pense que c’est un atout qui peut nous permettre d’être davantage plus visibles et de mieux nous vendre. Avec Ali Kathoun, nous sommes les seuls Blancs du club, mais aussi du championnat de Ligue 1. Des Blancs dans un championnat de Noir, nous le prenons plutôt très bien même.

 

Est-ce du fait d’être brésilien, on attend plus de vous ?

Non, je suis un joueur au même titre que les autres. Je dois faire progresser mon équipe, c’est mon boulot.

 

Être l’un des deux seuls Blancs au milieu des Noirs, est-ce une motivation de plus pour faire plus que les autres ?

C’est une motivation de plus, bien sûr. Étant donné que nous ne pourrons pas passer inaperçu, nous avons le droit de bien faire et souvent un peu plus.

 

Quelle est l’ambiance dans le vestiaire ?

C’est une très bonne ambiance. Elle est très familiale. Nous nous regardons tous de la même façon, sans esprit de supériorité. Nous avons trouvé des anciens du club qui ont su faire. Notre intégration a été vraiment naturelle, à telle enseigne que dans la tête de tous, la couleur de peau n’existe presque plus. Nous sommes tous pareils.

 

L’ES Bafing réalise en ce moment, un parcours exceptionnel. Vous êtes parmi les leaders du championnat de Ligue 1. Comment analysez-vous ces performances ?

Nous avons un groupe qui travaille beaucoup sur le collectif. Nous avons certes, des individualités, mais le jeu collectif passe avant tout. Chacun fait des efforts, et pour lui-même et pour les autres. C’est la clé de nos performances, je pense.

 

Aujourd’hui, vous jouez les trouble-fêtes dans le trio de tête de Ligue 1, quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?

Personnellement, je prends plaisir à jouer les matches. Au Bafing, nous apprécions les choses, match après match. Nous nous donnons les moyens de gagner nos matches et en fin de saison, nous faisons les comptes.

 

Personnellement, quelles sont vos ambitions ?

C’est ma première saison en tant que professionnel, donc je veux prendre le temps de jouer et de me faire mes armes.

 

Est-ce qu’il y a de grands clubs qui vous suivent ?

Oui, bien sûr. J’ai déjà été contacté par des clubs européens, mais je veux me construire, je veux jouer et me forger. Nous voulons jouer le haut du tableau pour être africain l’année prochaine, je veux rester au Bafing pour vivre cette aventure. Nous avons du potentiel et nous nourrissons cette ambition africaine.

 

Quel est le regard de vos parents, de vos proches ?

Nous avons beaucoup de proches qui suivent le championnat de Ligue 1. Ils nous encouragent, ils nous envoient des messages et cela donne plus de motivation. Nous sommes ici, nous l’avons choisi, et il était important de montrer que tout est possible. Je demande à nos supporters de continuer de nous soutenir, car nous allons tout faire pour aller le plus loin possible.

 

Réalisée par Manuel Zako

 

 

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