Société

Reportage/Fête de fin d’année : Dans la galère des couturiers

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À la veille de la fête de fin d’année et même pendant cette fête, les tailleurs font face à certaines difficultés liées notamment au délai de livraison des commandes, alors que certains clients, eux, parlent de la hausse des coûts de la couture.

 

Le couturier est l’un des travailleurs le plus stressé à l’approche des fêtes. Certaines peinent à honorer leurs engagements vis-à-vis d’une clientèle très exigeante. Comme les années précédentes, dans la plupart des ateliers de couture d’Abidjan et partout ailleurs en Côte d’Ivoire, ce sont les bruits des pédales des machines qui se font entendre. Aussi bien sollicités par les hommes que par les femmes, les services des couturiers sont requis à n’importe quelle période de l’année et à presque toutes les occasions. À Kossou dans la région des lacs, Kouassi N’goran Evelyne échange avec nous sur sa journée de travail. En activité depuis 2001, cette jeune dame âgée de 40 ans, a décidé de s’ouvrir à nous à condition que nous lui tenions compagnie toute la journée, c’est-à-dire être son « apprenti » ! Mon rôle sera d’enfiler les aiguilles, poser les boutons et parfois, passer un coup de fer à repasser sur les morceaux de tissu.

Il est 9h lorsque j’entame ma première journée de travail avec ma patronne Tantie N’goran. Dame Affoué, avec « une colère noire », refuse de ne rien entendre des justifications données par ma patronne pour le non-respect du délai de livraison des vêtements de ses enfants. « Tu donnes des rendez-vous que tu ne respectes jamais. Cela fait plusieurs fois que tu le fais et ça ne change pas ! J’ai besoin des habits de mes enfants aujourd’hui », fait-elle savoir en tirant une chaise pour s’asseoir avec tous les bruits que cela peut susciter. En bon manager, N’goran l’invite à se calmer et à être patiente, car la livraison sera faite ce jour. Très en colère mais confiante, la cliente s’en alla en lui donnant rendez-vous pour le soir. « Avant ça allait, on recevait très tôt des commandes et cela nous permettait de respecter les délais de livraison. Mais maintenant, c’est devenu un peu compliqué à cause de la COVID-19. Les gens attendent les derniers instants avant de venir déposer leurs pagnes pour la couture », me confie ma patronne du jour tout en révélant qu’on traite souvent à tort, les couturiers de « donneurs de faux rendez-vous », même si elle reconnaît que certains sont souvent responsables. Cependant, elle ne dédouane pas les clients qui sont parfois responsables des manquements. « Quand vous avez une manifestation pour laquelle vous faites un habit, et c’est à un jour ou deux jours de l’événement que vous faites votre commande, vous ne pouvez pas accuser le couturier de manquer un rendez-vous, même s’il accepte la commande. Il fait ce qu’il peut pour satisfaire sa clientèle », nous fait-elle savoir. « Cet état de fait nous conduit au stress permanent », poursuit-elle. Assaillis par les commandes à la veille des fêtes, les couturiers voient leurs activités s’intensifier. Mais derrière cette recherche de profit et de gain, se laisse découvrir un mal pernicieux : le stress ! « Les clients nous mettent beaucoup la pression. Ce qui fait qu’on ne rentre pas vite à la maison et on veille. On fait l’effort de finir toutes les tenues à temps (…) une chose est sûre, mes clients seront livrés à temps » nous rassure la couturière. Cette situation que vivent de nombreux couturiers n’est souvent pas partagée. C’est le cas de Carlos Tapé, rencontré à l’atelier « Tap création » de Daloa. Ce dernier ne semble pas préoccupé par le délai de livraison à moins de 24heures du 31 décembre 2021. « Pour les fêtes de fin d’année, je m’organise comme il faut. Parce que nous n’avons pas assez de travailleurs. Je prends ce que nous pouvons faire dans le temps. Nous n’acceptons pas de nouvelles tenues après le 1er décembre.  Il ne faut pas prendre les commandes alors que finalement, on ne pourra pas satisfaire nos clients », explique-t-il. Une chose est sûre, la fête sera belle avec ou sans nouvelle tenue. Les Ivoiriens, dans la grande majorité, veulent célébrer la Saint -Sylvestre avec beaucoup de ferveur, malgré cette épidémie de grippe qui fait rage.

 

Joël Dally

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