Malgré tout, les données enregistrées ces dernières années par le ministère de la Santé sont, pour le moins, assez encourageantes. 93% des hommes dont les cas ont été détectés assez tôt, ont recouvré la santé. Selon la directrice du Centre national d’oncologie médicale et de radiothérapie Alassane Ouattara (CNRAO), « chez les personnes ayant eu un diagnostic précoce grâce au dépistage, 93 sur 100 sont en vie, après 5 ans, se rapprochant des chiffres de la communauté scientifique internationale ». Professeure Judith Didi-Kouko Coulibaly a communiqué récemment sur ces informations dans le cadre de la campagne de lutte contre le cancer de la prostate. À l’en croire, « après 5 ans de fonctionnement, les données scientifiques montrent, au 31 décembre 2023, que sur 100 personnes atteintes de cancer de la prostate et traitées au CNRAO, 72 sont en vie après 5 ans, tous stades confondus, contrairement à 55 selon les données nationales de la période 2005-2015 ».
Et de signifier que la proportion de patients atteints de cancer de la prostate suivis au CNRAO survivant en 5 ans, s’est accrue. Le dépistage précoce, au vu de ces chiffres encourageant, s’avère être la panacée pour ce tueur silencieux, véritable problème de santé publique. En effet, selon les données de Globocan 2022, c'est le cancer le plus fréquent dans le pays, représentant 18,9 % de l'ensemble des cancers et le premier cancer chez les hommes avec une proportion de 41,3 %. Il est également la première cause de décès par cancer en Côte d'Ivoire, avec un taux de mortalité de 36,7 %. Pour cette campagne de sensibilisation contre le cancer chez l’homme, ouverte fin novembre et qui court jusqu’à ce mois de décembre, l’accent est mis particulièrement sur le cancer de la prostate. Si en Côte d’Ivoire, les données vont dans le sens de l’amélioration, cela est dû à la mise en œuvre d’une politique sanitaire qui montre son efficacité. Pour le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, Pierre Dimba, ces résultats en sont la preuve. Un investissement de l’État qui a permis au CNRAO de disposer de la technologie de radiothérapie dénommée VMAT dans le service public, une technologie de référence dans le monde pour le traitement efficace des cancers de la prostate.
Dépisté tôt, le cancer de la prostate se guérit !
« À travers l’acquisition de cette technologie dans le secteur public, l’État de Côte d’Ivoire réaffirme son engagement à faire de notre pays, un pays où le cancer de la prostate ne sera plus un drame », a soutenu Pierre Dimba, qui reste persuadé que le défi pour la lutte contre le cancer demeure le dépistage précoce. « Plus vite on détecte un cancer de la prostate, plus grandes sont les chances de guérison lorsque l’on est correctement traité », a indiqué le ministre de la Santé. Indiquant que le gouvernement va poursuivre ses efforts d’accessibilité financière aux soins. « Plusieurs donateurs ont déjà répondu présent en faisant des dons au CNRAO pour soutenir les personnes les plus démunies », a indiqué le ministre en charge de la Santé. Le cancer de la prostate, faut-il le rappeler, est la présence de cellules cancéreuses qui se multiplient de façon incontrôlée dans la prostate. Selon le stade d’évolution, ces cellules peuvent rester dans la prostate ou envahir les ganglions avoisinants, voire d’autres organes.
Cependant, il n'est potentiellement mortel que pour une minorité des hommes. Outre la possibilité de traitements efficaces, souvent, cette maladie progresse très lentement, mettant une dizaine d'années avant d'entraîner des conséquences gênantes ou dangereuses. Par ailleurs, le dépistage repose sur deux examens médicaux principaux : le toucher rectal et la prise de sang pour mesurer le taux de PSA (antigène, substance reconnue par l'organisme comme étrangère et provoquant une réaction immunitaire avec fabrication d'anticorps contre elle). Le taux d'incidence standardisé sur la population mondiale est de 75.3 pour 100 000, mais le taux de mortalité n'est que de 15.9 pour 100 000. Avec environ 10 000 décès chaque année, soit 10 % de l'ensemble des décès par cancer, il ne se situe qu'au 3e rang des causes de décès par cancer chez l'homme, après le cancer du poumon et le cancer colorectal. Chaque année, plus de 71 000 hommes sont touchés par le cancer de la prostate. Le concept de sensibilisation vise à exhorter les hommes à se faire dépister du cancer de la prostate et à l'importance d'un dépistage précoce. Plus le cancer de la prostate est détecté tôt, mieux il est traité. Un dépistage individuel est recommandé dès l’âge de 55 ans et jusqu’à 75 ans. Lancée comme une blague en 2004 en Australie, la campagne de prévention ‘’novembre bleu’’ rencontre un succès grandissant dans le monde entier.
Manuel Zako