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Enquête express/Palabres pour la gestion de la FIF, non-reprise des championnats…

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Quand les clubs et les footballeurs broient du noir

Annoncée au 2 octobre 2021, l’ouverture du championnat est désormais en pointillé. Les clubs et les athlètes tirent le diable par la queue en attendant une reprise qui tarde.    

 

Assainir le football ivoirien et sa politique de gestion ; remettre les choses aux normes, notamment le profil de carrière des athlètes…, tout cela demande du temps, mais n’est surtout pas sans conséquence. Annoncée au 2 octobre dernier par le Comité de normalisation, l’ouverture de la saison 2021-2022 est désormais en pointillé. Aucune visibilité à l’horizon. L’Assemblée générale du 18 septembre 2021, censée ouvrir les perspectives d’une reprise du championnat ivoirien qui respecte les standards de la CAF, n’a pu aller à son terme. Aujourd’hui, 4 mois après la fin de la saison 2020-2021 qui a vu le sacre de l’Asec Mimosas, les clubs ivoiriens naviguent à vue. Embarquant avec eux, dans cette aventure plus qu’ambigüe, les footballeurs. La plus part des clubs tirent le diable par la queue, quand les joueurs, eux, broient du noir. Déjà qu’ils n’avaient pas des situations financières des plus reluisantes, ces clubs et leurs athlètes se voient lourdement impactés par la crise qui secoue le football local. À diverses échelles, la non-reprise des championnats se fait ressentir. Les clubs les plus nantis, tout logiquement, sont moins éprouvés que les autres qui sont frappés de plein fouet. Selon nos informations, au niveau des clubs, il y a 2 tendances. Il y a ceux qui s’entraînent régulièrement et ne se sentent pas trop affectés par cette situation. Ce sont des clubs très structurés qui ont une bonne assise financière, l’Asec, le FC San Pedro, la SOA, le Racing Club d’Abidjan, en l’occurrence. Ceux-là, continuent dans le cours normal des choses, de s’occuper de leurs joueurs, sans trop de pression. Contrairement à ces derniers, il y a d’autres clubs qui ont décidé de tout stopper, en attendant d’avoir une meilleure visibilité sur la situation de reprise du championnat. Ce sont eux qui attendent que les élections à la FIF aient lieu, pour que le président élu mette en place, sa politique pour le football ivoirien. « Ceux qui continuent leur préparation sont ceux qui grognent le plus, parce qu’ils dépensent de l’argent en espérant que le championnat reprenne le plus tôt possible. Les autres clubs ont carrément tout arrêté, mais ceux-là s’exposent à des revers. Une bonne préparation donne forcément des résultats. On a vu l’exemple de l’AS Tanda, la saison dernière. N’ayant aucune visibilité sur le début de la saison, cette équipe n’a rien préparé. Lorsque la date de reprise a été donnée, l’équipe n’était pas prête et on a vu les conséquences dans leurs prestations », rappelle Nombré Boni Dimeco, consultant sportif et responsable de club.  Selon nos sources, outre l’Asec et le FC San Pedro, engagés en compétitions africaines, on compte environ une dizaine de clubs qui ont repris les entraînements, dont la SOA, le RCA, le Stella club d’Adjamé et Bafing.

 

 

Des moyens et des structurations différentes

Jean-Marie Bahi, SG de la SOA, peut se réjouir des capacités financières de son équipe à faire face à la crise. « Nous avons espoir que le championnat reprenne dans un délai très court. Cette situation impacte les clubs, certes, mais la SOA n’est pas très affectée. Il y a des clubs qui ont décidé de stopper leurs activités en espérant reprendre lorsque les dates d’ouverture du championnat seront connues. Ce n’est pas le cas pour la SOA. C’est ceux qui n’ont pas les moyens d’entretenir leurs joueurs qui prennent cette option-là. Pour un club professionnel qui a un contrat signé en bonne et due forme avec un joueur, même si le championnat n’est pas ouvert, il se doit de respecter les clauses du contrat. La SOA respecte les clauses de ses contrats. Nous continuons notre préparation, nos joueurs sont entretenus. Nous n’attendons plus que l’ouverture du championnat », appelle-t-il de tout son vœu.        

