Les résultats du BEPC sont connus avec une hausse de 8%. Cette hausse n’est-elle pas la conséquence des états généraux de l’éducation ?
On ne peut pas attribuer ces résultats aux états généraux, parce que dans son ensemble, les états généraux n’ont pas encore été déployés. C’est plutôt la question des coefficients des disciplines qui a été revue lors des états généraux ; mais ces mesures étaient déjà prises avant le lancement des états généraux. Cela dit, il faut reconnaître que ces deux dernières années, on connaît une croissance au niveau des résultats. Je pense que c’est une très bonne chose. On doit continuer dans ce sens.
Toutefois, pour maintenir la cadence, il faut que l’État se penche véritablement sur la condition sociale des enseignants.
Il faut que leurs conditions de travail et de vie soient considérablement améliorées.
Si cela est fait, il est certain qu’on fera le double des résultats obtenus ces dernières années.
Comment ?
Déjà, nous travaillons dans des conditions difficiles et malgré cela, nous avons de tels résultats. Figurez-vous que nos conditions s’améliorent, avec des effectifs moins pléthoriques par exemple dans les salles de classe, nous ferons des exploits. Il faut féliciter les enseignants qui fournissent beaucoup d’efforts, malgré nos revendications qui sont sans réponse. Nous souhaitons que les revendications sectorielles qui ont démarré et qui tirent à leur fin, aboutissent à des conclusions très heureuses. Il faut mettre l’enseignant au centre du système éducatif
Ces résultats ne traduisent-ils pas le relèvement du niveau scolaire qui a été longtemps décrié ?
Bien sûr que oui, étant entendu que scientifiquement, les taux des résultats augmentent d’année en année. Mais, on ne peut pas conclure que le niveau est bon.
Certes, le niveau s’améliore, nous sommes sur le chemin et cela est à saluer.
Mais cela dit, je reviens pour dire qu’il faut mettre l’enseignant au centre du système éducatif, je vous assure qu’on aura une éducation de qualité.
Parlant du relèvement du niveau scolaire, la Côte d’Ivoire a été lauréate du concours international de dictée. C’est aussi une preuve ?
C’est une goutte d’eau dans la mer. On pourrait avoir beaucoup d’élèves de ce type. Si les conditions sont meilleures, on aura beaucoup d’Ivoiriens champions au plan international, et cela, dans toutes les disciplines. Ces pépites, il y en a beaucoup en Côte d’Ivoire. Le hic, c’est que parfois, certains évoluent ou fréquentent des établissements où l’environnement laisse à désirer avec des pratiques très mauvaises. Conséquence, bien qu’étant sur la pente, ces élèves finissent par plonger, du fait du mauvais environnement scolaire. C’est pour cela que nous disons qu’il y a beaucoup encore à faire.
Les taux de réussite des examens à grand tirage sont constamment en hausse ces dernières années, avec les cas de fraude en forte baisse, du fait du renforcement du dispositif de lutte contre la tricherie. Ne pensez-vous pas que cela tend davantage à crédibiliser les diplômes, autrefois remis en cause ?
Effectivement. Prenons le cas cette année. Nous n’avons pas encore été saisis par nos représentants dans les centres d’examen, pour des cas de fraude. Cela veut dire, dans un premier temps, que nos collègues commencent à comprendre qu’il n’est pas nécessaire de se faire complice des actes de tricherie.
En clair, il y a de l’amélioration en matière de lutte contre la tricherie pour les collègues enseignants.
En second lieu, il y a aussi une prise de conscience au niveau des élèves, même si certains usent de toutes les stratégies pour contourner le dispositif de lutte contre la tricherie. Mais cela marche difficilement avec un système comme la vidéo surveillance.
La vidéo surveillance est donc un système à encourager ?
Le problème, c’est que les choses se font toujours dans la précipitation. Ce qui est important, il faut qu’elle soit pérenne, en commençant par la sensibilisation. Après la sensibilisation, il faut passer à la phase répressive. La vidéosurveillance ne va pas résoudre définitivement l’équation de la tricherie. La question qui se pose, c’est de savoir si la vidéo surveillance va fonctionner chaque année pendant les examens à grand tirage ? Est-ce que l’entretien va suivre pour leur maintien en bon état ? C’est cela le plus important. Sinon, c’est un système à encourager, mais il faut le pérenniser.
Réalisée par Ernest Famin