Aujourd’hui, on rencontre des tradi-praticiens partout avec des produits qui peuvent occasionner à long termes, d’autres maladies plus graves. Quelles sont les garanties que vous donnez à vos clients par rapport à la qualité de de vos produits ?
Je suis la première consommatrice et utilisatrice des produits que je recommande à mes clients. Il n’y a pas meilleure garantie que cela. En plus, les produits sont uniquement à base de plantes naturelles. Aujourd’hui, tout le monde utilise les feuilles de ‘‘Djéka’’ pour divers traitements, sans qu’on ne parle de risque. C’est parce que le ‘‘Djéka’’ est purement naturel. C’est la même chose pour mes produits.
Quelles catégories de personnes vous sollicitent pour aller les purger ?
Généralement, ce sont les hommes, surtout ceux qui éprouvent des difficultés à se purger. Sinon, si quelqu’un sait se purger, je n’intervins pas. Dans les cas où je dois intervenir pour faire une purge, le client prend d’abord un rendez-vous et je me déplace avec mon matériel. Je reçois aussi sur rendez-vous.
Qu’en est-il des femmes ?
Dans mon activité, c’est rare que les femmes me sollicitent pour aller les purger. Je ne connais pas les raisons profondes, mais je me dis que les femmes savent plus se purger que les hommes.
Purger quelqu’un, c’est entrer dans son intimité et vous vous déplacez aux domiciles des gens. De nos jours, il y a beaucoup de pervers dans la ville. N’avez-vous pas peur quand quelqu’un vous demande de venir le purger chez lui à domicile ?
Dans mon activité, il y a des attitudes que j’adopte. Je ne me déplace jamais seule. Je me fais toujours accompagner. Effectivement, comme vous le dites, purger quelqu’un, c’est entrer dans son intimité. Mais si la personne qui sollicite le traitement n’y vois aucun inconvénient, je ne me dérange pas pour le purger. Je fais mon travail, il me paie ce qu’il a à me payer et je rentre chez moi.
Décrivez-nous le processus d’une purge. Quand vous arrivez chez un client, vous commencez par quoi et vous terminez par quoi ?
Le processus est assez simple. Le client commence d’abord par dire de quoi il souffre et quel type de traitement il souhaite. Après cela, je détermine le nombre de séances de purge que nécessite son état. Puis, le client prend rendez-vous tout en prenant le soin de nous donner sa situation géographique. Avant que je n’arrive, je lui demande de chauffer de l’eau, parce que le produit qu’on doit purger doit être tiède. Une fois sur place, je lui demande s’il a un purgeoir. S’il n’en a pas, il en achète avec nous, parce que je vends aussi des purgeoirs. Une fois la préparation terminée, je porte des gants, je mets un cache-nez et je fais la purge. Après la purge, le client attend au moins 4 à 5 minutes avant d’aller faire ses besoins. Pendant ce temps, si tout est OK, moi je rentre chez moi.
Quelles sont les catégories socio-professionnelles qui vous sollicitent le plus dans votre activité ?
Il faut dire que généralement, je ne demande pas la fonction ou la catégorie socio-professionnelle des personnes qui me sollicitent. J’interviens chez tout le monde. Je sais par exemple qu’il y a des chauffeurs, des cadres, etc.
Avez-vous déjà vécu des accidents de travail comme une tentative de viol ?
Dieu merci, je n’ai jamais été l’objet de tentative de viol. Par contre, quelqu’un a une fois fait des déjections sur moi et c’était vraiment dégueulasse ! C’était un client qui m’avait sollicitée à Cocody Angré, vers le nouveau CHU. Quand j’ai fini de faire la purge, il a tout éclaboussé sur moi et je n’en revenais pas…
Quand quelqu’un fait des selles sur vous, cela pourrait être considéré comme une abomination ou une pratique rituelle ?
Dans le cas précis du client d’Angré, il faut dire que ce n’était pas de selles en tant que telles. C’est essentiellement le produit qu’il a rejeté sur moi. Après coup, je me suis rendu compte que le client prenait la chose pour de l’amusement ou une plaisanterie. Je ne peux pas considérer cet incident comme une malédiction parce que c’est dans le cadre de mes activités. Si tel était le cas, on allait aussi dire que les gynécologues étaient maudits, parce que eux aussi, travaillent dans l’intimité des femmes et ils voient beaucoup de choses. Pour éviter les plaisanteries et ce type de situations inconfortables, j’ai décidé par exemple de ne plus faire la purge à Yopougon.
Pourquoi avoir décidé de ne plus purger les gens de Yopougon ?