Parmi les clubs qui ploient sous le poids des difficultés et qui ont jugé vital de tirer le frein à main, on compte l’ASI d’Abengourou, Songon FC. Si les clubs en souffrent sévèrement, les joueurs sont les plus impactés, car laissés à leur propre sort. « Tant qu’il n’y a pas de championnat en bonne et due forme, la plupart des clubs, sous le poids des difficultés, auront du mal à payer les salaires. Ces joueurs ont des charges, ils ont des familles à gérer, des besoins auxquels il faut faire face. Sans revenus, c’est le diable qu’on tire par la queue », fait noter notre consultant. Face à la situation, des joueurs prennent leur destin en main. « Il y a des joueurs de la Ligue 1 et 2, au niveau de Cocody, qui se sont organisés pour maintenir leur forme. Ces derniers s’entraînent ensemble, étant donné que leurs clubs ont stoppé les activités.  Même si les clubs ont mis leurs activités en stand-by, pour un joueur, il est impératif de garder la forme. Dans le cas où une opportunité se présenterait, il faudrait être dans les dispositions physiques », soutien Nombré Boni Dimeco.

 

Les joueurs dans le dur

F.K. est sociétaire du Songon FC. Les problèmes du football ivoirien, il les vit au quotidien. « Déjà, il faut savoir qu’en Côte d’Ivoire, à part l’Asec et le FC San Pedro, aucun club ne paie ses joueurs en dehors du temps de championnat. Les clubs commencent à payer des salaires après le début du championnat. Donc, ce n’est pas une situation nouvelle pour les joueurs, en réalité. Nous vivons dans la galère depuis longtemps. Ce qui est peut-être nouveau, c’est le temps avant la reprise, cette saison », tient-il à souligner. Malgré la situation, dira-t-il, « il y a certains clubs qui font l’effort de reprendre la préparation. Mais, il y a d’autres qui ne veulent même pas faire d’effort. Ils ont complètement arrêté. Les joueurs sont livrés à eux-mêmes. Pas de soutien financier de la part des clubs, rien. Les joueurs se débrouillent comme on dit pour subvenir à leurs besoins. Ceux qui ont des charges familiales, des loyers à payer, c’est le dernier des soucis des dirigeants de clubs », crie-t-il son ras-le-bol.  Pour F.K., « ce sont les footballeurs locaux qui souffrent dans cette histoire. Pourtant, dans le contrat, le salaire du joueur est pris en compte tous les mois, jusqu’à ce que le contrat soit rompu ». Et d’ajouter que « dans la phase de préparation avant le championnat, les joueurs ne reçoivent rien, si ce n’est que le transport pour venir à l’entraînement chaque jour ». La crise du football ivoirien dure depuis plus de 2 ans.

 

La fuite des talents

L’une des conséquences directes, c’est la fuite des valeurs. À en croire nos sources, « aujourd’hui, il y a un flux massif de joueurs ivoiriens vers les pays de la sous-région, notamment au Burkina Faso et au Mali. Ceux qui ont déjà signé dans ces clubs sont nombreux, parce que la situation du championnat ivoirien reste confuse. Cette situation est donc très sévèrement ressentie au niveau des joueurs ». Selon notre consultant, le football ivoirien n’est pas au bout de ses peines, d’autant que « cette situation pourrait perdurer ». Si on se fie à nos informations, il y aurait encore de nombreuses incohérences dans les nouveaux statuts et règlements des clubs. Et « très bientôt, ces derniers seront informés et invités à revoir leurs textes. Nous sommes certainement partis pour une prolongation du mandat de la Normalisation », susurre une autre source. Ouattara Bakary, président du Club Omnisport de Korogho (COK), appelle à une reprise des activités dans les plus brefs délais. « Tenir le rythme des entraînements, sans savoir quand le championnat reprend, c’est vraiment difficile. J’ai néanmoins maintenu les enfants pour qu’ils continuent les entraînements, parce qu’on ne sait pas quand nous allons reprendre. On prie tous pour que le championnat reprenne très vite. Sinon, c’est vraiment difficile », reconnait-il. Et à lui de rassurer : « au COK, nous avons repris les entraînements, il y a environ 2 mois, grâce à notre vice-président chargé de la section football, Malick Toé. Nous arrivons tant bien que mal à maintenir le rythme. Nous étions à l’épreuve des recrutements pour renforcer l’effectif du club. Nous avons terminé cette semaine et nous allons maintenant engager la signature des contrats. Voici la situation au niveau des joueurs du COK ».

Manuel Zako

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