Il y a des gens très respectables à Yopougon, mais c’est par rapport aux expériences vécues que j’ai pris cette décision. Quand des gens prennent rendez-vous et que j’arrive avec mon matériel de travail, ils prennent ça pour de l’amusement. Cela est arrivé à plus de cinq reprises où je me déplace inutilement. Pour couper court, j’ai décidé de ne plus partir à Yopougon pour purger les gens. Ceux qui sont intéressés peuvent commander le produit et faire le traitement eux-mêmes. Mais moi, je n’irai plus à Yopougon pour des séances de purge. Les gens de là-bas plaisantent avec l’activité, mais moi, c’est mon travail.
Comment jugez-vous l’efficacité de vos prestations et quels retours avez-vous de vos clients ?
J’ai des retours positifs dans la plupart des cas. En termes de chiffre, je peux dire que 80% de nos clients sont satisfaits du traitement et de nos produits. Les 20% restants sur lesquels l’on peut avoir des réserves, sont des clients qui n’obtiennent pas satisfaction parce que, quand ils commencent le traitement, ils ne terminent pas par manque de temps. Très souvent, moi aussi, je suis débordée et nos calendriers n’arrivent pas à coïncider pour le nombre de séances de purge requis pour avoir le résultat escompté. Dans la plupart de cas, nos clients sont très satisfaits et ils nous recommandent même leurs amis ou collègues.
« Je ne suis pas une géreuse de bizzi, arrêtez de faire des propositions indécentes ! »
Est-ce que l’activité que vous exercez vous permet de gagner votre vie ?
Grâce à Dieu oui. L’activité que j’exerce me permet de gagner ma vie. Je voudrais à travers votre canal, dire merci à Radio Nostalgie, parce qu’après mon passage là-bas, je suis beaucoup sollicitée aujourd’hui.
Vous êtes une belle jeune dame et votre instrument de travail, c’est le purgeoir. Quel est le regard de vos parents et amis sur vous ?
(Rires) Mes parents savent que j’exerce cette activité et ils n’y trouvent aucun inconvénient. Idem pour mes amis. Si c’était une activité répréhensible, je pense qu’il y a longtemps qu’on m’aurait interpellée.
Est-ce que vous recevez des propositions indécentes dans l’exercice de votre activité ?
Oui !!! Je reçois énormément de messages pas du tout catholiques et très souvent, ce sont des propositions indécentes. Tous les jours, j’en reçois. Comme on parle de purge à domicile, certains pensent que nous ‘‘gérons des bizzi’’ (NDLR : Prostitution en ligne). Quand je reçois un tel message, sans aucune forme de procès, je bloque l’auteur et puis je passe à autre chose.
Ce que vous faites, c’est juste pour un temps ou bien vous nourrissez le rêve de faire prospérer ce projet ?
Je compte faire prospérer ce projet à travers un cabinet. Je vous ai dit aussi que j’ai un BTS en Assistanat de direction et je continue de prendre des cours en anglais. Je pourrais aussi travailler en entreprise si l’occasion se présente. Toutefois, je compte le faire prospérer cette activité, même si je travaille demain dans une entreprise.
Quelle est votre plus grande satisfaction depuis que vous avez commencé à purger les gens ?
C’était à mes débuts. J’étais allée chez un client avec ma sœur et un cousin. Quand nous sommes arrivés, le monsieur nous a bien reçus, il nous a même acheté une pizza et après le travail, nous sommes rentrés. Les jours d’après, il m’a fait un dépôt consistant et m’a appelée pour m’encourager, parce qu’il sent qu’il y a du sérieux dans ce que je fais. Cela m’a beaucoup marquée.
Et votre plus mauvais souvenir…
Comme vous pouvez le deviner, c’est le fameux client d’Angré CHU qui a rejeté le produit sur moi après sa purge. Jusqu’aujourd’hui, la scène continue de me faire rire.
Est-ce que vous avez un mot à dire à l’endroit des gens qui voient d’un mauvais œil ce que vous faites ?
Je voudrais demander à ces derniers d’arrêter de jeter le discrédit sur ce que je fais. Pour le moment, c’est mon gagne-pain. J’aimerais surtout interpeller ceux qui m’envoient des messages vulgaires et leur demander d’arrêter. Je suis une fille bien éduquée avec beaucoup d’honneur. Ce que je fais n’a rien à voir avec la prostitution.
Comment voyez-vous votre avenir dans cette activité de purge à domicile ?
Je mets tout entre les mains de Dieu.
Interview réalisée par Kra Bernard